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Des pays de l'UE et du Maghreb s'unissent pour renforcer la sécurité en...
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23 décembre 2004 14:31
Des pays de l'UE et du Maghreb s'unissent pour renforcer la sécurité en Méditerranée
LE MONDE | 22.12.04 | 14h17
Les "Dix" tirent les leçons des maigres résultats du "processus de Barcelone".
L'initiative lancée, mardi 21 décembre, par les ministres de la défense de dix pays méditerranéens, vise à établir une coopération multilatérale afin de promouvoir la sécurité et la lutte contre le terrorisme dans la région. Elle s'inscrit en parallèle du "dialogue 5 + 5" instauré entre les ministres des affaires étrangères de cinq pays de l'Union européenne (France, Italie, Espagne, Portugal et Malte) et ceux de cinq pays du sud de la Méditerranée (Algérie, Maroc, Tunisie, Mauritanie et Libye).

Quoique nouvelle, cette initiative doit être relativisée à l'aune du succès limité du dialogue méditerranéen. Le "processus de Barcelone", qui associe 35 pays, existe depuis 1995, et le "dialogue méditerranéen" de l'Alliance atlantique (OTAN) vient de fêter son dixième anniversaire, sans que des progrès notables aient été enregistrés, en particulier parce que l'impasse du processus de paix israélo-palestinien annihile les velléités du dialogue politique.

Michèle Alliot-Marie a assuré que l'initiative des ministres de la défense, loin d'être concurrente, se veut complémentaire des processus qui se poursuivent dans le cadre de l'UE et de l'OTAN, bien que son approche soit différente. "On s'est rendu compte que le premier est dans l'impasse et que le second en reste au niveau des intentions", explique un diplomate. "Plutôt que de célébrer un grand accord de défense, nous avons préféré identifier les domaines où nos préoccupations sont communes. Il faut que nos experts se rencontrent, prennent l'habitude de se concerter, et il sera temps ensuite d'envisager des actions de défense proprement dites", ajoute-t-il.

Les ministres ont donc opté pour une démarche pragmatique, progressive et informelle. Le souci de la France est aussi d'inspirer confiance à des pays du Maghreb qui ont pu craindre que le projet de défense européenne ne les rejette dans une sorte de no man's land diplomatique. Pour cela, rien de tel qu'une démarche les associant peu à peu à des actions paramilitaires. Les "Dix" ont adopté un plan d'action pour une année, qui donne la priorité à la surveillance maritime, à la contribution éventuelle des forces militaires à la protection civile et à la sécurité aérienne.

L'objectif est de consolider le partenariat entre Etats des deux rives de la Méditerranée occidentale qui "expriment une perception commune des enjeux de sécurité et de protection des populations" dans la région. Le processus vise certes "à faire mieux travailler ensemble les forces armées" des pays concernés "dans des actions de coopération concrètes et rapidement réalisables", mais en commençant par des opérations qui relèvent beaucoup de la protection civile, qu'il s'agisse de la lutte contre les catastrophes naturelles (pollution marine, tremblement de terre, etc.), ou de la surveillance maritime, tâches qui nécessitent souvent de faire appel à l'armée.

ÉCHANGE D'INFORMATIONS

L'objectif de renforcer la "sécurité" de la région Méditerranée doit donc s'entendre dans son sens large, même si la lutte contre le terrorisme n'est pas oubliée. Ce domaine vise "la réduction des risques d'un usage frauduleux de la liberté de navigation qui fonde le droit maritime, et notamment l'utilisation des océans à des fins terroristes mais aussi l'exploitation illégale des zones de pêche, le transport de grandes quantités de drogue ou d'autres trafics illégaux". Les "Dix" vont, d'autre part, échanger des spécialistes embarqués sur les unités participant aux opérations de surveillance maritime et s'efforcer de systématiser l'échange d'informations en matière de sûreté aérienne.

Le large consensus qui s'est manifesté sur ces sujets entre ministres des deux rives de la Méditerranée s'est révélé moins net à propos de la lutte contre le terrorisme. Le ministre algérien de l'intérieur, Noureddine Zerhouni (qui remplaçait son collègue de la défense), a jugé "un peu excessifs" les propos du ministre portugais de la défense, Paulo Portas, pour qui "les menaces se renforcent au sud de l'Europe". La menace, a insisté le représentant de l'Algérie, vient aussi "du cœur de l'Europe".

M. Zerhouni a réfuté la thèse selon laquelle le terrorisme serait "spécifiquement islamiste", et assuré que la simple présence de représentants de l'Algérie et du Maroc à cette réunion prouve que le règlement du conflit du Sahara occidental ne constitue pas un préalable à une coopération régionale. Or ce sont précisément ces querelles entre pays du sud de la Méditerranée qui constituent le principal handicap du dialogue méditerranéen.

Laurent Zecchini

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 23.12.04
 
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