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Qotbi: «Je respire mieux dans le Maroc d’aujourd’hui»
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21 septembre 2006 09:22
Qotbi: «Je respire mieux dans le Maroc d’aujourd’hui»

• Après des années en France, le peintre Qotbi se réinstalle au Maroc

• «L’éducation et la culture contre toutes les formes d’intégrisme»

• Islam et culture, profondément indissociables

Poète, observateur, rêveur, toujours «heureux du contact des autres», le peintre Mehdi Qotbi revient définitivement au Maroc. Il aménage ses espaces à Casablanca, Marrakech, jamais loin de Paris tout de même. Il «se réconcilie avec sa patrie», celle-là même «qui l’avait laissé passer» le détroit de Gibraltar à l’âge de 14 ans. En France, il est devenu le grand peintre que l’on ne présente plus; il tutoyait ou tutoie encore Senghor, Butor, Nourrissier, Aragon, Chirac, De Villepin et bien d’autres.
Aujourd’hui, «enfant des deux rives», le voilà l’un des meilleurs ambassadeurs du Maroc. VRP, il ne s’en cache pas, au contraire: son capital, son art et ses relations sont mis au service de «son roi et de son pays’»… pourtant, rien ne l’y oblige, lui, cet enfant malmené au cours des années 70. Loin de nourrir du ressentiment, il a libéré son art et son amour pour son pays. Il est depuis peu conseiller à la fondation ONA. Et ne jure que par «la confiance qui revient» au Maroc.

• L’Economiste : Pourquoi revenez-vous au Maroc?

- Mehdi Qotbi : J’avais envie de me «ré-enraciner», me retrouver avec moi-même et achever ma réconciliation avec le Maroc. Je ne peux avoir un équilibre qu’en étant totalement en sérénité avec le pays de mes racines, et assumer un passé, même s’il était chaotique, qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Ce retour était en train de se préparer depuis l’accession au Trône de Mohammed VI, lequel a donné des espoirs aux Marocains.

• A quoi voyez-vous ces espoirs?

- L’expression de la liberté. Il n’y a pas un pays arabe où la presse est aussi libre qu’au Maroc. C’est un acquis considérable. Plus capitale, la concentration du développement autour de l’homme. L’INDH (Initiative nationale de développement humain) est un élément phare de la solidarité, essentielle afin d’accompagner le développement du pays, sans oublier les laissés-pour-compte. C’est une vision à long terme et je doute que quelques phrases puissent expliquer l’importance de ce chantier de règne. Ensuite, je le vois aussi dans les investissements qui concrétisent la confiance des entrepreneurs nationaux et étrangers. Cela sur fond de réformes structurantes courageuses entreprises par le Souverain.

• A quoi correspond ce retour pour le peintre?

- Peindre, c’est comme respirer au quotidien. C’est vital. J’ai besoin de respiration pas d’inspiration. Et je respire mieux dans le Maroc d’aujourd’hui que celui des années 70.

• Et pour l’homme des relations?

- Je bénéficie d’une crédibilité et d’un relationnel que je mets au service de mon roi et de mon pays. Mon arrivée à la fondation ONA concrétise mon implication encore plus grande dans la participation au rayonnement du Maroc. Laquelle fondation fait un travail de grande qualité avec son président Rachid Slimi avec qui une amitié me lie depuis de longues années. Cela nous permet de mieux travailler cette image sur le plan économique et culturel.

• Oui, mais l’image ce n’est pas tout…

- Certes, cependant l’image du Maroc est positive aujourd’hui et nous permet d’avoir les éléments nécessaires pour contribuer à mieux défendre les intérêts du Maroc.
L’image a un effet important d’entraînement sur les choses.

• Quels sont les enjeux pour le Maroc selon vous?

- Incontestablement l’éducation et la formation. C’est essentiel afin de permettre aux gens de s’ouvrir par la culture et les préserver de toutes les formes d’intégrisme. De l’éducation et la formation afin de leur donner le sens et le discernement et ainsi les protéger du repli sur soi et donc de la mort. Je suis pour la vie et pour l’amour.

• Culture et Islam?

- La religion est d’abord un Dieu de partage et la quintessence du respect de nos différences. Je suis profondément croyant et à partir du moment où je crois en Dieu, je dois respecter sa création, donc mes semblables et ne pas leur imposer ni mes vues, ni mes convictions autrement que par le dialogue.
Quand on touche à un homme, on touche à Dieu, et l’on se met au travers de la création de Dieu. Cette création, c’est lui qui l’a voulue ainsi, multiple et différente, afin de nous enrichir mutuellement de nos différences. La culture a un rôle primordial à jouer dans le développement et l’ouverture des esprits et des cœurs.


«Mon royaume pour une toile»


Si le Maroc est peint par Qotbi, il le serait avec trois couleurs:
- Vert pour la nature qui fait référence à l’espoir, l’espace, la liberté, la beauté.
- Bleu pour les mers, pour l’immensité, la richesse, la constance des variétés.
- L’or du sable qui accompagne et entoure les mers pour le réchauffement des cœurs et des corps.

Propos recueillis par Mouna KADIRI
 
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