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kamellia7 a écrit: ------------------------------------------------------- > merci quand meme davoir repondu , e le livre il > avait un titre particulier ? peut etr que c le > meme ,
il s'appelait seulement "la vie de rabia eladouia"
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aicha a écrit: ------------------------------------------------------- > joliedounia salam le titre du livre n'est pas > plutot ;L'histoire de Rabia al-Adawiyya > > Quand vous serez grands ne gardez de rancune > envers personne. N'oubliez jamais que tous hommes > sont frères et qu'il faut répondre aux offenses et > même au mal par le pardon et l'amour
non je viens de prendre le livre pour verifier et c'est bien "la vie de rabi'a al-Adawiyya",de jamal-Eddine benghal aux editions IQRA
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Merci joliedounia une amie m'en a parlé mais elle n'avait pas l'auteur Et encore moins l'éditeur Avec les renseignements que tu viens de me donner, je vais pouvoir enfin aller l'acheter merci encore ma grande
La vie est un CDD. lorsque tu seras DCD, l'au delà sera ton CDI ,améliores ton CV en attendant ton Entretien.Allah punit les injustes tot ou tard !
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Cette bienvenue à la cour de Dieu, elle qui brûlait intérieurement des feux de l'amour ;qui, s'étant donnée au Seigneur, s'était entièrement détachée des créatures, elle qui rivalisait avec les hommes d'élite, qui avait pénétré tous les mystères de la vérité ; elle dont les prières et les oeuvres de piété étaient cachées à tous les regards, cette Râbi'a 'Adawiya, que Dieu se complaise en elle !Si quelqu'un nous demande: « Pourquoi citez-vous Râbi'a dans les rangs des hommes d'élite ? » nous lui répondons qu'il y a un hadiths de l'Envoyé, sur lui soit le salut ! ainsi conçu : « Ne regardez pas l'extérieur d'une personne, mais tenez compte de ses bonnes actions et de sa bonne volonté », ce qui revient à dire : toute femme dont les exercices de piété et le culte sont agréés à la cour du Seigneur très haut comme ceux des hommes d'élite, on ne doit pas dire que c'est une femme. 'Abbaça Touci, que la miséricorde de Dieu soit' sur lui ! dit: « Au jour de la résurrection les anges, par l'ordre du Très-Haut, crieront : 0 hommes d'élite ! tenez-vous tous sur un rang. Or la première personne qui viendra se placer au rang des hommes d'élite, ce sera Maryam (as). » .Remarquons de plus que Haçan Basri n'avait, pas prononcé d'homélie avant la naissance de Râbia.
On rapporte que, dans la nuit où elle fut mise au monde par sa mère, il n'y avait pas chez eux un vêtement pour l'envelopper ni assez d'huile pour allumer la lampe. Son père, qui avait déjà trois filles, en eut quatre en la comptant. Pour en revenir à la mère de Râbi'a, elle dit à son mari: « Va chez un tel de nos voisins, demande-lui de l'huile de l'une de ses lampes et reviens. » Or le père de Râbi'a s'était promis que jamais il ne demanderait rien à une créature.
Il se leva donc. alla jusqu'à la porte du voisin et revint sur ses pas en disant que tout le monde dormait ; et lui-même se coucha, bien chagrin de n'avoir que des filles, et s'endormit. Dans son sommeil il vit l'Envoyé, sur lui soit le salut ! qui lui dit : « Ne te chagrine pas, car, au jour de la résurrection, ta nouvelle fille intercédera pour soixante-dix mille de mes fidèles. Demain, à l'aurore, rends-toi chez le beg de Basra, 'Iça Razân, et dis-lui de ma part en signe de ta mission : Tu m'adresses chaque nuit cent bénédictions et quatre cents dans la nuit du vendredi. Cependant, dans la nuit de vendredi dernier, tu ne m'as rien adressé par oubli ; eh bien, en expiation de ces quatre cents bénédictions que tu as oubliées, donne-moi sur ce qui t'appartient légitimement quatre cents pièces d'or. » A son réveil le père de Râbi'a pleura beaucoup. Lorsque le jour parut, il écrivit sur un morceau de papier les paroles qu'il avait entendues en songe, se rendit à la porte d'Iça Razân et le lui fit remettre dans ses appartements intérieurs. 'Iça Razân n'eut pas plus tôt lu cet écrit qu'il donna en aumônes dix mille pièces d'or et en envoya quatre cents au père de Râbi'a, en lui présentant ses excuses : « Je veux aller te rendre visite, car je ne suis pas assez grand seigneur pour te demander de venir en personne, c'est moi-même qui irai et qui me présenterai humblement devant vous, en balayant de ma barbe le seuil de votre porte. De plus, chaque fois que vous aurez besoin de quelque chose, je vous en conjure au nom de Dieu, envoyez nous le demander et nous vous le ferons parvenir. » Pour le moment, le père de Râbi'a emporta cet or et le consacra aux dépenses de sa maison.
Lorsque Râbi'a fut devenue grande, son père et sa mère moururent. A cette époque il y eut à Basra une grande disette par suite de laquelle toutes les soeurs aînées de Râbi'a se séparèrent de leur cadette et partirent. Pour elle, un méchant homme la vendit comme une esclave lui appartenant. Le maître qui l'acheta la traitait durement et lui faisait faire toute sorte de services. Un jour qu'elle voulait se dérober aux regards d'un étranger, elle s'écarta du sentier frayé et tomba en se brisant une main. Aussitôt, appuyant sa face contre terre, elle dit: « Mon Dieu, je suis loin des miens et captive, sans père ni mère, ma main vient de se briser, et cependant rien de tout cela ne me chagrine. Ce qui m'inquiète, c'est que j'ignore si, oui ou non, tu es satisfait de moi. » Aussitôt une voix se fit entendre : « Ne te chagrine pas, ô Râbi'a ! car, au jour de la résurrection, nous t'assignerons un tel rang que tous les anges qui nous approchent de plus près l'envieront. » Râbi'a, le coeur satisfait, retourna au logis.
