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La Palestine face au suprémacisme nazi-sioniste
13 décembre 2023 15:15
Article écrit par Thierry Meyssan, glaçant de vérité !

En quelques mois, Israël, qui avait une longue tradition contradictoire, à la fois démocratique et criminelle, a sombré. Ses lois fondamentales ont été réformées et son Premier ministre a organisé, avec la complicité des Frères musulmans, un prétexte sanglant pour liquider le peuple palestinien.

Depuis lors, la classe dirigeante israélienne est prise d’une sorte de folie suprémaciste. Elle ne fait que parler d’éradication du Hamas et de transfert forcé des Gazaouis. Sous nos yeux, nous assistons à un génocide, en direct sur les réseaux sociaux.

Toutes les citations de cet article ont été prononcées ou écrites au cours des deux derniers mois.

Nous savons tous que les idéologies suprémacistes donnent lieu à des massacres inouïs. Dans les dernières années, nous avons assisté au génocide des Tutsis par le Hutu Power, ou à celui des Yazidis par Daech. Dans les deux cas, il ne s’agissait pas de se débarrasser d’opposants politiques, mais d’éliminer physiquement un groupe de population jugé non-humain.

Au cours des deux derniers mois, de nombreuses personnalités israéliennes ont assimilé tous les Palestiniens aux crimes du Hamas et manifesté leur mépris pour l’ensemble de leur peuple. Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, les a qualifié d’«animaux humains». Certaines personnalités en ont conclu que la guerre devait être «totale».

À titre d’exemple :

• Le député Nissim Vaturi (Likoud), vice-président de la Knesset, a écrit sur X «Toute cette préoccupation quant à savoir s’il y a ou non de l’Internet à Gaza montre que nous n’avons rien appris. Nous sommes trop humains (…) Brûlez Gaza maintenant, rien de moins ! Ne laissez pas entrer de carburant, ne laissez pas entrer d’eau jusqu’au retour des otages !».

• Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a déclaré : «Nous sommes très heureux pour le retour des otages libérés, mais maintenant l’idée d’une trêve a fait son chemin. Convenir d’arrêter [la guerre] davantage serait une terrible erreur qui ne fait que traduire de la faiblesse (…) Nous devons rompre tous les liens et négociations avec le Hamas et les médiateurs et ne regarder l’ennemi que par la lunette d’un fusil».

• Le ministre du Patrimoine, Amichai Eliyahu, a déclaré à Radio Kol Berama qu’Israël envisageait d’utiliser l’arme atomique à Gaza : «c’est une solution… c’est une option». Il a ensuite comparé les résidents de la bande de Gaza aux «nazis», en assurant qu’«il n’y a pas de non-combattants à Gaza» et que le territoire ne mérite pas d’aide humanitaire. «Il n’y a pas de peuple non impliqué à Gaza».

Sur cette base idéologique, des dirigeants israéliens et européens ont d’abord évoqué le «rêve» des «sionistes révisionnistes» – c’est-à-dire des disciple de l’Ukrainien Vladimir Jabotinski (1880-1940) – : l’expulsion forcée de tous les Palestiniens ou leur massacre.

Voici la préparation de ce crime :

• Le député Eliyahu Revivo (Likoud) a écrit à la Commission des nominations afin que le mot Gaza ne corresponde plus à aucun lieu et ne figure plus sur aucun panneau de signalisation. Selon lui, «Il ne fait aucun doute que le nom «Gaza» est immédiatement associé à une connotation négative et maléfique».

• La ministre du Renseignement, Gila Gamliel, a rédigé le 13 octobre une note à l’attention du gouvernement de coalition (aucun ministre d’opposition ne l’avait alors rejoint). Intitulée Alternatives à une directive politique pour la population civile à Gaza, elle préconise d’expulser les 2,2 millions de Gazaouis vers le Sinaï égyptien1. Ce texte ayant fuité le 29 octobre, le cabinet du premier ministre a assuré les journalistes étrangers que Gila Gamliel était une ministre sans importance qui écrivait n’importe quoi pour faire parler d’elle.

• Un ami personnel du Premier ministre, Amir Weitman, a rédigé pour l’Institute for National Security and Zionist Strategy un rapport intitulé Plan de réinstallation et de réhabilitation définitive en Égypte de l’ensemble de la population de Gaza : aspects économiques2. Il y estime le coût de la relocalisation forcée de la population de Gaza au Sinaï à environ 8 milliards de dollars. Ce Likoudnik considère par ailleurs que la Russie est le seul responsable des massacres en cours.

