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Tourisme religieux Le retour des juifs au Maroc
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12 juin 2012 14:14
En dépit de la crise économique mondiale, les incidents diplomatiques, la menace terroriste et surtout le conflit arabo-israélien, l’attachement des juifs au Royaume se révèle édifiant. Le nombre croissant de touristes de confession juive en visite au pays chaque année le prouve. Gros plan sur une particularité touristique inédite, voire unique, et propre au Maroc.

A Marrakech, principale ville touristique du Maroc, environ 170 Marocains de confession juive y vivent dont 50 % ont plus de 70 ans. Si 10 % de cette population est démunie et sans ressource, elle est cependant entretenue par la communauté juive. 30 % d’entre eux vivent dans des conditions socio-économiques plutôt modestes. Et 60 % appartiennent à une catégorie socio-professionnelle ayant une bonne qualité de vie. Durant les années cinquante, ils étaient plus de 35 000, soit 30% de la population de la ville ocre. C’est dire que beaucoup de Marrakchis de confession juive ont quitté depuis bel et bien des années la ville pour diverses raisons. Seulement, il semble que Marrakech continue de les séduire. Ainsi, la cité ocre accueille annuellement plus de 30 000 touristes juifs de différentes nationalités qui viennent rechercher et revoir les anciens voisins, les amis d’enfance, avec qui ils partageaient des relations distinguées : ‘‘ Célébrer le Pessah ou la Hilloula est une occasion qui me permet, à moi et à ma famille ainsi qu’à tous les juifs marocains du monde entier, de retourner à Marrakech, ma terre natale et de renforcer nos liens avec le Maroc, notre cher pays”, nous dit Maurice Azeroual, un juif français originaire de Marrakech.

Toutefois, ce sont plus de 140 000 touristes juifs qui visitent annuellement le Royaume dont la majorité vient surtout d’Israël (à noter que ce sont plus de 900 000 Marocains de confession juive qui vivent en Israël), de la France, du Canada et des Etats-Unis d’Amérique. Sur ce registre bien précis, il est quand même important de noter que si les touristes juifs en provenance des pays européens ou de l’Amérique ne rencontrent pas de difficultés au niveau de l’entrée au Maroc, ceux en provenance d’Israël doivent, en revanche, obéir à des procédures spéciales au niveau des aéroports du Royaume. Un douanier à l’aéroport de Casablanca explique en optant pour l’anonymat que : ‘‘ D’abord, il est à rappeler qu’il n’existe pas une liaison aérienne directe entre le Maroc et Israël. Ensuite, un touriste israélien doit attendre des heures et des heures pour avoir le visa d’entrée au Maroc. Pour cette raison, on assiste depuis quelques années à un phénomène nouveau. Ces touristes viennent en groupes dans le cadre d’un voyage organisé et c’est le comité organisateur qui se charge des procédures administratives pour l’obtention du visa d’entrée au Maroc’’.

Si l’on revient aux touristes juifs originaires de chez nous, Jackie Kadoche, Président de la Communauté Juive à Marrakech, souligne que leur nombre est en hausse continue : ‘‘ Ni la crise économique, ni la guerre contre le terrorisme et non plus le contexte politique électrique actuel n’ont pu empêcher les juifs du monde entier de se rendre au Maroc pour visiter leurs familles et amis, les tombes de leurs saints et leurs riches patrimoines, exprimant ainsi leur attachement ferme à leur Mère-Patrie, à leurs origines et leurs racines’’. Et d’ajouter que les juifs marocains restent fiers de leur marocanité là où ils se trouvent.

A souligner que le développement du tourisme juif au Maroc a poussé bon nombre d’agences de voyages, de guides touristiques et autres métiers du tourisme, à se transformer en des spécialistes en la matière. Idem pour certains artisans à Marrakech qui se sont spécialisés dans la production de produits artisanaux destinés aux touristes juifs. Sur ces produits, l’hébreu ou encore l’étoile de David et autres particularités patrimoniales du judaïsme sont visibles avec, bien entendu, la touche artistique de l’artisan marocain. Le secteur de la restauration s’y implique aussi. En effet, beaucoup de restaurants partout au Maroc offrent de manière exclusive de la cuisine marocaine juive. La ville de Casablanca, à elle seule, comprend plus de 40 restaurants spécialisés dans la cuisine marocaine juive. Les traiteurs, eux aussi, sont de la partie. Ainsi, à Casablanca, deux grandes entreprises sont connues pour leur spécialité dans tout ce qui concerne l’organisation des fêtes et mariages des juifs.

Hassan Majdi, directeur général de la société « Traces Berbères Culture & Aventure », estime qu’en marge des politiques touristiques officielles, le tourisme juif au Maroc s’est développé dans l’ombre : «A l’exception de l’encadrement sécuritaire, il faut reconnaître que l’Etat ne déploie aucun effort pour restructurer et développer le tourisme juif au Maroc ». C’est, selon lui, le parent pauvre des politiques touristiques menées jusqu’à présent.