Elle observait un jeûne perpétuel, tout en faisant le service de son maître. Une fois la nuit venue, elle priait jusqu'aux premiers rayons de l'aurore. Une nuit le maître de Râbi'a s'étant éveillé entendit le son d'une voix. Il aperçut Râbi'a, la tête en adoration et disant: « Mon Dieu, tu sais que le désir de mon coeur est dans la recherche de ton approbation et qu'il ne souhaite rien tant que d'obéir à tes commandements. Mon oeil s'éclaire à la lumière des hommages que je rends à ta suprême majesté. Si j'avais la liberté de mes actes, je ne voudrais pas rester un seul instant en dehors de ton service : mais tu m'as livrée aux mains d'une créature, et voilà pourquoi j'arrive si tard comme ton humble servante. » Le marchand vit aussi, suspendue au-dessus de la tête de Râbi'a, une lampe brillante dont l'intérieur de la maison était tout éclairé. Il se dit aussitôt en lui-même qu'il n'était pas possible de la traiter plus longtemps en esclave, et, dès que l'aurore parut, s'adressant à elle : « Ô Râbia! je te fais libre. Si tel est ton désir, reste ici, et nous serons tous à ton service. Si tu ne veux pas demeurer ici, va partout où il te plaira.» Alors Râbi'a, prenant congé d'eux, partit et s'adonna entièrement aux oeuvres de piété.
On rapporte que Râbi'a, dans l'espace d'une nuit et d'un jour, faisait une prière de mille rakat et que, de temps en temps, elle se rendait auprès de Haçan Basri. D'après un autre récit, elle exerça d'abord le métier de joueuse de flûte pendant un certain temps ; ensuite elle fit pénitence. Elle se construisit un ermitage où elle était constamment occupée aux oeuvres de piété.
Un jour elle se rendait à la Ke'abeh, ayant en sa possession un âne qu'elle avait chargé de ses effets. Cet âne étant mort, les gens de la caravane dirent : « Nous allons charger ton bagage sur nos bêtes. - Mais, dit Râbi'a, ce n'est pas sur vous que je comptais quand je suis venue ; c'est, dans le Seigneur très haut seul que je mets ma confiance, partez donc. » Une fois la caravane partie, Râbi'a s'adressant au Seigneur : « Mon Dieu, dit-elle, estce ainsi que les rois en usent avec les serviteurs faibles et impuissants ? Tu m'as invitée à me rendre à ta maison, et voilà que tu fais périr mon âne dans le désert et que tu me laisses là dans la solitude ! » A peine avait-elle prononcé ces paroles que l'âne se releva plein de vie. Elle le chargea, poursuivit sa route et rejoignit la caravane.
On raconte qu'un jour, comme elle se rendait à la Ke'abeh, elle resta seule dans le désert. « Mon Dieu, ditelle, mon coeur est en proie à la perplexité au milieu de cette solitude. Je suis une brique(1), et la Ke'abeh est une pierre. Ce qu'il me faut, c'est la contemplation de ta face. » A ces mots une voix l'apostropha de la part du Seigneur très haut : « 0 Râbi'a ! feras-tu à toi seule ce qui exigerait le sang du monde entier ? Lorsque Mouça a désirer voir notre face, nous n'avons répandu qu'un atome de notre lumière sur une montagne et elle s'est trouvée dissoute en mille morceaux. »
On raconte qu'une autre fois, comme Râbi'a se rendait à la Ke'abeh, elle la vit venir en plein désert au-devant d'elle. «Ce qu'il me faut à moi, dit Râbi'a, c'est le maître de la Ke'abeh et non la Ke'abeh ; qu'ai-je à faire d'elle ?» Et elle ne daigna pas la regarder.
Ibrahim Edhem mit quatorze années à se rendre à la Ke'abeh, car à chaque pas il faisait une prière de deux rak'at. Il disait : « Les autres marchent sur cette route avec leurs pieds ; moi, j'y marche avec ma tête. » Au bout de quatorze années, lorsqu'il fut près de la Ke'abeh, il ne la vit pas à sa place. Lui de dire en gémissant : « Hélas ! suis-je donc devenu aveugle que je ne puis voir la Ke'abeh ? » Alors il entendit une voix qui lui criait : « Ô Ibrahim ! tu n'es pas aveugle, mais la Ke'abeh est allée au-devant de Râbi'a. » Ibrahim, très ému, vit que la Ke'abeh était revenue et avait repris sa place. Puis il aperçut Râbi'a qui s'avançait appuyée sur un bâton. « Ô Râbi'a ! lui dit-il, quelle oeuvre est la tienne et quel bruit tu fais dans le monde ! car tous disent: La Ke'abeh est allée au-devant de Râbi'a.» Et Râbi'a de répondre: « Ô Ibrahim! quel bruit fais-tu toi même dans le monde, toi qui as mis quatorze années pour arriver ici ! Et tous disent : Ibrahim, à chaque pas, s'arrête pour faire une prière de deux rakat. - Il est vrai, dit Ibrahim, j'ai mis quatorze années à traverser ce désert en priant. - Ô Ibrahim ! reprit Râbi'a, tu es venu avec la prière et moi avec l'indigence »; et elle pleura abondamment.