• Le général Giora Eiland, ancien conseiller national de Sécurité d’Ariel Sharon, déclare fin octobre : «Gaza doit devenir un lieu où aucun être humain ne pourra vivre, et je le dis comme un moyen plutôt qu’une fin. Je le dis parce qu’il n’y a pas d’autre option pour assurer la sécurité de l’État israélien. Nous luttons contre une guerre qui menace notre existence».



Modifié 1 fois. Dernière modification le 13/12/23 15:20 par enicnaY.
13 décembre 2023 15:16
• Deux parlementaires Danny Danon (Likoud) et Ram Ben- Barak (Yesh Atid), publient le 14 novembre, une tribune libre dans le Wall Street Journal3. Ils y écrivent : «L’Europe a une longue histoire d’aide aux réfugiés fuyant des conflits (…) La communauté internationale peut collaborer à fournir un financement ponctuel des programmes de soutien aux Gazaouis intéressés à déménager. Elle peut aider aux frais de déménagement et à leur intégration. Nous avons simplement besoin qu’une poignée de nations partagent la responsabilité en accueillant des résidents de Gaza. Même si ces pays n’en recevaient que 10 000 chacun, cela contribuerait à atténuer la crise».

• La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, se rend au Caire le 18 novembre. Elle tente d’abord de persuader l’Égypte d’ouvrir sa frontière et de donner asile aux 2,2 millions de Gazaouis. Puis, face au refus du général-président Al-Sissi, elle propose d’installer un gigantesque campement pour héberger transitoirement les Gazaouis au Sinaï, le temps de les transférer vers d’autres États, dont l’Allemagne et la France.

• Gila Gamliel revient alors à la charge, le 19 novembre, en publiant une tribune libre dans le Jerusalem Post4, elle y écrit : «Certains dirigeants du monde discutent déjà d’un programme mondial de réinstallation des réfugiés et disent qu’ils accueilleraient les habitants de Gaza dans leur pays. Cela pourrait être appuyé par de nombreux pays du monde, en particulier ceux qui prétendent être des amis des Palestiniens (…) Nous devons essayer quelque chose de nouveau, et nous appelons la communauté internationale à contribuer à le faire. Il pourrait s’agir d’une solution gagnant-gagnant : une victoire pour les civils de Gaza [sic] qui cherchent une vie meilleure et une victoire pour l’État hébreu après cette tragédie dévastatrice».

Cependant, les images du massacre en direct sur les réseaux sociaux, ont soulevé l’indignation de 95% des Internautes. 20 000 Palestiniens ont été tués si l’on additionne les corps retrouvés et les cadavres des disparus, toujours sous les décombres. L’administration Biden, qui fournit les bombes pour les tuer, a été contrainte de prétendre faire pression sur le gouvernement israélien pour qu’il «fasse preuve de retenue». Une rhétorique qui ne correspond pas aux actes puisque les FDI n’ont pas de bombes d’avance et que Washington continue à leur en fournir. Cependant, sachant que la campagne électorale présidentielle débute aux USA, Joe Biden sera, à un moment donné, forcé d’interrompre ses livraisons et donc de faire cesser le massacre, faute d’armes pour le continuer. Les dirigeants israéliens en viennent donc à envisager que les Palestiniens resteront chez eux et qu’il faudra leur désigner un gouvernement, sachant que le Hamas devra en être exclu. Deux options sont envisagées :

Installer une administration internationale provisoire, sous mandat de l’ONU
Cependant, aucun État n’est candidat ni au déploiement de troupes arborant le casque bleue des Nations unies, ni à la gestion des Territoires palestiniens.

Créer une administration palestinienne
• L’ancien ministre d’État pour la Sécurité du gouvernement Abbas, Mohamed Dahlan, éxilé aux Émirats arabes unis, fait la tournée des plateaux de télévision arabes. Il est à l’évidence candidat à diriger une «Autorité palestinienne renouvelée» (sic). Il a envoyé son adjoint du «Bloc de la réforme démocratique», Samir al-Mash’harawi, rencontrer une délégation du Hamas au Caire. Un accord entre les uns et les autres a été conclu.

• Le président Mahmoud Abbas est également candidat à sa propre succession. Cependant l’ambiguïté de sa position face au massacre le rend encore moins légitime aujourd’hui qu’avant ce massacre.

Au passage, si les Territoires palestiniens sont maintenus, de nombreux dirigeants israéliens souhaitent les coloniser progressivement.

• Itamar Ben-Gvir, le ministre de la Sécurité nationale, a déclaré lors d’une interview à la radio publique Kan Sunday : «Après que les colonies de Gush Katif ont été évacuées [en 2005], le monde a changé ; la réalité a changé (…) Ce dont nous avons besoin ici, c’est d’une occupation. Chaque fois que nos ennemis ont perdu des territoires, ils ont perdu la guerre. Nous devrions avoir un contrôle total ; cela dissuadera nos ennemis, leur faire savoir que nous avons gagné et que nous permettons aux résidents de rentrer chez eux. Je n’ai pas peur que les Israéliens se réinstallent à Gaza».

