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Voyage au cœur de l’avis consultatif de la Cour internationale de justice
m
6 novembre 2006 17:02
Un membre de la délégation
marocaine se souvient


Mohammed Maazouzi était membre de la délégation marocaine qui s’était rendue à la Haye pour suivre les
travaux de la cour internationale de justice à laquelle le Maroc avait demandé un avis consultatif. Rencontre avec un témoin de
l’histoire dont la vie s’est confondue avec l’affaire saharienne.


Dans son salon aux murs couleurs sépia, Mohammed Maazouzi feuillette l’album jauni d’une histoire vécue. En juin 1975, celui qui était gouverneur détaché auprès de Ahmed Osman, premier ministre de l’époque, faisait partie de la délégation marocaine s’étant rendue à la Haye pour suivre les débats de la Cour Internationale de Justice à laquelle le Maroc avait demandé un avis consultatif sur les liens historiques entre le Royaume et le Sahara. Aussi loin que remontent ses souvenirs, Mohamed Maazouzi était toujours au cœur de ce qu’il appelle joliment «les affaires sahariennes». «Avant la Marche Verte, il fallait préparer le dossier de la Haye. Nous avons travaillé près de 3 ans pour préparer un dossier conséquent pour le présenter devant la Cour internationale de justice. J’ai fait partie de tous les détails de la préparation de ce dossier. Le Maroc avait besoin d’avocats de portée internationale dont le professeur Vedel. On leur a confié tous les documents, 3 ans de recherches, pour qu’ils puissent préparer leurs plaidoiries», raconte celui qui était aussi membre de la commission nationale des frontières.
Le vieil homme –il dit volontiers son année de naissance, 1922- se remémore encore et encore le voyage à la Haye. Un long voyage qui a duré trois mois. La délégation marocaine, dont il faisait partie, logeait à l’Hôtel des Indes où le gouvernement marocain avait réquisitionné un étage. Une véritable expédition. «A la Haye, il y avait quatre délégations, algérienne, mauritanienne, espagnole et celle marocaine, chacune dans un hôtel différent. Nous sommes restés 3 mois à la Haye pour suivre les débats de la Cour qui était extraordinaire par son organisation. Les travaux démarraient à 9 heures précises et s’arrêtaient à midi exactement. Quand je dis exactement, c’est bien le mot, car il n’y avait pas une minute de plus». Entre deux séquences d’histoire et deux souvenirs, l’anecdote n’est jamais loin. Celui qui a commencé sa carrière en 1942 n’en est jamais avare, bien au contraire. «Un jour, l’un de nos avocats était parti dans une belle envolée, alors qu’on n’était pas loin de midi. J’ai craint le pire car il n’aurait jamais pu terminer sa phrase. Heureusement que le président a fait un indicible signe de la tête pour qu’il la finisse alors que les aiguilles de l’énorme horloge indiquaient midi précis!».
Tous les jours, les membres de la délégation marocaine étaient dans les murs de la Cour internationale de Justice, de 9 heures à midi, pour suivre les débats. «Vers 17 heures, nous revenions à la Cour pour récupérer les PV non officiels des débats. Les comptes-rendus officiels relatant 3 heures de débats étaient, eux, prêts 24 heures plus tard», précise un Mohamed Maazouzi toujours aussi admiratif devant une telle organisation.
Chacune des quatre délégations marocaine, algérienne, espagnole et mauritanienne demandait la parole pour plaider sa cause. Ce grand témoin s’empresse de relever au passage que la position algérienne n’a pas changé d’un iota. «L’Algérie n’avait de cesse d’affirmer qu’elle n’était pas partie prenante mais s’ingéniant à tirer les ficelles».
L’épisode de la Haye ne se résume pas à un seul avis consultatif qui reconnaît des liens juridiques et d’allégeance entre le Maroc et le Sahara. L’histoire laisse forcément ses empreintes. Et ce passionné de l’histoire du Sahara se fait fort justement d’apprendre aux néophytes que «les débats de toutes les délégations sont inscrits dans 5 volumes. Ils représentent toute l’histoire de la question saharienne, depuis les temps anciens». Témoin de l’histoire du Sahara, il garde intacts les souvenirs de préparation du dossier du Sahara. Nous qui avons vécu ce problème depuis le début de l’indépendance, en 1955. Au tracé de juin 1972, Mohammed Maazouzi a consacré un ouvrage pour en révéler les dessous.
«Avec le tracé de juin 1972, le Maroc a perdu ses territoires du Sud. Cela s’est fait du temps d’Oufkir, entre Skhirat et le Boeing, c'est-à-dire entre les tentatives des deux coups d’Etat. En juin 1972, Oufkir qui était déjà en contact avec les Algériens, a liquidé le tracé frontalier pour qu’il n’y ait plus d‘ennuis avec les voisins algériens si son sinistre projet avait réussi», explique-t-il.
A la veille de l’anniversaire de la Marche verte que le Maroc s’apprête à célébrer ce 6 novembre, le sentiment de celui qui était au cœur de l’affaire saharienne est plutôt mitigé. Avec le recul de l’histoire, et en filigrane cinquante années de vie dédiées au dossier, Mohammed Maazouzi ne cache pas sa crainte de l’inconnu. «Nous avions un dossier très solide. Mais que s’est-il donc passé? Les Etats nous appuyaient. Les puissances nous aidaient. Que s’est-il donc passé pour que nous en arrivions à douter de cette intégrité territoriale». Il laisse, confie-t-il dans un demi-sourire, le soin aux historiens d’apporter leurs réponses à ce questionnement. En attendant, le mot autonomie le fait frémir. «Je ne pense pas que le peuple marocain sache exactement le contenu de cette autonomie. A-t-on soumis aux Marocains l’énoncé de l’autonomie? Il faut en débattre, l’opinion publique doit être informée. C’est une affaire très importante, et pour nous les anciens c’est un peu l’inconnu». Fin de la séquence. L’homme ferme doucement l’album de souvenirs. Les images sépia ont envahi le salon de la même couleur. C’est un peu de sa vie que Mohammed Maazouzi vient de partager. Et sa vie s’est toujours confondue avec le Sahara…