Puis, après avoir visité la Ke'abeh, elle retourna à Basra. Dans un élan de son coeur elle dit : « Ô mon Dieu ! tu as promis deux belles récompenses pour deux choses : l'accomplissement du pèlerinage et la patience à supporter les épreuves. Si mon pèlerinage n'est pas valable devant toi, c'est un grand malheur pour moi, mais où sera la récompense pour un tel malheur? »
L'année suivante elle dit : « Puisque la Ke'abeh est venue au-devant de moi l'année dernière, c'est moi qui, cette année, vais aller audevant d'elle. » Cheikh Ali Farmezi raconte que, lorsqu'arriva l'époque du pèlerinage, Râbi'a, prenant la direction du désert, se roula sur les reins et arriva ainsi en sept années à la Ke'abeh. Lorsqu'elle y fut parvenue, elle entendit une voix qui lui disait: « Que désires-tu, Râbi'a? Si c'est moi que tu désires, je vais t'apparaître dans toute ma gloire, devant laquelle tu seras immédiatement liquéfiée comme de l'eau. - Mon Dieu, répondit-elle, je ne suis pas de force à atteindre un si haut degré. Je ne demande qu'une parcelle de pauvreté spirituelle. » Et aussitôt la voix de reprendre : « 0 Râbi'a ! la pauvreté est un sentiment de crainte de notre colère que nous avons placé sur la route des hommes d'élite, attendu que, lorsqu'il ne leur reste pour arriver jusqu'à nous que la pointe d'un cheveu, il peut arriver que leur affaire se gâte subitement et qu'ils se trouvent rejetés bien loin du but. Quant à toi, tu es encore retenue dans l'intérieur des soixante-dix rideaux. Tant que tu ne seras pas sortie de dessous eux et que tu n'auras pas posé le pied dans notre voie, tu ne seras pas capable de parler de pauvreté. - Ô Râbi'a ! dit une voix, regarde en haut. » Quand elle eut regardé en haut, elle vit une mer de sang suspendue dans les airs et une voix lui cria : « Ô Râbi'a ! cette mer est formée des larmes de sang tombées des yeux de ceux qui, épris de nous, se sont mis à nous rechercher. Dès la première station ils ont été tellement anéantis qu'il n'est plus resté trace de leurs personnes ni dans ce monde ni dans l'autre. - Mon Dieu, dit Râbi'a, fais-moi voir un exemple du degré de félicité auquel sont parvenus ces amoureux. » Elle n'avait pas achevé ces paroles que, soudain, ses menstrues lui vinrent, et elle se trouva en état d'impureté. En même temps une voix lui cria: « Le premier degré auquel parviennent les amoureux est exactement figuré par un homme qui, après s'être roulé sur ses reins pendant sept ans, arriverait pour visiter un mur de briques et qui, en approchant de ce mur, se barrerait à lui même la route par suite d'un empêchement né de sa propre personne, » Râbi'a, découragée, dit: « Mon Dieu, tu ne me laisses pas m'asseoir dans ma propre maison et tu ne veux pas m'admettre dans la tienne. Ou laisse-moi m'installer tranquillement chez moi, à Basra, ou permets-moi d'entrer dans la Ke'abeh, qui est ta demeure. Je te cherchais sans avoir d'abord courbé la tête devant la Ke'abeh; maintenant laisse-moi m'en aller, car je ne suis pas digne d'entrer dans ta maison. » Et s'en retournant, elle se rendit à Basra. Là elle s'installa dans son ermitage et s'y adonna entièrement aux exercices de piété.
(1) C'est-à-dire: « Moi qui ne suis qu'une brique non cuite, j'ai besoin, pour passer à la cuisson et devenir meilleure, d'autre chose que la Ke'abeh qui n'est qu'une pierre : il me faut ta vue. » En d'autres termes : « Toi seul peux me délivrer des imperfections de ma nature. »
On raconte que deux docteurs allèrent rendre visite à Rabi'a . Comme ils avaient faim, elle plaça devant eux deux pains qu'elle possédait. A ce moment un derviche étant venu demander l'aumône à la porte, Râbi'a, enlevant les deux pains de devant les docteurs, les lui donna. Ceux-ci, fort étonnés, s'assirent, suivant de l'oeil tout ce qui se passait. Ils virent une servante apportant dans une nappe des pains qu'elle déposa devant Râbi'a en lui disant: « Ma maîtresse se met à votre disposition. » Lorsque Râbi'a eut compté les pains, elle vit qu'il y en avait dix-huit. Elle les rendit à cette servante avec la nappe qui les contenait et lui dit : « Reprends-les et va-t'en : vous avez mal compté. -Mais il n'y a pas d'erreur, reprit la servante. - Vraiment si, il y a erreur », insista Râbi'a. La servante reprit donc la nappe et alla trouver sa maîtresse, à laquelle elle raconta tout. Aussitôt celle-ci, posant deux nouveaux pains sur les autres, réexpédia le tout. Râbi'a fit le compte, vit qu'il y avait vingt pains et les plaça devant les docteurs qui étaient ses hôtes. Ceux-ci, après avoir mangé, lui demandèrent ce que signifiait ce mystère. « Lorsque vous êtes arrivés, répondit Râbi'a, j'ai compris que vous aviez faim. Ce que je possède est bien peu de chose, me suis-je dit. A ce moment est survenu le derviche auquel j'ai donné les deux pains. Puis j'ai fait cette prière mentale : Mon Dieu, tu as dit : Je donnerai dix pour un ; moi, je viens de donner deux pains pour te plaire ; à ton tour donne-moi dix pour un. Lorsque cette servante a apporté les dix-huit pains, je me suis dit : Ou quelqu'un nous en a pris deux, ou bien ce ne sont pas ceux qu'on nous adressait, et je les ai renvoyés. Lorsqu'on nous les a rapportés avec deux en plus, j'ai compris que c'était bien là ce qu'on me destinait. »
Une nuit que Râbi'a était en prière, un fragment de roseau lui entra dans l'oeil sans qu'elle s'en aperçût, tant l'amour de Dieu était profondément enraciné dans son coeur !