• Yoav Kisch, le ministre de l’Éducation, a déclaré qu’il n’excluait pas un scénario dans lequel il reconstruirait des colonies de peuplement dans la bande de Gaza. Un projet de loi a été déposé à la Knesset afin de rétablir le droit de libre circulation des Israéliens dans la bande de Gaza. Le gouvernement d’union a testé plusieurs États alliés à ce sujet. Il semble qu’ils exprimeraient leur mécontentement, mais ne rompraient pas pour autant leurs liens avec l’«État juif».
13 décembre 2023 15:19
• Bezalel Smotrich, le ministre des Finances, chargé de l’administration civile de la Cisjordanie, a appelé à créer des zones de sécurité autour des colonies de Cisjordanie. Cette stratégie pourrait permettre, à terme, de les étendre.

Évidemment, tous les Israéliens ne soutiennent pas l’aveuglement et la fureur de leurs dirigeants.

• Le cabinet du Premier ministre refuse de travailler avec l’équipe militaire chargée de la réparation des infrastructures. En effet, celle-ci est commandée par le général Roni Numa, qui a déposé une requête devant la Cour suprême contre la «réforme» des lois fondamentales du pays, qu’il a qualifiée de «coup d’État».

• La ministre de l’Information, Distel Atbaryan, a démissionné, refusant d’avaler plus de couleuvres encore. Les FDI ne cessent de censurer la presse israélienne à l’occasion de cette guerre, y compris sur des sujets politiques sans lien avec elle.

• Le Premier ministre a fait interdire toute manifestation en soutien à la population civile de Gaza. Une organisation arabe israélienne, Adalah, et le parti Hadash ont porté l’affaire devant la Haute Cour.

• Les habitants de Kafr Aqab, un quartier de Jérusalem-Est où le gouvernement israélien espérait cantonner la capitale d’un éventuel État palestinien, y sont enfermés après 17 heures.

• Le ministre de la Sécurité, Itamar Ben-Gvir, s’en est pris à trois juges arabes israéliens. Ils n’avaient pas, à ses yeux, suffisamment condamné Maisa Abdel-Had, une actrice qui avait exprimé sa solidarité avec les populations expulsées de Jérusalem-Est ; contre un vieil homme qui dénonçait les conditions d’incarcération des prisonniers palestiniens ; ou encore refuse de divulguer le nom d’un prévenu accusé d’être pro-Hamas.

• Un professeur d’Instruction civique et d’Histoire, le pacifiste juif Meir Baruchin, a été arrêté et incarcéré par le Shin Bet pour avoir publié un tweet énumérant les noms et âges de six jeunes Palestiniens, de 14 à 24 ans, tués à Gaza avec la mention : «Ils sont nés sous l’occupation. Y ont vécu toute leur vie. Ils n’ont jamais connu un seul jour de liberté. Ils ont été exécutés par nos merveilleux garçons».

• Les députées Aida Touma-Sliman (Hadash-Ta’al) et Iman Khatib-Yassin (Liste arabe unie) ont été suspendues de la Knesset avec retenue de salaire. Elles avaient observé que des crimes attribués au Hamas étaient en réalité des victimes israéliennes collatérales des FDI.

Pour mener sa guerre, le gouvernement d’urgence a été contraint de mobiliser presque tous les juifs (pas les arabes) en âge de se battre. Cependant le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, a eu peur que certains se révoltent et refusent d’obéir à des ordres criminels. C’est pourquoi il a installé à l’avance, au sein des FDI, une nouvelle procédure de désignation des cibles. Par le passé, l’état-major parvenait péniblement à en choisir une centaine par jour. Les officiers devaient veiller à limiter les dommages collatéraux. Désormais, personne ne choisit, ce sont des logiciels qui les sélectionnent. Il n’y a plus de responsabilité humaine, donc plus personne pour s’opposer à des ordres criminels. La machine en sélectionne cinq cents par jours. Elle n’informe plus des dommages collatéraux possibles. Moins on n’en sait, mieux cela fonctionne.