Narjis Rerhaye
k
6 novembre 2006 17:30
Cet avis consultatif, favorable au Maroc, n'est plus mis en avant par la diplomatie marocaine.Et comme le dit si bien M. Maazouzi, que s'est-il passé pour qu'il y subsiste des doutes sur cette intégrité territoriale? La Marche Verte ne devait que confirmer cette situation.
Cela prouve encore que la légalité internationale ne suffit pas, il faut qu'elle soit accompagnée par un lobbying très poussé et une diplomatie très agressive. Ce deuxième aspect nous manquait à l'époque, le contexte était plutôt à la stabilisation politique du pays, alors que l'Algérie inscrite dans le monde communiste, au sortir de son indépendance avait soif de reconnaissance internationale et sa volonté était de se présenter comme la puissance régionale, donc d'affaiblir le Maroc. Je pense que c'est sous ce prisme qu'il faut voir la réalité géopolitique de la région, d'où la création artificielle de la RASD sous l'impulsion algérienne. Ce qu'elle n'a pas prévue c'est que le Maroc non seulement résiste sur le terrain mais finit par l'emporter militairement.
La démocratisation actuelle du Maroc permet d'inscrire le règlement de la crise en proposant une autonomie poussée de cette région. Cela se traduiera par une révision constitutionnelle.
Cette sortie de crise me paraît la plus réaliste et juste pour tous les protagonistes du conflits. Encore faut-il que l'Algérie comprenne que la guerre froide est finie est que l'hégémonisme régionale n'a plus de sens et qu'il faut plus s'inscrire dans la construction d'un bloc maghrébin.
Le règlement définitif ne pourra se faire qu'entre des négociations directes en Rabat et Alger.
M
7 novembre 2006 06:49
Citation
masque86 a écrit:
Un membre de la délégation
marocaine se souvient


Mohammed Maazouzi était membre de la délégation marocaine qui s’était rendue à la Haye pour suivre les
travaux de la cour internationale de justice à laquelle le Maroc avait demandé un avis consultatif. Rencontre avec un témoin de
l’histoire dont la vie s’est confondue avec l’affaire saharienne.