On raconte encore qu'une nuit un voleur s'introduisit dans la maison de Râbi'a et, après lui avoir soustrait son voile, ne trouva plus d'issue pour s'en aller : mais à peine eut-il remis le voile à sa place qu'il retrouva le chemin. Il enleva de nouveau le voile, et le chemin lui fut encore fermé. Ce fut ainsi qu'à sept reprises différentes il enleva le voile et que la sortie lui fut interdite, sauf à se rouvrir quand il le remettait à sa place. Alors une voix s'adressant à lui : « Ô voleur ! ne te donne pas tant de peine, car il y a déjà bien des années que Râbi'a nous a confié le soin de sa personne et nous ne permettons pas à Iblis de mettre le pied dans son ermitage. Toi, voleur, tu voudrais prendre son voile ! ; mais sache donc fripon, que, quand un de nos amis est plongé dans le sommeil, il y a un ami qui veille sur sa personne. »
On raconte qu'une fois la servante de Râbi a, ayant fait fondre un morceau de graisse, préparait une purée pour sa maîtresse. Comme elle n'avait pas d'oignons, elle lui dit: « Je vais aller en demander dans la maison d'un voisin et je reviendrai . - Il y a quarante ans, observa Râbi'a, que j'ai pris l'engagement avec le Seigneur très haut de ne rien demander à personne autre qu'à lui . S'il n'y a pas d'oignons, on s'en passera. » Tout à coup parut un oiseau qui apporta quelques oignons qu'il avait épluchés et coupés en morceaux et qu'il jeta dans le chaudron. Râbi'a ne mangea pas de cette purée et se contenta de pain ; puis elle dit : « L'homme ne doit jamais être insouciant des pièges que lui tend Cheïtân. »
On raconte qu'un jour Râbi'a étant montée sur une montagne, toutes les antilopes qui s'y trouvaient se réunirent auprès d'elle. Elles y restaient dans la plus grande sécurité. Soudain arriva Haçan Basri, et toutes les antilopes de s'enfuir. « Râbi'a, dit-il, d'où vient que les antilopes me fuient et ne te fuient pas, toi ? - Qu'as-tu mangé aujourd'hui, Haçan ? demanda-t-elle. - J'ai mangé, répondit-il, de la purée que j'ai fait cuire avec un morceau de graisse . - Toi qui manges leur graisse, reprit Râbi'a, comment ne te fuiraient-elles pas ? »
On raconte qu'un jour Haçan Basri, voyant Râbi'a assise sur le bord de l'Euphrate, jeta sur la surface de l'eau son tapis à prière, monta dessus et dit : « Allons Râbi'a, il faut réciter sur l'eau une prière de deux rakat. - Maître dit-elle, sont-ce les choses de cette terre que tu vas montrer aux gens de l'autre monde ? Fais-nous voir une chose que le commun des mortels soit impuissant à exécuter. » Ce disant, elle lança en l'air son tapis à prière, monta dessus et cria : « Viens ici, Haçan, on y est plus retiré et l'oeil des curieux ne saurait y atteindre. » Puis, voulant consoler Haçan, elle ajouta : « Maître, ce que tu as fait, les poissons aussi peuvent le faire, et ce que j'ai fait les mouches sont capables de le faire. Il s'agirait d'arriver à un degré supérieur aux deux que nous avons atteints. »
On rapporte que Haçan Basri disait : « Je restai une nuit et un jour auprès de Râbi'a, discourant avec tant d'ardeur sur la voie spirituelle et les mystères de la vérité que nous ne savions plus, moi, si j'étais un homme, et elle, si elle était une femme . Lorsqu'à la fin nous terminâmes cette discussion, je reconnus que je n'étais qu'un indigent et elle une riche au coeur sincère. »
Une autre fois Haçan Basri, accompagné de ses disciples, se rendit chez Râbi'a. Comme il faisait nuit, il leur fallait une lampe, mais il n'y en avait pas. Aussitôt Râbi'a, enfonçant le bout de ses doigts dans sa bouche, les en retira, et, jusqu'aux premiers rayons de l'aurore, il en sortit une lumière pareille à celle d'une lampe. Si quelqu'un demande comment un pareil prodige a pu se produire, dis-lui qu'il sortait aussi de la lumière de la main de Mouça . Si l'on te fait observer que Mouça, sur lui soit le salut ! était prophète et que Râbi'a ne l'était pas, réponds que quiconque exécute les oeuvres prescrites par les prophètes participe à leur don de faire des miracles et que, s'il y a des merveilles qui appartiennent en propre aux prophètes, il y a aussi des prodiges qui sont le privilège des saints. Cette vérité est confirmée par un hadiths de l'Envoyé, sur lui soit le salut ! conçu en ces termes : « Quiconque, sur une somme qu'il détient injustement, restitue une pièce d'argent à son légitime propriétaire, obtient une part du degré des prophètes », et encore : « Si quelqu'un, ayant un songe qui se trouve être vrai, voit dans l'état de veille exactement comme il avait vu en rêve, c'est là une part du degré des prophètes. »
On raconte que Râbi'a envoya à Haçan Basri trois choses : un morceau de cire, une aiguille et un cheveu, en lui faisant dire : « Ô Haçan ! enflamme-toi comme de la cire et donne de la clarté au monde commence par être nu comme l'aiguille, et puis agis quand tu auras accompli ces deux opérations, deviens mince comme un cheveu si tu ne veux pas que toute ta peine soit perdue. »