Des images viennent d’être diffusées sur les réseaux sociaux. On y voit des Palestiniens qui ont été arrêtés par les FDI. Ce sont des hommes qui ont été interpellés parce qu’ils se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment. Peut-être un membre du Hamas s’est-il mêlé à eux. Ils sont en sous-vêtements, sans chaussures, à genoux sous les armes qui les menacent. Par la suite, ils sont emmenés, toujours sans vêtements, dans des camions bennes, vers des centres d’interrogatoires. L’attorney général Galia Baharav-Miara a autorisé leur détention 60 jours sans avoir de contact avec un médecin ou un avocat. Au bout de 60 jours, il ne sera plus possible de trouver de traces de leur torture.


source : [www.voltairenet.org]
13 décembre 2023 15:54
La rapacité suprémaciste est une pathologie criminelle terminale, une folie génocidaire impériale occidentale et tout particulièrement israélienne qui consiste en l’incapacité de vivre en paix et harmonieusement avec autrui, bref de vivre et de laisser vivre…

Cette pathologie, qui est tout d’abord haine viscérale de soi, mène tout droit à une déshumanisation intégrale de soi-même qui s’assouvit à la fin par l’anéantissement de l’humanité et du monde, triomphe de Thanatos!
13 décembre 2023 21:09
Qui osera dire qu’il ne savait pas ?

par Monique Étienne

S’il y a une occupation et une colonisation visibles à l’heure des drones et d’internet, c’est bien en Palestine. Il suffit de se rendre à Jérusalem dans le quartier de Sheikh Jarrah, de se heurter au mur d’annexion – pudiquement appelé barrière de séparation – à Kalandia ou Bethléem, de prendre n’importe quelle route réservée aux colons qui traversent la Cisjordanie pour prendre conscience du cancer que représentent les colonies qui mitent le territoire pour ne laisser aux Palestiniens que des confettis.

Celui qui ne sait pas, ne veut pas voir !
En majorité, les Israéliens ont fermé les yeux devant l’intolérable injustice subie par les Palestiniens ! Pire ils ont voulu ignorer l’existence de ce peuple, cautionnant la colonisation explosive dans les territoires occupés depuis trente ans qui a tué les «Accords d’Oslo» et rendu impossible la solution à deux États, pourtant rabâchée comme un mantra par les puissances occidentales chargées de la faire appliquer.

La réalité vient de les rattraper : le peuple palestinien existe ! On ne peut pas enterrer la résistance d’un peuple contre l’oppression qu’il subit ! Malheureusement, cela s’est produit dans la terreur pour des civils israéliens. Il a fallu le prix du sang pour qu’on reparle de la Palestine !

75 ans de Nakba, d’oppression, de négation de leurs droits ! 75 ans de sumud pour un peuple épuisé, expulsé de ses terres, fragmenté en autant d’enclaves, séparé par l’occupation : depuis 1993, Gaza est coupée de la Cisjordanie, ainsi que Jérusalem, au mépris du droit international qui spécifie que la puissance occupante n’a pas le droit de modifier les frontières, d’empêcher les gens de circuler, de travailler.

Depuis 75 ans, les Palestiniens vivent dans l’insécurité et la violence d’une répression terrifiante qui ne leur laisse pas de répit : arrestations massives – je ne connais aucun Palestinien qui n’ait pas un membre de sa famille en prison ; villages séparés de leurs terres par le mur, maisons encerclées, check-points qui rendent la circulation impossible, oliviers coupés ou récolte des olives empêchée, universités attaquées. Sans parler des 16 ans de blocus illégal de Gaza et des quatre guerres meurtrières menées contre sa population.

À Jérusalem, dans la vallée du Jourdain, dans les collines du sud d’Hébron ils subissent une politique de nettoyage ethnique. Il y a un an, j’ai rencontré des Jérusalémites chassés de leurs maisons par une décision arbitraire de la Cour de justice israélienne qui s’appuie sur un corpus de lois iniques, héritées tantôt de l’empire ottoman ou britannique ou bien israélienne – comme la loi des absents – pour se donner une caution juridique. Il faut entendre le témoignage bouleversant de cette artiste, réfugiée de 1948 à Jérusalem, raconter avec quelle violence sa maison a été démolie au petit matin, celui de cet autre qui a dû lui-même la détruire pour ne pas avoir à payer en plus les bulldozers israéliens ; rencontrer des femmes, des enfants harcelés par les colons qui veulent les déloger comme à Beita, à Huwara ou à Wadi Fukin ; écouter les Bédouins de la vallée du Jourdain ou des collines du sud d’Hébron en territoires occupés mais aussi ceux du Naqab, en Israël, décrire la destruction de leur village, leurs troupeaux décimés, leurs citernes d’eau vidées par les colons ; avoir vu les sources détournées par les colonies comme à Al Auja près de Jéricho. Je n’en finirai pas de décliner la longue litanie des crimes commis par Israël. Ceci bien avant Netanyahou et ses ministres fascistes.

