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Vols secrets : le Maghreb aussi
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27 avril 2006 02:14
Salam


Vols secrets : le Maghreb aussi
ETATS-UNIS - 23 avril 2006 - par FRANÇOIS SOUDAN

Un rapport d’Amnesty International dévoile les complicités actives (et passives) dont ont bénéficié les Américains pour transférer leurs prisonniers. Et les faire parler.

Fruit d’une longue traque, tant il a fallu multiplier les enquêtes, les sources et parfois les prises de vue clandestines, le dernier rapport d’Amnesty International sur les vols secrets de la CIA, rendu public le 5 avril, est curieusement passé inaperçu au Maghreb. Et pourtant… « Below the radar » dévoile en une cinquantaine de pages l’une des facettes les moins connues de cet archipel du non-droit qu’est la lutte américaine contre le terrorisme. De 2001 à 2006, près de mille six cents vols non officiels, opérés majoritairement par la CIA, mais aussi par les quatorze autres agences de la communauté américaine du renseignement (DIA, NSA, FBI, AIA, NFA, ONI, MCI, DHS, etc.), ont transporté - et transportent toujours - d’un point à l’autre de la planète, des centaines d’islamistes, supposés membres ou sympathisants d’al-Qaïda et de toute organisation réputée terroriste. Il n’est pas question dans ce rapport des charters militaires organisés par l’US Air Force entre 2002 et 2004 à partir de l’Afghanistan, du Pakistan et de l’Irak, à destination de la base-prison de Guantánamo, mais des vols clandestins mis en place pour transférer les suspects vers des centres de détention et d’interrogatoire non soumis aux lois américaines en la matière, des lieux où torture et disparitions sont à la fois courantes, affranchies de toute visibilité et le plus souvent impunies.
À bien décrypter les documents publiés par Amnesty, deux catégories de « pays-relais » peuvent être distinguées. Les soutiens actifs tout d’abord, où l’« ennemi combattant » de l’Amérique peut être transféré pour y être interrogé de façon musclée, voire y être incarcéré. Le Pakistan, la Jordanie et la plupart des Républiques russophones d’Asie centrale figurent dans ce premier groupe. Tout comme, en Afrique, trois pays : l’Égypte (une centaine de transférés, dont 30 % ont disparu depuis) ; Djibouti, où les Américains ont installé début 2002 une base et huit cents hommes entièrement voués à l’anti­terrorisme ; et, dans une moindre mesure, le Maroc. C’est dans ce dernier pays, à Casablanca, qu’a ainsi été arrêté puis interrogé pendant plus de deux semaines, conjointement par des policiers américains et marocains, en décembre 2001, le ressortissant allemand d’origine syrienne Mohamed Haydar Zammar, membre de la « cellule de Hambourg » d’al-Qaïda, avant d’être transféré à Damas - où l’on a depuis perdu sa trace.

À ces soutiens en quelque sorte affichés, si ce n’est revendiqués, s’ajoute, pour compléter ce que la CIA appelle son « network support », le soutien passif, un peu honteux, des pays qui autorisent les vols secrets à se poser sur leurs aéroports pour embarquer ou débarquer des suspects, le tout dans la plus grande discrétion. Les Américains utilisent pour cela les services de compagnies immatriculées aux États-Unis, dont certaines ont été créées par la CIA pour l’occasion, à l’instar de Premier Executive Transport. Cette seconde liste est beaucoup plus longue : la plupart des pays européens (y compris la France et la Suisse) y figurent. Mais aussi, en Afrique, la Gambie, le Maroc à nouveau et - a priori plus étonnant - la Libye et l’Algérie. Les enquêteurs d’Amnesty ont ainsi traqué à travers le monde les mouvements de quatre avions affrétés par la CIA (un Boeing 737 et trois Gulfstream), dont deux appartiennent à Premier Executive, entre 2002 et fin 2005. De ce relevé, il ressort que ces appareils se sont posés vingt-quatre fois au Maroc (Rabat et Marrakech), dix-neuf fois en Libye (Tripoli et Mitiga), quatre fois en Algérie (Alger), deux fois en Gambie (Banjul), deux fois à Djibouti, etc. Et encore, il ne s’agit là que de quatre avions sur la quarantaine utilisée par la CIA et ses agences sœurs pour ce genre de trafic. Difficile dans ces conditions, pour les « pays hôtes », de jouer l’innocence bafouée et les restrictions de la Convention de Chicago - qui, d’ailleurs, autorise n’importe quel État à inspecter tout aéronef qui se pose sur son territoire. Inquiétant aussi quand on sait que des dizaines de présumés terroristes ont été ainsi transférés par erreur, sur la base de fausses biographies, d’enquêtes bâclées, ou de simples homonymies…
i
27 avril 2006 15:27
lol
bienvenue dans le monde tel qu'il est !
 
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