Haçan Basri demanda à Râbi'a si elle en arriverait à prendre un mari. Elle de répondre -« Contracter mariage est nécessaire pour quelqu'un qui est en possession de son libre arbitre : quant à moi, je ne dispose plus de ma volonté. J'appartiens au Seigneur et je reste à l'ombre de ses commandements ; je ne compte pour rien ma personnalité. - Mais, dit Haçan, comment es-tu parvenue à un tel degré ? - En m'annihilant complètement . - Oui, observa Haçan, tu sais le comment ; mais, chez nous, ce comment-là n'existe pas. » Et il ajouta : « Ô Râbi'a ! communique-moi quelque chose de ce que tu as appris par ta propre inspiration . - Aujourd'hui, répondit Râbi'a, je me suis rendue au bâzâr, ayant avec moi quelques pelotes de corde que j'ai vendues deux pièces d'or pour me procurer des vivres. J'ai pris dans chacune de mes mains une de ces pièces d'or, craignant que, si je les tenais ensemble, toutes deux réunies ne me fissent dévier de la voie droite. » Haçan lui dit encore: « Si, dans le paradis, je demeurais l'espace d'un souffle éloigné de la face du Seigneur, je pleurerais tellement que tous ceux qui s'y trouvent auraient compassion de moi. - C'est très bien dit, observa Râbi'a, mais quiconque dans ce bas monde ne néglige pas un seul instant de bénir le nom de Dieu, tout en gémissant et en pleurant, c'est un signe manifeste que dans l'autre vie il sera comme tu viens de le dire. »
On lui disait : « Pourquoi n'en viens-tu pas à prendre un mari ? - J'ai trouvé trois choses qui me causent du souci, répondit-elle ; si quelqu'un m'en débarrasse, j'en viendrai à prendre un mari. - Et ces choses qui te préoccupent, lui demanda-t-on, qu'est-ce donc ? » Elle de répondre : « La première est de savoir si au moment de la mort, oui ou non, je pourrai présenter ma foi dans toute sa pureté . La seconde, de savoir si, au jour de la Résurrection, on me mettra, oui ou non, dans la main droite l'écrit où sont enregistrés mes actes. La troisième est de savoir, lorsqu'au jour de la Résurrection on conduira les uns vers la droite dans le paradis, les autres vers la gauche dans l'enfer, dans quelle direction on me conduira moi-même. Nous ne connaissons rien de ce que tu nous demandes là, s'écrièrent-ils tous. - Eh quoi ! reprit-elle, lorsque j'ai devant moi de pareils sujets de préoccupation, j'irais m'inquiéter d'un mari !»
« D'où viens-tu ? lui demandait-on encore . - De l'autre monde . - Et où vas-tu? - Dans l'autre monde . - Que fais-tu dans ce bas monde ? - Je me joue de lui . - Et comment te joues-tu de lui ? - Je mange son pain et j'accomplis les oeuvres de l'autre monde . » On lui demandait aussi : « Toi qui es si insinuante en paroles, ne serais tu pas excellente pour garder un poste ? - Mais, dit-elle, je suis en effet la gardienne d'un poste, car je ne laisse sortir rien de ce qui est en moi et je ne laisse rien entrer de ce qui est en dehors. »
« 0 Râbi'a ! lui demandait-on, aimes-tu le Seigneur très haut ? - Oh ! vraiment oui, je l'aime . - Et Cheïtân, le considères-tu comme un ennemi ? - J'aime tellement le Seigneur très haut que je ne m'inquiète pas de l'inimitié de Cheïtân. »
On raconte que Râbi'a vit en songe l'Envoyé, sur lui soit le salut ! qui la salua et lui dit : « Ô Râbi'a ! m'aimes-tu ? - 0 Envoyé de Dieu ! répondit-elle, peut-il se trouver quelqu'un qui ne t'aime pas ? Et cependant l'amour du Seigneur très haut remplit tellement mon coeur qu'il n'y reste de place ni pour l'amitié ni pour l'inimitié envers n'importe quel autre. »
On demandait à Râbi'a : « Celui que tu sers, le vois-tu ? - Si je ne le voyais pas, répondit-elle, je ne le servirais pas. » On raconte qu'elle était toujours en pleurs . Comme on lui demandait pourquoi ces pleurs, elle répondit: « Je crains qu'au dernier moment une voix me crie soudain : Râbi'a n'est pas digne de paraître à notre cour. » On lui posa cette question : « Si un de ses serviteurs fait pénitence, le Seigneur très haut acceptera-t-il, oui ou non, sa pénitence ? - Tant que Dieu n'accorde pas la grâce de la pénitence, comment un de ses serviteurs pourrait-il faire pénitence ? et lorsque le Seigneur très haut la lui accorde en effet, il est hors de doute qu'il acceptera sa pénitence. » Elle disait encore: « On ne peut distinguer à l'oeil les différentes stations qui sont sur la route conduisant à Dieu, pas plus qu'on ne peut arriver jusqu'à lui avec la langue. Applique-toi donc à tenir ton coeur en éveil . Lorsqu'il sera éveillé, c'est avec ses yeux que tu verras la route et qu'il te sera possible d'atteindre la station. »
Elle disait encore : « Le fruit de la science spirituelle, c'est de détourner ta face de la créature pour la tourner uniquement vers le Créateur ; car par le mot science il faut entendre la connaissance de Dieu. »
On raconte que Râbi'a, voyant un homme qui avait serré sa tête dans un bandeau, « Pourquoi t'attacher ainsi la tête ? demanda-t-elle . - Parce que j'y ai mal, répondit-il . - Quel âge as-tu? dit Râbia . Trente ans. - Pendant ces trente années as-tu été plus souvent bien portant ou souffrant ? - J'ai été plus souvent bien portant . - Quand tu étais en bonne santé, t'es-tu jamais bandé la tête en signe d'action de grâces, pour venir maintenant te plaindre du Seigneur très haut à cause d'une douleur d'un jour et t'envelopper ainsi la tête?»