Hassan Majdi qui vient d’ailleurs de réussir son doctorat d’études anthropologiques à l’université de Montpellier en France sur les saints et les marabouts juifs au Maroc, estime que la nature de l’attachement spirituel et affectif des juifs envers le Royaume attise, selon lui, la jalousie d’Israël. L’origine de la présence des juifs au Maroc remonte à plus de 2 500 ans. ‘‘ Notre pays abrite 625 marabouts juifs dont 100 constituent des lieux de recueillement aussi bien pour les juifs que les musulmans…’’, précise-t-il. Et d’insister avec force qu’Israël se sent gêné par la particularité marocaine dans le sens ou le Royaume est considéré comme son principal concurrent en ce qui concerne le référentiel religieux, culturel, voire identitaire des juifs. D’après lui, le patrimoine culturel juif du Maroc est une particularité précieuse à conserver à tout prix. Un souhait que certainement beaucoup de Marocains partagent…

Hassan ZaatitA Marrakech, principale ville touristique du Maroc, environ 170 Marocains de confession juive y vivent dont 50 % ont plus de 70 ans. Si 10 % de cette population est démunie et sans ressource, elle est cependant entretenue par la communauté juive. 30 % d’entre eux vivent dans des conditions socio-économiques plutôt modestes. Et 60 % appartiennent à une catégorie socio-professionnelle ayant une bonne qualité de vie. Durant les années cinquante, ils étaient plus de 35 000, soit 30% de la population de la ville ocre. C’est dire que beaucoup de Marrakchis de confession juive ont quitté depuis bel et bien des années la ville pour diverses raisons. Seulement, il semble que Marrakech continue de les séduire. Ainsi, la cité ocre accueille annuellement plus de 30 000 touristes juifs de différentes nationalités qui viennent rechercher et revoir les anciens voisins, les amis d’enfance, avec qui ils partageaient des relations distinguées : ‘‘ Célébrer le Pessah ou la Hilloula est une occasion qui me permet, à moi et à ma famille ainsi qu’à tous les juifs marocains du monde entier, de retourner à Marrakech, ma terre natale et de renforcer nos liens avec le Maroc, notre cher pays”, nous dit Maurice Azeroual, un juif français originaire de Marrakech.

Toutefois, ce sont plus de 140 000 touristes juifs qui visitent annuellement le Royaume dont la majorité vient surtout d’Israël (à noter que ce sont plus de 900 000 Marocains de confession juive qui vivent en Israël), de la France, du Canada et des Etats-Unis d’Amérique. Sur ce registre bien précis, il est quand même important de noter que si les touristes juifs en provenance des pays européens ou de l’Amérique ne rencontrent pas de difficultés au niveau de l’entrée au Maroc, ceux en provenance d’Israël doivent, en revanche, obéir à des procédures spéciales au niveau des aéroports du Royaume. Un douanier à l’aéroport de Casablanca explique en optant pour l’anonymat que : ‘‘ D’abord, il est à rappeler qu’il n’existe pas une liaison aérienne directe entre le Maroc et Israël. Ensuite, un touriste israélien doit attendre des heures et des heures pour avoir le visa d’entrée au Maroc. Pour cette raison, on assiste depuis quelques années à un phénomène nouveau. Ces touristes viennent en groupes dans le cadre d’un voyage organisé et c’est le comité organisateur qui se charge des procédures administratives pour l’obtention du visa d’entrée au Maroc’’.

Si l’on revient aux touristes juifs originaires de chez nous, Jackie Kadoche, Président de la Communauté Juive à Marrakech, souligne que leur nombre est en hausse continue : ‘‘ Ni la crise économique, ni la guerre contre le terrorisme et non plus le contexte politique électrique actuel n’ont pu empêcher les juifs du monde entier de se rendre au Maroc pour visiter leurs familles et amis, les tombes de leurs saints et leurs riches patrimoines, exprimant ainsi leur attachement ferme à leur Mère-Patrie, à leurs origines et leurs racines’’. Et d’ajouter que les juifs marocains restent fiers de leur marocanité là où ils se trouvent.

A souligner que le développement du tourisme juif au Maroc a poussé bon nombre d’agences de voyages, de guides touristiques et autres métiers du tourisme, à se transformer en des spécialistes en la matière. Idem pour certains artisans à Marrakech qui se sont spécialisés dans la production de produits artisanaux destinés aux touristes juifs. Sur ces produits, l’hébreu ou encore l’étoile de David et autres particularités patrimoniales du judaïsme sont visibles avec, bien entendu, la touche artistique de l’artisan marocain. Le secteur de la restauration s’y implique aussi. En effet, beaucoup de restaurants partout au Maroc offrent de manière exclusive de la cuisine marocaine juive. La ville de Casablanca, à elle seule, comprend plus de 40 restaurants spécialisés dans la cuisine marocaine juive. Les traiteurs, eux aussi, sont de la partie. Ainsi, à Casablanca, deux grandes entreprises sont connues pour leur spécialité dans tout ce qui concerne l’organisation des fêtes et mariages des juifs.