L’occupation, la colonisation sont les péchés volontairement ignorés par le peuple israélien, exception faite d’une poignée de «justes» qui s’opposent à la colonisation. Pour moi qui ai grandi pendant la guerre d’Algérie, j’ai souvent pensé que si les Israéliens ne voulaient pas voir combien l’occupation pourrissait leur société, s’ils continuaient de cautionner ce régime d’apartheid, ils risquaient de subir le drame des Pieds-noirs d’Algérie. Et j’ai souvent répondu à nos détracteurs, lors de mes débats publics, que les meilleurs défenseurs du peuple israélien, c’étaient nous qui avions le courage de dire : stop à l’impunité d’Israël, il faut mettre un terme à l’injustice subie par les opprimés sinon l’explosion sera terrible !

Ceux-là même qui en France versent des larmes pour les crimes du Hamas, n’ont pas levé le petit doigt, malgré les cris d’alerte de ceux qui s’appuient sur le droit international systématiquement bafoué par Israël. Il y a pourtant eu les rapports de B’Tselem, de Human Rights Watch, d’Amnesty International dénonçant de manière très argumentée les crimes d’apartheid commis par Israël.
13 décembre 2023 21:11
La complaisance et la lâcheté de l’UE
La responsabilité des puissances occidentales est énorme et le sentiment des Palestiniens du «deux poids deux mesures» nourrit leur colère. Lors de notre mission en 2022, nous ne pouvions pas rencontrer un Palestinien sans qu’il nous dise son indignation devant la célérité de l’Union européenne à voter des sanctions contre la Russie pour défendre l’Ukraine alors que rien n’était fait pour contraindre Israël à appliquer le droit.

Non seulement, aucune sanction n’est appliquée à Israël, mais on cherche à criminaliser ceux qui condamnent ce régime d’apartheid et combattent l’idéologie sioniste. La volonté d’assimiler l’anti-sionisme à une «nouvelle forme» d’antisémitisme, est non seulement scandaleuse mais conduit malheureusement à une confusion qui ne peut que renforcer l’antisémitisme. De la même façon, chercher à expliquer les causes du conflit pour comprendre le drame d’aujourd’hui reviendrait à justifier les crimes du Hamas pour ces inconditionnels du droit absolu d’Israël à se défendre. Le cercle vicieux se referme et paralyse la réflexion.

Pour mémoire, je me souviens qu’en 2003, au début de la seconde Intifada, pour combattre la résurgence de l’antisémitisme, Leila Shahid, alors déléguée générale de Palestine en France, Dominique Vidal, historien, fils de déporté et Michel Warshawski, israélien anti-colonialiste, avaient entrepris un cycle de rencontres dans les cités populaires des quartiers dits «sensibles» afin de combattre les préjugés contre les juifs et d’expliquer la nature du conflit. Très vite leurs voix avaient été ballonnées par les préfets qui craignaient pour l’ordre public.

Pour en rajouter sur la complicité de l’Europe et de la France, ce que Leila Shahid appelait «la lâcheté de l’Union européenne», je dénonce leur attentisme après les accords d’Oslo, où tout pouvait se résoudre, à condition de faire pression sur Israël : pas un mot pour stopper la colonisation galopante, la fermeture de Jérusalem et des Institutions palestiniennes de la ville ; pas un mot pour exiger l’ouverture d’un corridor entre Gaza et la Cisjordanie. Pire, après l’échec de Camp David, sous les coups de boutoir de Ehoud Barak et de Ariel Sharon, Yasser Arafat avait appelé la communauté internationale à la reconnaissance de l’État palestinien, début 2000, date à laquelle le statut final des Accords de Paix aurait dû être validé. Cela aurait constitué un acte fort mettant Israël et son allié étasunien au pied du mur. Qui a demandé aux Palestiniens d’attendre qu’Israël et les EU soient prêts : l’Union européenne et la France !