On raconte que, pendant l'été, Râbi'a se retirait dans une maison isolée dont elle ne sortait pas. Sa servante lui dit : « Maîtresse, sors de cette maison et viens contempler les oeuvres de la toute puissance du Seigneur très haut . Entre plutôt toi-même, répondit-elle, et viens contempler la toute-puissance en elle-même. » Et elle ajoutait : « Mon rôle à moi, c'est de contempler la toutepuissance. »
On raconte que Râbi'a garda le jeûne sept nuits et sept jours consécutifs sans rien prendre, ne dormant même pas la nuit, pour se livrer à la prière . La huitième nuit sa nature sensuelle lui dit en gémissant : « Ô Râbi'a ! jusqu'à quand me tortureras-tu ainsi sans relâche ? » Au milieu de ce colloque intérieur, soudain on frappa à la porte. Râbi'a ouvrit. C'était un homme qui lui apportait de quoi manger, dans une écuelle . Râbi'a la prit et la déposa quelque part : dans la maison ; puis, comme elle s'était éloignée pour aller allumer la lampe, le chat vint et mangea tout. Râbi'a, à son retour, n'eut pas plus tôt vu ce qui en était qu'elle se dit : « Je vais aller chercher de l'eau avec laquelle je romprai le jeûne. » A peine fut-elle partie pour aller puiser de l'eau que la lampe s'éteignit . Elle revint et souleva la cruche pour boire ; mais elle lui échappa des mains et se brisa . Râbi'a poussa un tel soupir que la maison faillit en être incendiée et s'écria : « Mon Dieu, que prétends-tu donc faire à cette pauvre misérable ? » Une voix se fit alors entendre : « ô Râbi'a ! si tu le désires, je m'engage à te donner le monde tout entier ; mais il faudra que j'enlève de ton coeur l'amour que tu as pour nous, parce que l'amour de notre personne et celui de ce monde ne tiennent pas en même lieu . - En m'entendant interpeller de cette manière, disait Râbi'a, je chassai entièrement de mon coeur le goût des choses de ce monde et je détournai d'un seul coup mes regards de toutes les créatures terrestres. Voilà trente ans que je n'ai pas fait une prière sans me dire : Cette prière est peut-être la dernière que je ferai, et je ne me suis pas lassée de répéter: Mon Dieu, rends-moi tellement absorbée par ton amour que n'importe quelle autre passion ne puisse m'occuper. »
On rapporte que Râbi'a gémissait continuellement . « Mais tu n'as mal nulle part, lui disait-on, pourquoi gémir ainsi ? - Hélas ! répondit-elle, le mal dont je souffre est tel qu'aucun médecin ne peut le guérir ; seule, la vue du Seigneur lui servira de remède . Ce qui m'aide à supporter ce mal, c'est l'espoir que, dans l'autre monde, j'arriverai au but de mes désirs. »
On raconte que, plusieurs dévots personnages étant venus trouver Râbi'a, celle-ci demanda à l'un d'eux: « Et toi, pourquoi sers-tu le Seigneur très haut ? - Par crainte de l'enfer, répondit-il . - Pour moi, dit un autre, je le sers par crainte de l'enfer et dans l'espoir d'arriver au paradis . - Mauvais serviteur, observa Râbi'a, celui qui ne rend ses hommages au Seigneur très haut que dans l'espérance d'aller au paradis ou dans la crainte de l'enfer » ; et elle ajoutait : « S'il n'y avait ni paradis ni enfer, vous ne serviriez donc pas le Seigneur très haut . - Mais toi, lui demandèrent-ils, pourquoi le sers-tu ? - Moi, répondit elle, je le sers pour son bon plaisir. Ne me suffit-il pas comme don gracieux de sa part qu'il me commande de le servir ? »
On rapporte encore que quelques dévots personnages allèrent trouver Râbi'a . En la voyant couverte d'un vêtement tout déchiré, ils lui dirent : « Ô Râbi'a ! il y a bien des gens qui, si tu leur demandais un secours, te le donneraient . - Je rougirais, répondit-elle, de demander les biens de ce monde à qui que ce soit ; car ils n'appartiennent à personne en propre, mais ne sont qu'un prêt dans les mains de ceux qui les détiennent. - Voilà une femme qui a de bien nobles sentiments », se direntils, puis, s'adressant à elle : « Le Seigneur très haut a couronné la tête des hommes d'élite du don des miracles et en a fait une ceinture à leurs reins, mais jamais de pareils privilèges n'avaient été dévolus à une femme. Comment es-tu arrivée à un si haut degré ? - Ce que vous dites est vrai, répondit elle, mais aussi la superbe, l'infatuation de soi-même, la prétention à la divinité ne sont jamais venues d'une femme . Aucune d'elles ne s'est prostituée à d'autres femmes. »
On rapporte que Râbi'a tomba malade. Comme on lui demandait ce qui lui était arrivé, elle répondit : « Cette nuit, de grand matin, comme mon coeur soupirait après le paradis, le Seigneur très haut m'a envoyé cette épreuve pour me forcer à garder les convenances. » Haçan Basri raconte - « Comme je m'étais rendu chez Râbi'a pour prendre des nouvelles de sa maladie, je vis assis à sa porte un marchand qui pleurait . - Pourquoi pleures-tu ? lui demandai-je . - Je viens d'apporter pour Râbi'a, me répondit-il, cette bourse d'or. Je suis très inquiet de savoir si elle l'acceptera, oui ou non. Va, Haçan, et fais-lui toi même la proposition ; peut-être qu'elle l'acceptera . J'entrai donc chez Râbi'a, continuait Haçan Basri, et je ne lui eus pas plus tôt transmis les paroles de ce marchand que, me regardant du coin de l'oeil ; elle me dit : Toi aussi, Haçan, tu sais bien que le Seigneur très haut donne le pain quotidien à ceux-là mêmes qui ne s'inclinent pas devant lui ; comment ne le donnerait-il pas à celui dont le coeur est bouillonnant d'amour pour sa majesté ? De plus, depuis que je connais Dieu, j'ai détourné mes regards de toutes les créatures . Pour le moment, comment pourrais-je accepter l'argent de quelqu'un, quand nous ne savons même pas si c'est un bien légitime ou illicite ? Et elle ajouta : Un jour on avait mis dans une lampe de l'huile de la maison du sultan . Je raccommodai à la lumière de cette lampe les déchirures de mon vêtement . Pendant plusieurs jours mon coeur fut rempli de ténèbres et ne retrouva sa clarté que lorsque j'eus de nouveau décousu le vêtement que j'avais réparé . Présente donc mes excuses à ce marchand, et qu'il s'en aille. »
