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Transmissible du porc à l'homme, l'hépatite E s'est établie en Europe
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4 septembre 2007 13:30
La fréquence de l'hépatite E, moins connue que les hépatites A, B ou C, serait sous-estimée en Europe, selon une étude néerlandaise rendue publique lundi 3 septembre. Les porcs pourraient constituer un réservoir d'un des rares virus dont on ait démontré qu'ils pouvaient se transmettre de l'animal à l'homme par voie alimentaire.

L'hépatite E est surtout dangereuse pour les femmes enceintes, chez qui elle peut prendre une forme fulminante dans plus de 60 % des cas après le premier trimestre de grossesse. Elle s'avère mortelle dans plus de 20 % des cas pour la femme et entraîne plus de 30 % d'avortements spontanés ou de décès néonataux, a rappelé le biologiste néerlandais Erwin Duizer (Institut national de la santé publique et de l'environnement) lors de la 161e réunion de la Society for General Microbiology, qui s'achèvera le 6 septembre à Edimbourg.

Cette affection aiguë du foie est transmissible lors d'un contact de matières fécales avec la bouche, par exemple lorsque des aliments souillés ont mal été rincés. Elle peut aussi être contractée par le biais d'eau contaminée, par défaut d'hygiène, par le sang.

Jusqu'ici, l'hépatite E sévissait à l'état endémique essentiellement en Asie, en Afrique et au Mexique. Mais, explique Erwin Duizer, "depuis 1997, de nouveaux types de virus de l'hépatite E (VHE) ont été observés dans des pays non touchés par l'endémie et chez des porcs. Des cas d'infections autochtones par le VHE ont été signalés aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Hongrie, en Italie, en France, en Allemagne, en Espagne. Aux Pays-Bas, il y a de 30 à 250 cas par an."

FORME AIGUË EN FRANCE

En Europe, le VHE signalé possède le génotype 3, aussi présent aux Etats-Unis, au Japon, en Argentine et en Nouvelle-Zélande, et associé à des cas sporadiques. L'Asie et l'Afrique sont concernées surtout par le génotype 1, responsable d'épidémies. Avec 13,7 %, la France est le pays où la proportion de VHE parmi les cas d'hépatite aiguë est la plus élevée d'Europe, où elle est en moyenne de 6 %.

L'hypothèse d'une transmission du porc à l'homme apparaît vraisemblable pour Erwin Duizer : les taux d'anticorps anti-VHE sont plus élevés chez les personnes en contact fréquent avec les porcs et, a contrario, des études menées à Bali ont montré une prévalence plus faible chez les musulmans. En Europe de l'Ouest et en Amérique, la carte des infections chez les porcs concorde avec celle des cas humains. L'examen du matériel génétique du VHE retrouvé dans l'espèce humaine et chez le porc montre une forte homologie.

Il n'y a pas encore de certitude sur la voie de passage du virus du porc à l'homme, mais la recherche de l'ARN viral sur des foies de porcs commercialisés en Europe a été positive. Le fait que de tels foies puissent transmettre l'infection à des porcs qui les consomment constitue un second argument en faveur de l'hypothèse d'une transmission alimentaire. En revanche, il n'y a pas de preuve à l'heure actuelle d'une transmission par la viande de porc.

L'étude d'Erwin Duizer établit donc quatre faits : des souches de VHE de génotype 3 sont présentes de manière endémique en Europe, la maladie y est sous-estimée, les porcs constituent un réservoir probable du virus, même si le mode de transmission exact est encore indéterminé.

Article LE MONDE paru dans l'édition du 04.09.07.
 
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