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La vérité et les diables muets
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1 mai 2011 15:47
" Taire la vérité c'est être un diable muet

Par Younes Fennich
Le 27.04.2011

Nous avons tous peur pour nos familles. Nous avons tous peur pour notre santé. Nous avons tous peur pour nos ressources financières. Nous avons tous peur des menaces tacites et expresses. Mais taire la vérité c'est être un diable muet. Or nous voulons tous que la révolution au Maroc soit véritablement l'exception du grand Moyen Orient, du grand Maghreb et tout le monde arabo-musulman. Et c'est dans cette perspective que nous oeuvrons encore parce que l'exception marocaine n'est pas encore concrétisée et n'est pas encore acquise.

Nous ne sommes pas encore immunisés contre la torture systématique parce que monsieur le ministre de la justice a confirmé hier soir sur la première chaîne nationale que la dernière grâce royale supprime la peine et non pas la condamnation. Mais il ne faut quand même pas en vouloir à cette grâce parce qu'elle a quand même libéré des innocents et nous attendons la suite. Il ne faut pas en vouloir à cette grâce limitée dans sa signification comme expliqué par monsieur le ministre de la justice parce que si elle était générale, c'est à dire si elle abrogeait la condamnation, cela ferait peur à tout un corps étatique, le corps sécuritaire nécessaire, peut être, pour réussir l'exception marocaine. Autrement dit, une grâce qui abrogerait les jugements serait une condamnation des services de sécurité.

Bien évidemment tout cela veut dire, selon le débat d'hier soir sur la première chaîne, que ceux qui ont été libérés pourraient parfaitement retourner en prison en cas de décisions dans ce sens dans des procès toujours ouverts. Et bien sûr tout cela accentue la Peur. Mais taire la vérité c'est être un diable muet.

Cependant, Le silence est parfois d'or. Était-ce vraiment nécessaire d'expliquer à monsieur quelconque qu'il ne faut pas se leurrer, qu'il ne faut pas croire que la dernière grâce royale s'inscrit contre la condamnation de la torture et l'injustice puisque cette grâce n'annule pas les jugements?Était-ce nécessaire pour monsieur le ministre de la justice de confirmer cela, d'une façon ou d'une autre, à ce moment précis ? Était-ce nécessaire d'attiser la crainte, la peur et la colère dans un débat télévisé à ce moment précis ? Ou fallait-il laisser un peu de temps aux tortionnaires pour réfléchir à tout cela et penser à quelque réconciliation à titre individuel et personnel ?

Nous avons compris des paroles de monsieur le ministre que la justice va bien en gros et il nous a même expliqué quelques procédures judiciaires selon la loi. De même qu'il a dit que la réforme de la justice a commencé depuis belle lurette avec les ministres qui l'ont précédé et qu'elle se poursuivra dans le futur dans la même logique tranquillement. Mais dans ce débat, nous avons assisté à des rires nerveux et des sourires nerveux que ce soit de la part des participants au débat ou de la part de l'assistance. Nerveux, oui, parce que lorsqu'on discute solennellement en tant que Marocains à propos de l'état de la justice marocaine dans une émission télévisée, en direct, on ne peut pas avoir envie de rire ou de sourire normalement c'est à dire tout naturellement.

Ce débat n'a rien apporté de neuf. En fait, il n'a fait qu'empirer les choses. Parce que le président de l'association des instances des avocats a été obligé de rétorquer que les détenus grâciés et ceux qui attendent encore la grâce avaient été condamnés dans une conjoncture politique et que par conséquent la dernière grâce royale est une grâce qui est intervenue dans un contexte politique seulement. Et aussi parce qu'il a été dit dans ce débat, en réaction aux explications « savantes » du côté étatique, que la grâce ne serait pas intervenue pour libérer des « 'criminels armés' » s'ils n'étaient pas totalement innocents.