Un autre jour un riche négociant, étant venu trouver Râbi'a, vit que sa maison tombait en ruine. Il lui donna mille pièces d'or et lui fit présent d'une maison en bon état. Râbi'a s'y rendit et n'y fut pas plus tôt installée que, voyant les peintures de cette maison, elle se laissa absorber dans leur contemplation. Aussitôt, rendant à ce marchand les mille pièces d'or et la maison, elle lui dit : « Je crains que mon coeur ne s'attache à cette maison et qu'il ne me soit plus possible de m'occuper des oeuvres de l'autre monde. Mon seul désir est de me consacrer au service du Seigneur très haut. »
On raconte qu'Abd el-Wâhid, fils d'Amir, et Sofiân Tsavri allèrent rendre visite à Râbi'a. Saisis de respect à sa vue, ils ne pouvaient proférer une parole . Enfin Sofiân Tsavri dit : « 0 Râbi'a ! fais une prière pour que le Seigneur très haut allège tes souffrances . - Ô Sofiân Tsavri ? lui demanda-t-elle, qui donc me les a envoyées, ces souffrances ? - C'est le Seigneur très haut, répondit-il . Eh bien, reprit-elle, si sa volonté est que cette épreuve me soit infligée, comment m'adresserais-je à lui maintenant en méconnaissant sa volonté ?» Sofiân Tsavri lui dit encore : « Ô Râbi'a ! que désire ton coeur ? - Sofiân, répondit-elle, toi qui es un homme éclairé, pourquoi profères-tu de telles paroles ? Le Seigneur très haut sait bien que mon coeur, depuis douze ans, désire des dattes fraîches, lesquelles ne sont pas rares à Basra. Cependant, jusqu'aujourd'hui, j'ai persisté à n'en pas manger. Je ne suis qu'une esclave et il ne m'appartient pas d'agir suivant les désirs de mon coeur ; car, si moi je veux et que Lui ne veuille pas, ce serait de ma part de l'infidélité . - Soit, continua Sofiân, je ne suis pas capable de parler de tes propres affaires ; mais toi, dis-moi un mot des miennes . - Eh bien, dit Râbi'a, si tu n'avais pas de goût pour ce bas monde, tu serais un homme irréprochable . Alors, raconte Sofiân, je m'écriai en pleurant : Mon Dieu, puisses-tu être satisfait de mo i! - Ô Sofiân, poursuivit Râbi'a, ne rougis-tu pas de dire au Seigneur : Puisses-tu être satisfait de moi, sans avoir rien fait pour qu'il soit content de toi ? »
On raconte que Mâlik Dinâr disait : « Je me rendis chez Râbi'a . Je vis qu'elle était en train de boire de l'eau à une cruche brisée . Elle avait étendu sur le sol de sa maison une vieille natte, et une brique crue lui servait d'oreiller. Le coeur tout en feu, je lui dis : Ô Râbi'a ! j'ai des amis riches ; si tu me le permets, je vais leur demander quelque chose pour toi . - Tu as mal parlé, Mâlik, répondit elle ; à eux comme à moi, c'est le Seigneur très haut qui donne le pain quotidien . Lui qui pourvoit aux besoins des riches, ne pourvoira-t-il pas à ceux des pauvres ? S'il lui plaît qu'il en soit ainsi, nous, de notre côté, nous nous soumettrons de bon coeur à sa volonté. »
On raconte qu'un jour Mâlik Dinâr, Haçan Basri et Chaqiq Balkhi allèrent rendre visite à Râbi'a . Comme on parlait de la sincérité, Haçan Basri dit : « Il n'est pas sincère celui qui ne supporte pas avec constance les coups qui lui viennent du Seigneur très haut . - Voilà qui sent l'infatuation de soi-même », observa Râbi'a . Chaqiq Balkhi dit : « Il n'est pas sincère celui qui ne rend pas des actions de grâces pour les malheurs qui lui viennent du Seigneur très haut . - Il faut encore mieux que cela », insista Râbi'a . Mâlik Dinâr prit la parole : « Il n'est pas sincère celui qui ne trouve pas de charme dans les maladies que lui envoie le Seigneur très haut . - Encore mieux », s'écria Râbi'a . Mais eux, s'adressant à elle : « Parle toi même . » Alors Râbi'a dis : « Il n'est pas sincère celui qui n'oublie pas la douleur de la maladie qui lui vient du Seigneur très haut, exactement comme les dames de l'Égypte, en voyant la figure de Youçouf, oublièrent leur mal de main. »
Un des docteurs de Basra, s'étant rendu chez Râbi'a, se mit à discourir sur les défauts de ce bas monde. « Ah ! il faut que tu l'aimes bien ce bas monde, observa Râbi'a ; car si tu ne l'aimais pas, tu n'en parlerais pas tant. Celui qui se propose d'acheter des étoffes en parle à satiété . Si tu étais entièrement dégagé de ce bas monde, que t'importeraient ses mérites ou ses défauts ? »
On raconte que Haçan Basri disait : « Dans l'après-midi j'allai chez Râbi'a . Elle venait d'installer au foyer un chaudron dans lequel elle avait mis de la viande . Comme nous avions commencé à parler de la connaissance de Dieu , elle me dit : Il n'y a pas de sujet d'entretien meilleur que celui-ci, il vaut mieux le continuer que de faire cuire de la viande ; et elle n'alluma pas le feu sous le chaudron . Lorsque nous eûmes fait la prière du soir, Râbi'a apporta de l'eau et quelques pains tout secs . En même temps elle versa le contenu du chaudron, et il se trouva que la viande qui était dedans avait été cuite par un effet de la toutepuissance de Dieu. Nous mangeâmes de ce ragoût, dont la saveur était telle que nous n'en avions jamais mangé de pareil. »