Je ne vais pas développer ici, l’échec d’Oslo, ce serait trop long ! Le seul témoignage que je voudrais apporter, pour l’avoir vécu, c’est l’immense espoir qu’avait suscité cet accord de reconnaissance mutuelle auprès des organisations populaires des femmes et de la société civile palestinienne qui avaient conduit cette résistance exemplaire pendant l’Intifada. Certes l’OLP avait fait une concession de taille en acceptant de construire leur État sur 22% de la Palestine historique, mais pour celles et ceux qui ont eu la chance de vivre ces premiers mois, quelle bouffée d’air pour le peuple, pour les femmes après des années d’occupation militaire, de pouvoir espérer construire leurs institutions, revendiquer leurs droits, exister enfin ! Certainement qu’il n’y a pas eu assez de vigilance face aux signaux d’alerte : le bouclage de Jérusalem, l’extension des colonies. Excès de confiance en la parole donnée par Rabin, bientôt assassiné ! Foi dans un processus qui devait conduire à un statut final sur les questions fondamentales sans cesse repoussées par l’occupant israélien qui, pendant ce temps, mettait en place méticuleusement les instruments du dépeçage «provisoire» de la Cisjordanie en la morcelant en trois zones A,B,C (un provisoire qui deviendrait définitif) et en isolant toujours plus Gaza et Jérusalem.
13 décembre 2023 21:13
En novembre 1999, j’étais dans les camps de réfugiés au Liban, avant de me rendre à Ramallah pour fêter l’État palestinien quand Sharon a déboulé sur l’Esplanade des Mosquées, déclenchant l’Intifada et sa terrible répression qui déboucherait sur l’enfermement d’Arafat dans la Muqata et la destruction de toute l’infrastructure de l’Autorité palestinienne ; ce qui aura des conséquences quant au succès du Hamas aux élections de 2006. J’ai vécu directement l’horreur des jeunes lanceurs de pierres tués sur les cheks points puis, en 2002, l’agression barbare nommée «opération remparts», constatant les ruines de tous les ministères, des muqatas, effondrées comme un millefeuille dans chaque région, les trottoirs réduits en dentelles, les voitures écrabouillées en de surréalistes statues de César, les maisons des camps de réfugiés éventrées par les chars dans les ruelles de Deheishe, Balata, Jabalya, sans parler du massacre dans le camp de Jenin. J’ai recueilli les récits des gens, envahis dans leur maison saccagée par la soldatesque, enfermés dans une seule pièce. J’ai vécu les sièges sans fin de Naplouse et de Bethléem. Les routes bloquées par des check points qui empêchaient toute vie sociale et économique. Il y a eu les bombardements démentiels à Khan Younis dans la bande de Gaza, l’aéroport et le port en constructions avec des fonds européens détruits, les canalisations d’eau coupées. Déjà.

Je me souviens de la colère de l’attaché culturel du Consulat de France à Jérusalem disant que l’Europe se contentait de mettre des rustines en finançant des projets qu’Israël s’empressait de détruire sans qu’on lui demande aucun dédommagement.

Et puis, toujours en 2002, je découvrais le mur, la terre bouleversée, les oliviers arrachés pour construire cette monstruosité qui dessinait les contours de l’annexion en suivant les projets d’extension des colonies. Mur qui, il faut le rappeler a été condamné par la Cour internationale de Justice sans effet sur la politique israélienne de colonisation. Et, malgré tout, une résistance populaire admirable qui s’organisait dans les villages menacés par le mur.

Enfin, lors d’une mission en 2005 avec des élus dont Jean Louis Bianco, alors député et président du Conseil général des Alpes de Haute Provence, juste après la mort d’Arafat et l’élection de Mahmoud Abbas, nous avions rencontré le ministère des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne et les responsables de partis de l’OLP dont ceux de l’initiative de Genève. Tous nous avaient alertés : «si l’Europe ne fait rien pour obliger Israël à stopper la colonisation, à permettre l’accès à Jérusalem et à la Bande de Gaza, si le mur continue à détruire nos terres, c’est le Hamas qui va gagner. Nous avons besoin de l’intervention de l’UE…» Rien ne s’est passé et le Hamas a été élu démocratiquement. Ce n’était pas un vote idéologique, mais l’expression d’une colère, et un avertissement à l’Autorité palestinienne pour qu’elle refuse la coopération sécuritaire avec l’armée d’occupation et soutienne la résistance populaire contre la colonisation.

L’Europe aurait encore pu jouer un rôle positif après ces élections si elle n’avait pas suivi, une fois de plus les EU et Israël, en bloquant toute possibilité pour l’Autorité palestinienne de constituer un gouvernement d’union nationale avec le Hamas ; l’UE suspendit aussitôt son aide budgétaire ainsi que tout projet mené en coopération avec le gouvernement. Un nouveau mécanisme d’assistance fut établi dans lequel le secteur privé et les ONG locales et internationales furent invités à se substituer à l’AP. Ce boycott diplomatique et financier conduisit à une crise politique sans précédent et au durcissement des divisions inter-palestiniennes.

La suite, on la connait : la guerre entre factions rivales à Gaza débouchant sur le coup de force du Hamas, le blocus de Gaza, la dérive de la démocratie israélienne vers le suprémacisme juif et l’accentuation de la politique d’apartheid.