Dans le même ordre d'idées, une question énorme a été posée dans ce débat à savoir si les « 'accusés principaux' » ont été libérés, que font encore leurs simples « 'complices' » en prison ? Sans parler du témoignage du président de l'association des instances des avocats en tant qu'ancien prisonnier politique ou d'opinion concernant les marchandages dans le cadre de la corruption, au sein même des prisons, au sujet des listes des prisonniers candidats à la grâce royale pendant des années anciennes certes, mais qui dit aujourd'hui que la justice n'a pas besoin d'être véritablement réformée ?

Jusqu'à ce jour, il n'existe aucune garantie pour nous prémunir contre la torture et les grandes injustices. Le texte de la nouvelle Constitution est attendu en juin. Deux autres mois encore à purger pour nous tous avant de nous sentir moralement libérés, avant de pouvoir juger si nous voulons que notre jugement soit juste. Nous devons donc patienter encore un peu. Mais entre temps, les gens ont besoin d'être rassurés par les décisions qui s'imposent dans tous les domaines. Ces décisions doivent être rapides et tranchantes. Et nous aurons presque réussi à concrétiser l'exception marocaine. Parce que tout le reste coulera de source.

Le cheikh Abdallah Nahari dit, selon Akhbar Alyaoum n°429 du mercredi 27.04.2011 en page 04, qu'un metteur en scène a déclaré que : « Nous ne pourrons réaliser la liberté que lorsque nous serons capables de rire de la religion » ! Et le cheikh Abdallah Nahari ajoute que ce metteur en scène « a été récompensé de sept milliards, quatre milliards pour son premier film, deux milliards pour son second film... » !

Qui pensera, en son âme et conscience , en apprenant cela, que le cheikh Abdallah Nahari a tort ? Et qui pensera, en son âme et conscience, en ces temps des grandes manifestations populaires, qu'Almassae a tort de rappeler, en page 24 de son numéro 1429 du mercredi 27.04.2011, un hadith avéré du plus noble des êtres le prophète Mohammed -que la prière et le salut de Dieu soient sur lui- qui parle de ce qui arrive à ceux qui ne punissent que le voleur pauvre et faible et qui ne punissent jamais le voleur riche et fort ?

Non, inutile de s'attarder sur les intentions des uns et des autres, sur leurs motivations à écrire sur les colonnes de leurs journaux ce qu'ils écrivent à un moment précis ou un autre. C'est inutile parce que la liberté d'expression est déjà un acquis irréverssible. Nous devons plutôt solutionner les problèmes. Nous devons agir au plus vite et glorifier le bien abstraction faite de ce que nous pensons des intentions et des motivations personnelles opportunistes ou pas de ceux qui appellent au bien à un moment ou un autre, parce que nous devons toujours supposer la bonne foi des gens, surtout en ces temps difficiles que nous vivons. Là sera notre secret si nous voulons réussir l'exception marocaine.

C'est là donc, peut être, une ultime intervention de ma part en tant que citoyen marocain sujet du roi selon la loi, avant la réussite de notre révolution pacifique que nous voulons exceptionnelle.

Dernier conte, peut être, avant la réussite de notre révolution pacifique que nous voulons exceptionnelle :
« Une femme mariée de vingt huit ans, s'inscrivant à l'extérieur de toutes les structures et les associations politiques ou autres, a fait un rêve banal mais qui lui a quand même donné le cafard. Interrogée par l'une de ses amies elle raconte en gros qu'elle a rêvé avoir perdu son soulier ou quelque chose dans ce genre. Et son amie de lui expliquer en toute liberté d'expression : Lorsqu'une femme fait ce rêve, cela veut dire que son mari va mourir »

Taire la vérité c'est être un diable muet. Et c'est l'heure de la prière."

D'après: [complotpacifiquecontrelesousdeveloppement.blogs.nouvelobs.com]
c
2 mai 2011 20:25
Je crois que taire la vérité c'est grave mais mentir c'est encore plus grave.
 
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