Sofiân Tsavri dit : « Un soir je me trouvais chez Râbi'a . Elle pria jusqu'aux premiers rayons de l'aurore et j'en fis autant . Au matin elle dit : Il faut jeûner aujourd'hui en action de grâces pour les prières que nous avons faites cette nuit . » On rapporte qu'elle ne cessait de s'écrier dans un élan du coeur : « Mon Dieu, si, au jour de la Résurrection, tu m'envoies en enfer, je révélerai un secret qui fera fuir l'enfer à mille années de distance de moi - Mon Dieu, disait-elle encore, tout ce que tu me destines des biens de ce monde, donne-le à tes ennemis, et tout ce que tu me réserves dans le paradis, distribue-le à tes amis, car c'est toi seul que je cherche . Mon Dieu, ajoutait-elle, si c'est par crainte de l'enfer que je te sers, condamne-moi à brûler dans son feu, et si c'est par espoir d'arriver au paradis, interdis-m'en l'accès ; mais si c'est Pour toi seul que je te sers, ne me refuse pas la contemplation de ta face . »
On raconte que Râbl'a disait : « Mon Dieu, si, au jour de la Résurrection, tu m'envoies en enfer, je m'écrirai en gémissant : Seigneur, moi qui t'aimais tant ! est-ce ainsi que tu traites ceux qui t'aiment ? » Une voix se fit entendre : « Ô Râbi'a, ne conçois pas une mauvaise opinion de nous, car nous te donnerons place dans les rangs de nos fidèles, afin que tu puisses t'entretenir avec nous de nos mystères. »
On raconte qu'une nuit Râbi'a disait : « Mon Dieu, quand je fais la prière, éloigne de mon coeur toutes les suggestions diaboliques, ou, par un effet de ta générosité, accepte les prières qui sont accompagnées de ces suggestions. »
Dans ses derniers moments beaucoup de dévots personnages se tenaient assis près d'elle. « Levez-vous, leur dit elle, et sortez; laissez pour un moment la route libre aux messagers du Seigneur très haut . » Tous se levèrent et sortirent . Quand ils eurent fermé la porte, ils entendirent la voix de Râbi'a qui faisait sa profession de foi . Aussitôt qu'elle eut rendu le dernier soupir, les docteurs s'étant réunis firent laver son corps, récitèrent sur lui les prières des morts et le déposèrent dans sa dernière demeure
On vit Râbi'a en songe et on lui demanda ce qu'elle avait répondu à Munkir et à Nekir (les deux anges chargés d'interroger les morts). « Munkir et Nekir sont arrivés, dit elle, et m'ont posé la question : men rebbouki, c'est-à-dire qui est ton Dieu ? Moi, je leur ai répondu : Ô anges ! allez et dites de ma part à la cour du Très Haut : Tu me fais interroger, moi vieille femme, au milieu de tant de tes serviteurs, moi qui n'ai jamais connu que toi ! T'ai-je jamais oublié pour que tu envoies Munkir et Nekir me poser des questions ? »
Mohammed ben Aslam Touci et Na'mi Taratouci (de Tortose), étant venus tous deux sur le tombeau de Râbi'a, dirent : « 0 Râbi'a ! tu te vantais de n'avoir jamais baissé la tête ni devant ce monde ni devant l'autre, où en es-tu maintenant ? » Une voix, sortant de son tombeau, s'écria : « Bravo pour moi ! ce que je faisais était bien ce qu'il fallait faire, et c'était la bonne route celle que j'avais découverte ! » Dieu seul sait tout.
(Extrait du livre " Le mémorial de saints " de Farid-oud-din-Attar)
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"Je demande pardon à Allah de mon manque de sincérité
quand je dis : "je demande pardon à Allah."
Râbi'a 'Adawiya
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Un jour donc, plusieurs personnes rencontrèrent Rabia' qui courrait, portant du feu dans une main et de l'eau dans l'autre.
Ils lui dirent :
" Ô Dame du monde futur, où vas-tu, et que signifie tout cela ? "
Elle répondit :
"Je vais pour incendier le paradis et noyer l'enfer, en sorte que ces deux voiles disparaissent complètement devant les yeux des pèlerins et que le but leur soit connu, et que les serviteurs de Dieu le puissent voir, lui, sans objet d'espoir ni motif de crainte. Qu'en serait-il, si l'espoir du paradis et la crainte de l'enfer n'existaient pas ? Hélas, personne ne voudrait adorer son Seigneur, ou lui obéir !
(variantes) :
La grande Rabi'a qui se promenait à travers la ville une torche dans une main et un seau d'eau dans l'autre.
« Mais où vas-tu, Rabi'a, ainsi ? »
Elle disait :
« Je cours au Ciel y mettre le feu et je cours en enfer éteindre les flammes, pour qu'enfin les hommes T'aiment, ô mon Dieu, pour Toi, non par crainte de l'enfer, non par espoir du Ciel, mais pour Toi ».
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On demanda un jour à Râbia comment elle voyait l'amour:
Entre l'amant et l'aimé, dit-elle , il n'y a pas de distance. Il n'y a de parole que par la force du désir et de description que par le Goût.
Qui a goûté a connu et qui a décrit ne s'est pas décrit. En vérité comment peux-tu décrire quelque chosequand, en sa présence, tu es absent, en son existence tu es dissous, en sa contemplation tu es défait, en sa pureté tu es ivre , en ton abandon tu es comblé, en ta joie tu te quittes?