Dans son salon aux murs couleurs sépia, Mohammed Maazouzi feuillette l’album jauni d’une histoire vécue. En juin 1975, celui qui était gouverneur détaché auprès de Ahmed Osman, premier ministre de l’époque, faisait partie de la délégation marocaine s’étant rendue à la Haye pour suivre les débats de la Cour Internationale de Justice à laquelle le Maroc avait demandé un avis consultatif sur les liens historiques entre le Royaume et le Sahara. Aussi loin que remontent ses souvenirs, Mohamed Maazouzi était toujours au cœur de ce qu’il appelle joliment «les affaires sahariennes». «Avant la Marche Verte, il fallait préparer le dossier de la Haye. Nous avons travaillé près de 3 ans pour préparer un dossier conséquent pour le présenter devant la Cour internationale de justice. J’ai fait partie de tous les détails de la préparation de ce dossier. Le Maroc avait besoin d’avocats de portée internationale dont le professeur Vedel. On leur a confié tous les documents, 3 ans de recherches, pour qu’ils puissent préparer leurs plaidoiries», raconte celui qui était aussi membre de la commission nationale des frontières.
Le vieil homme –il dit volontiers son année de naissance, 1922- se remémore encore et encore le voyage à la Haye. Un long voyage qui a duré trois mois. La délégation marocaine, dont il faisait partie, logeait à l’Hôtel des Indes où le gouvernement marocain avait réquisitionné un étage. Une véritable expédition. «A la Haye, il y avait quatre délégations, algérienne, mauritanienne, espagnole et celle marocaine, chacune dans un hôtel différent. Nous sommes restés 3 mois à la Haye pour suivre les débats de la Cour qui était extraordinaire par son organisation. Les travaux démarraient à 9 heures précises et s’arrêtaient à midi exactement. Quand je dis exactement, c’est bien le mot, car il n’y avait pas une minute de plus». Entre deux séquences d’histoire et deux souvenirs, l’anecdote n’est jamais loin. Celui qui a commencé sa carrière en 1942 n’en est jamais avare, bien au contraire. «Un jour, l’un de nos avocats était parti dans une belle envolée, alors qu’on n’était pas loin de midi. J’ai craint le pire car il n’aurait jamais pu terminer sa phrase. Heureusement que le président a fait un indicible signe de la tête pour qu’il la finisse alors que les aiguilles de l’énorme horloge indiquaient midi précis!».
Tous les jours, les membres de la délégation marocaine étaient dans les murs de la Cour internationale de Justice, de 9 heures à midi, pour suivre les débats. «Vers 17 heures, nous revenions à la Cour pour récupérer les PV non officiels des débats. Les comptes-rendus officiels relatant 3 heures de débats étaient, eux, prêts 24 heures plus tard», précise un Mohamed Maazouzi toujours aussi admiratif devant une telle organisation.
Chacune des quatre délégations marocaine, algérienne, espagnole et mauritanienne demandait la parole pour plaider sa cause. Ce grand témoin s’empresse de relever au passage que la position algérienne n’a pas changé d’un iota. «L’Algérie n’avait de cesse d’affirmer qu’elle n’était pas partie prenante mais s’ingéniant à tirer les ficelles».
L’épisode de la Haye ne se résume pas à un seul avis consultatif qui reconnaît des liens juridiques et d’allégeance entre le Maroc et le Sahara. L’histoire laisse forcément ses empreintes. Et ce passionné de l’histoire du Sahara se fait fort justement d’apprendre aux néophytes que «les débats de toutes les délégations sont inscrits dans 5 volumes. Ils représentent toute l’histoire de la question saharienne, depuis les temps anciens». Témoin de l’histoire du Sahara, il garde intacts les souvenirs de préparation du dossier du Sahara. Nous qui avons vécu ce problème depuis le début de l’indépendance, en 1955. Au tracé de juin 1972, Mohammed Maazouzi a consacré un ouvrage pour en révéler les dessous.
«Avec le tracé de juin 1972, le Maroc a perdu ses territoires du Sud. Cela s’est fait du temps d’Oufkir, entre Skhirat et le Boeing, c'est-à-dire entre les tentatives des deux coups d’Etat. En juin 1972, Oufkir qui était déjà en contact avec les Algériens, a liquidé le tracé frontalier pour qu’il n’y ait plus d‘ennuis avec les voisins algériens si son sinistre projet avait réussi», explique-t-il.
A la veille de l’anniversaire de la Marche verte que le Maroc s’apprête à célébrer ce 6 novembre, le sentiment de celui qui était au cœur de l’affaire saharienne est plutôt mitigé. Avec le recul de l’histoire, et en filigrane cinquante années de vie dédiées au dossier, Mohammed Maazouzi ne cache pas sa crainte de l’inconnu. «Nous avions un dossier très solide. Mais que s’est-il donc passé? Les Etats nous appuyaient. Les puissances nous aidaient. Que s’est-il donc passé pour que nous en arrivions à douter de cette intégrité territoriale». Il laisse, confie-t-il dans un demi-sourire, le soin aux historiens d’apporter leurs réponses à ce questionnement. En attendant, le mot autonomie le fait frémir. «Je ne pense pas que le peuple marocain sache exactement le contenu de cette autonomie. A-t-on soumis aux Marocains l’énoncé de l’autonomie? Il faut en débattre, l’opinion publique doit être informée. C’est une affaire très importante, et pour nous les anciens c’est un peu l’inconnu». Fin de la séquence. L’homme ferme doucement l’album de souvenirs. Les images sépia ont envahi le salon de la même couleur. C’est un peu de sa vie que Mohammed Maazouzi vient de partager. Et sa vie s’est toujours confondue avec le Sahara…

Narjis Rerhaye


Belle histoire si seulement si la cour les a pris aux serieux, parceque finalement le probleme persiste, l'intifadha grandit et la verité est proche.

amicalement.
 
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