Non, on ne pourra pas dire qu’on ne savait pas !
Il faut avoir tout cela en mémoire pour comprendre la rage des opprimés à qui on ne laisse aucune solution que la violence. Car quoique fassent les Palestiniens, qu’ils lancent des pierres, protestent en masse sur les checks-points, manifestent pacifiquement contre le mur dans les villages menacés, s’opposent aux expulsions de leur maison à Jérusalem, organisent des actions de confusion nocturne pour rendre la vie des colons insupportable ; ce sont toujours des terroristes pour la puissance occupante ! En 2000, après l’échec des accords de Camp David, le travailliste Ehud Barak avait déclaré qu’il n’y avait plus d’interlocuteur palestinien ! Depuis 23 ans, pas un seul gouvernement israélien n’a repris des négociations sérieuses avec l’Autorité palestinienne.
13 décembre 2023 21:14
Aujourd’hui, à Gaza, il y danger de génocide et d’une nouvelle Nakba. Les colons se sentent les mains libres pour expulser les Palestiniens de leur terre en Cisjordanie, l’armée pour en finir avec la résistance dans les camps de réfugiés. Chaque jour, des morts dans le camp de Jenin. C’est toute une jeunesse qui est assassinée !

Eradiquer le Hamas, disent-ils ! Et tous nos thuriféraires médiatiques de renchérir. Surtout pas de cessez le feu : il faut en finir avec les terroristes. C’est certainement pour «éradiquer le Hamas» que la violence prend des accents de pogroms en Cisjordanie, que la ferme de Fayez et Mona, à Tulkarem, a été une fois de plus, détruite.

De dangereux terroristes ? Fayez et Mona sont un couple merveilleux, qui ont subi toutes les injustices qui résument la Palestine… Lui est communiste, les deux sont enfants de réfugiés ; Mona a grandi au camp de Balata, c’est une enfant de la première Intifada. Ils se battent dans un combat inégal pour défendre leur terre qui a le malheur de se trouver le long de la ligne verte. Leur exploitation avait déjà été détruite trois fois au moment de la seconde Intifada. Ils ont perdu beaucoup d’hectares par le mur qui passe sur leur propriété prise en tenaille entre ce mur et une usine chimique israélienne de type Seveso. Avec acharnement, Mona et Fayez ont reconstruit leur ferme dans un choix écologique de développement durable, innovant dans la permaculture, la protection des semences ; recevant des jeunes étudiants pour les sensibiliser à la souveraineté alimentaire. Fayez et Mona sont des résistants non violents de tous les combats. L’action de l’armée d’occupation détruisant de nouveau leur ferme démontre si nous avions besoin de preuves que ce qui se joue aujourd’hui, c’est bien la volonté d’en finir avec les Palestiniens.

Voilà le piège de la revanche orchestré par Israël
Aujourd’hui, Gaza anéantie, plus de 20 000 morts, plus de 5000 enfants tués, des dizaines de milliers de blessés, une situation sanitaire désastreuse, des centaines de Palestiniens assassinés en Cisjordanie.

«Réduire en cendres Gaza est une tragédie sans nom qui se déroule avec la bonne conscience occidentale de légitime défense d’Israël. Et après les massacres, quoi ?» Interroge Denis Sieffert dans Politis.

La seule solution : revenir au droit international. Exiger la fin de l’occupation et de la colonisation, le respect des droits des Palestiniens à leur souveraineté, et travailler à une solution politique. Et dans l’urgence : cessez le feu ! Qui aura le courage de sire «Stop !» à Israël ?

[www.legrandsoir.info]
d
13 décembre 2023 21:54
Texte très juste comme on en lit très rarement dans la presse française.
Pour ce qui est des journaux "d'information" télé c'est la propagande totale.


Citation
enicnaY a écrit:
Aujourd’hui, à Gaza, il y danger de génocide et d’une nouvelle Nakba. Les colons se sentent les mains libres pour expulser les Palestiniens de leur terre en Cisjordanie, l’armée pour en finir avec la résistance dans les camps de réfugiés. Chaque jour, des morts dans le camp de Jenin. C’est toute une jeunesse qui est assassinée !

Eradiquer le Hamas, disent-ils ! Et tous nos thuriféraires médiatiques de renchérir. Surtout pas de cessez le feu : il faut en finir avec les terroristes. C’est certainement pour «éradiquer le Hamas» que la violence prend des accents de pogroms en Cisjordanie, que la ferme de Fayez et Mona, à Tulkarem, a été une fois de plus, détruite.

