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8 violeurs dans la ville
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21 novembre 2006 11:32
LE MONDE | 20.11.06 | 15h31 • Mis à jour le 20.11.06 | 18h04


La traque à l'état pur. Les nuits blanches, les angoisses du petit matin, les peurs irraisonnées, la haine, puis les moments d'espoir, le coeur qui s'emballe. Et la déception, souvent. Ils sont une dizaine de policiers, à Paris, à vivre ce maelström d'émotions. Quelques flics obsessionnels, maniaques, qui ne veulent pas donner leur nom, mais racontent leurs enquêtes. Lancés sur la piste de criminels au profil atypique, les pires qui soient : les 8 violeurs en série repérés par la police judiciaire à Paris et dans sa proche banlieue.



Huit hommes qui abusent de leurs victimes, avec un rituel souvent cauchemardesque. A chacun son style, sa spécificité, et son surnom : "le violeur à la carte bancaire", "le violeur casqué" ou le "violeur des hôpitaux", celui qui se fait passer pour un sexologue. Il y a aussi le violeur du 9e arrondissement, celui du Val-de-Marne, tel autre qui sévit uniquement dans une ville de l'Ouest parisien, un quatrième qui hante les parcs publics. Tous sont des criminels en série, multirécidivistes. "Dans la catégorie violeur, il y a l'opportuniste et le prédateur, le plus dur à attraper, assure un policier. Le viol classique, contre personne dénommée, on le résout en une semaine. Mais un violeur en série, il a un mode opératoire bien à lui, il faut d'abord rentrer dans sa tête..." Et compter sur la chance, couplée au flair de l'enquêteur. Une équation rare.

Témoin l'affaire du "violeur des beaux quartiers", épilogue d'une sacrée enquête. C'est la 1re division de police judiciaire (DPJ) de Paris qui a sorti l'affaire. La seule des trois DPJ de la capitale à être dotée d'un groupe d'enquêteurs spécialisés dans les viols. Trois femmes, et quelques hommes, des bureaux fonctionnels, posters de rugby au mur, vélo dans un recoin, dans un bâtiment sans âme du 17e arrondissement. "Au départ, en 1999, on avait un violeur en série qui tapait dans le 16e et dans les Hauts-de-Seine, raconte un enquêteur. On l'appelait "le violeur des beaux quartiers". Et puis, en 2003, on s'est rendu compte qu'il y avait un deuxième violeur, différent du premier. Celui des "beaux quartiers" faisait gaffe à l'ADN, il lavait sa victime, puis emportait les draps et son préservatif. L'autre était désorganisé et violent."

Les policiers finissent par arrêter le premier violeur "des beaux quartiers". Reste le second. Le plus imprévisible. Le plus cruel aussi. Il commet un ou deux viols par an, d'une perversion inouïe, depuis 1994. Et procède toujours de la même façon. Il s'introduit par la fenêtre, prétend "être poursuivi par des hommes". Petit, mat de peau, les dents abîmées. Il viole ses victimes, leur dérobe parfois leur carte bancaire, sort faire quelques courses, puis revient. Il leur fait boire de l'alcool. Raconte sa vie. Il apprécie "les femmes nues" de Rubens, adore Bizet, prétend lire Le Monde et Courrier international, assure avoir été adopté en Vendée et raconte avoir fait de la voile en Bretagne. Autant de fausses pistes qu'il laisse délibérément dans son sillage.

"On a tout fait, tout vérifié. L'école de voile des Glénans, le registre des adoptions plénières. On savait qu'il violait tôt le matin et rentrait le soir en métro. On a surveillé toutes les lignes, on a été dans tous les centres psychiatriques, on a scruté toutes les listes d'agresseurs sexuels dans le 14e et 15e arrondissement, puisque c'est dans ce secteur qu'il avait commencé à violer. On a même consulté la liste des abonnés au Monde. En pure perte. D'autant qu'on se heurte à plein d'obstacles, dans ce type d'enquêtes : à l'hôpital psychiatrique Sainte-Anne, ils n'ont jamais répondu à nos réquisitions. Pareil pour le fichier central des prisons, on n'y a pas accès. Alors il ne nous restait plus qu'à attendre la faute."

En juin et juillet 2006, l'homme sévit à nouveau dans la capitale. Sa dernière victime est une touriste américaine de 73 ans, avec laquelle il trouve le temps de parler des futures élections au Congrès. Il laisse une trace ADN derrière lui, comme quelques mois plus tôt. "Mais il faut quatre à cinq mois pour obtenir des labos un résultat ADN, le type a largement le temps de filer." La nationalité de la dernière victime déclenche l'intérêt des hautes sphères. Le groupe d'enquêteurs, qui travaillait jusqu'alors dans son coin, fait l'objet d'une intense pression.


"Sur ordre de la direction, on a dû faire des tas de trucs qui n'avaient aucun intérêt. On nous disait, "Vous allez être dessaisis au profit de la Crim". On a bossé dans l'urgence." Un psychiatre, le docteur Bernard Lachaux, est sollicité. "Un profil psychologique, ça rassure. Il nous a aidés, mais on s'est plantés. On croyait que le violeur avait un réel niveau intellectuel, une vraie éducation." Pas du tout.

Fin juillet 2006, le fichier national des empreintes génétiques apporte un cadeau inespéré. "Un matin, vers 10 h 30, un type me dit au téléphone "T'as un vieux dossier qui vient d'être identifié". En mars 2006, notre violeur avait été arrêté à Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine, alors qu'il était grimpé sur une voiture pour entrer dans un appartement par la fenêtre. Une trace ADN avait été prélevée. Elle correspondait à celles retrouvées dans nos viols." L'homme, depuis, avait été remis en liberté. Mais les policiers ont désormais son nom, Mohamed Rouichi, 47 ans. Et comprennent qu'ils ont fait fausse route. L'homme est en voie de clochardisation, n'a aucun vernis culturel. Il est beaucoup plus âgé que ce qu'avaient cru ses victimes.

"Mais c'est jouissif, ce moment, quand le Rubik's cube s'assemble." Grâce à son numéro de téléphone portable, relevé lors de sa garde à vue, la 1re DPJ finit par le localiser. Et l'arrêter, le 26 juillet, à la Gare de Lyon.

Après plusieurs années de traque, il se retrouve dans l'étroit bureau des policiers, et accusé d'au moins 16 viols, de 1994 à 2006. "C'était un aboutissement. Et c'était en même temps décevant. Un type insignifiant. Le violeur est rarement intéressant, il a honte de ce qu'il fait. D'ailleurs, celui-là n'arrivait pas en garde à vue à prononcer le mot viol. Il ne voulait même pas signer ses aveux." Des viols, la 1re DPJ en voit défiler tous les jours. Les policiers ont appris à se méfier de leurs sentiments. "Souvent, on se dit qu'on travaille pour les victimes. Mais en réalité, si on prend la douleur des victimes avec nous, on travaille moins bien. Les femmes violées ne nous disent pas tout. Il faut prendre ça pour un jeu cruel. D'autant que le criminel, nous, on l'humanise forcément."
i
21 novembre 2006 14:39
C
22 novembre 2006 01:40
allah ysterreye popping smiley
[center][b]S[/b]i [b]T[/b]u [b]C[/b]herches [b]1[/b] [b]P[/b]utin [b]D[/b]e [b]C[/b]outeau, [b]P[/b]rends [b]E[/b]n [b]1[/b] [b]D[/b]ans [b]M[/b]on [b]D[/b]os...[/center]
a
22 novembre 2006 23:56
Un vrai Polar !! J'en ai des frissons Oh
 
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