Hassan Majdi, directeur général de la société « Traces Berbères Culture & Aventure », estime qu’en marge des politiques touristiques officielles, le tourisme juif au Maroc s’est développé dans l’ombre : «A l’exception de l’encadrement sécuritaire, il faut reconnaître que l’Etat ne déploie aucun effort pour restructurer et développer le tourisme juif au Maroc ». C’est, selon lui, le parent pauvre des politiques touristiques menées jusqu’à présent.

Hassan Majdi qui vient d’ailleurs de réussir son doctorat d’études anthropologiques à l’université de Montpellier en France sur les saints et les marabouts juifs au Maroc, estime que la nature de l’attachement spirituel et affectif des juifs envers le Royaume attise, selon lui, la jalousie d’Israël. L’origine de la présence des juifs au Maroc remonte à plus de 2 500 ans. ‘‘ Notre pays abrite 625 marabouts juifs dont 100 constituent des lieux de recueillement aussi bien pour les juifs que les musulmans…’’, précise-t-il. Et d’insister avec force qu’Israël se sent gêné par la particularité marocaine dans le sens ou le Royaume est considéré comme son principal concurrent en ce qui concerne le référentiel religieux, culturel, voire identitaire des juifs. D’après lui, le patrimoine culturel juif du Maroc est une particularité précieuse à conserver à tout prix. Un souhait que certainement beaucoup de Marocains partagent…

Hassan Zaatit

Un colloque en mars prochain à Marrakech sur le périple identitaire des juifs au Maroc

L’Association parisienne “Permanences du Judaïsme Marocain’’ organise son deuxième périple identitaire dans le sud marocain du 7 au 18 mars à Marrakech, ainsi que ses journées internationales du judaïsme marocain. Créée par Arrik Delouya, originaire de Marrakech, la vocation de cette association basée à Paris est de faire connaître l’immense richesse du judaïsme marocain en tant que patrimoine vivant, résistant et persistant. Il s’agit aussi de rendre accessible la lecture de thèses devenues ouvrages de références, en assurer la traduction en différentes langues, restaurer les sites qui ont marqués par l’histoire, organiser des symposiums, des conférences et séminaires de façon itinérante, rééditer tous les ouvrages de références épuisés et de lancer à travers le monde des spectacles dignes de cette culture et de cet héritage.

Le périple identitaire en détails…

Les participants à ce colloque auront l’occasion de se rendre au cimetière juif de Marrakech où repose le grand Rabbin Haïm Pinto. Ils traverseront le Mellah pour accéder au cimetière qui abrite les tombeaux de Rabbi Hanania Ha-Cohen, le Lion de Marrakech et Rabbi Pinhas Cohen. Moshé Ben Attar et Itzhak Delouya décédé en 1711 à l’intérieur de l’unique mausolée couleur ocre. Les plus vieilles tombes déchiffrées datent de 1775, soit une dizaine d’années après la création de la ville. Daniel Schroeter a dénombré dans ce vieux cimetière 2400 tombes, dont 632 portent une date : 31 sont antérieures à 1844 et 601 et les autres vont de 1844 à 1899. A deux pas du palais Bahia, le Mellah, créé un siècle après celui de Fès. En 1558, le Mellah de Marrakech a abrité, jusqu’au milieu du 20ème siècle, plus de 35 000 juifs, il ne reste plus de cette époque révolue qu’une petites communauté de 135 âmes et 5 synagogues dont 3 sont actives : Le Temple Beth El au Guéliz est fermé en semaine et ouvert uniquement le shabbat et les jours de fête, Slat Laazama au cœur du Mellah date de la fin du XVIème siècle. Elle fut construite par la famille Meït et Itzahk Delouya du Village de Loja en Andalousie. Cette synagogues est ouverte 7 J / 7. Et enfin, Slat Rabbi Pinhas Ha Cohen, ouverte deux fois par mois. Les 2 non actives sont : Slat El Fassiyinne et Slat Youssef Bittoune. Après Marrakech, une autre visite est prévue à Ourika ainsi qu’un arrêt à Aghbalou pour visiter l’ancien sanctuaire du saint berbère R’bi Shlomo Bel Henss. Aît Ourir est au programme également pour visiter le sanctuaire du saint Rabbi Habibi Mizrahi. Après 20 Km, ils traverseront Sidi Rahal où est enterré le saint Rabbi Jacob Nahmias ou Moul Elmay. A quelques kilomètres de là, une petite route les amènera au sanctuaire du saint Rabbi David Draa Halevy qui était Rabbin et cabaliste. Il fut enterré dans la région du Drâa et son tombeau est devenu un lieu de pèlerinage attirant Juifs et Musulmans. Départ après pour Skoura « où une visite du cimetière juif s’impose. C’est là où est enterré le saint vénéré Rabbi David Arama Zatsal », disent les organisateurs. En option, une excursion à Tillite, ancienne ville juive. C’est dans cette forteresse où a vécu la fameuse famille espagnole Pérez, de la fin du quinzième siècle jusqu’au règne de Moulay Ismaël en 1672…
 
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