De dangereux terroristes ? Fayez et Mona sont un couple merveilleux, qui ont subi toutes les injustices qui résument la Palestine… Lui est communiste, les deux sont enfants de réfugiés ; Mona a grandi au camp de Balata, c’est une enfant de la première Intifada. Ils se battent dans un combat inégal pour défendre leur terre qui a le malheur de se trouver le long de la ligne verte. Leur exploitation avait déjà été détruite trois fois au moment de la seconde Intifada. Ils ont perdu beaucoup d’hectares par le mur qui passe sur leur propriété prise en tenaille entre ce mur et une usine chimique israélienne de type Seveso. Avec acharnement, Mona et Fayez ont reconstruit leur ferme dans un choix écologique de développement durable, innovant dans la permaculture, la protection des semences ; recevant des jeunes étudiants pour les sensibiliser à la souveraineté alimentaire. Fayez et Mona sont des résistants non violents de tous les combats. L’action de l’armée d’occupation détruisant de nouveau leur ferme démontre si nous avions besoin de preuves que ce qui se joue aujourd’hui, c’est bien la volonté d’en finir avec les Palestiniens.

Voilà le piège de la revanche orchestré par Israël
Aujourd’hui, Gaza anéantie, plus de 20 000 morts, plus de 5000 enfants tués, des dizaines de milliers de blessés, une situation sanitaire désastreuse, des centaines de Palestiniens assassinés en Cisjordanie.

«Réduire en cendres Gaza est une tragédie sans nom qui se déroule avec la bonne conscience occidentale de légitime défense d’Israël. Et après les massacres, quoi ?» Interroge Denis Sieffert dans Politis.

La seule solution : revenir au droit international. Exiger la fin de l’occupation et de la colonisation, le respect des droits des Palestiniens à leur souveraineté, et travailler à une solution politique. Et dans l’urgence : cessez le feu ! Qui aura le courage de sire «Stop !» à Israël ?

[www.legrandsoir.info]
14 décembre 2023 05:08
Cette presse française dominée par les sionistes évite à tout prix de rappeler des vérités simples sur Hamas , et a tendance à nous faire croire que tout e qui se passe actuellement a débuté le 7 octobre.

N'oublions pas que HAMAS est un mouvement de lutte contre le colonisateur israélien, élu démocratiquement par la population de Gaza. Certains même affirment qu’il a été créé par le Mossad pour évincer et délégitimer FATH de l’autorité de la Cisjordanie.

Si on réduit le conflit israélo-palestinien à partir du sept octobre et on ampute ces éléments historiques, on tombe dans la partialité et l’irrationnel, voire même la tricherie et le mensonge.
Citation
dudule07 a écrit:
Texte très juste comme on en lit très rarement dans la presse française.
Pour ce qui est des journaux "d'information" télé c'est la propagande totale.
14 décembre 2023 05:17
Ce mêmes médias versent dans les mensonges et la désinformation, dans l’endoctrinement et l’intoxication des esprits pour vitrifier et abrutir notre système cognitif. Le rôle des médias mainstream est sans équivoque. Ainsi, les massacres horribles perpétrés à Gaza depuis le 8 octobre ont été couverts par une avalanche de mensonges et de tromperies sans relâche.

Évidemment, le but est double, d’une part légitimer ces massacres. D’autre part décrier, noircir et discréditer HAMAS.

À titre d’exemple, les quarante bébés assassinés, le bébé au four, le viol des jeunes femmes, etc. Tout a été démenti. Le monde entier a suivi cette mascarade, cette comédie, cette singerie. La fourberie et l’imposture des sionistes ne trompent plus personne. Le monde entier est rassasié. Personne n’est dupe. Si par hasard Goebbels se réveille, il sera sidéré de l’énormité et l’exagération de ces mensonges.
Citation
dudule07 a écrit:
Texte très juste comme on en lit très rarement dans la presse française.
Pour ce qui est des journaux "d'information" télé c'est la propagande totale.
d
14 décembre 2023 10:20
Concernant ces "médias", nombre d'entre eux et pas des moindres appartiennent à qui vous savez.
Ils servent strictement leur intérêt.
Citation
enicnaY a écrit:
Ce mêmes médias versent dans les mensonges et la désinformation, dans l’endoctrinement et l’intoxication des esprits pour vitrifier et abrutir notre système cognitif. Le rôle des médias mainstream est sans équivoque. Ainsi, les massacres horribles perpétrés à Gaza depuis le 8 octobre ont été couverts par une avalanche de mensonges et de tromperies sans relâche.

Évidemment, le but est double, d’une part légitimer ces massacres. D’autre part décrier, noircir et discréditer HAMAS.

À titre d’exemple, les quarante bébés assassinés, le bébé au four, le viol des jeunes femmes, etc. Tout a été démenti. Le monde entier a suivi cette mascarade, cette comédie, cette singerie. La fourberie et l’imposture des sionistes ne trompent plus personne. Le monde entier est rassasié. Personne n’est dupe. Si par hasard Goebbels se réveille, il sera sidéré de l’énormité et l’exagération de ces mensonges.
 
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