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La CIA organise sa propre terreur
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5 novembre 2005 10:58
La Commission européenne évoque de possibles sanctions contre les pays membres ou candidats qui abriteraient des prisons secrètes et illégales gérées par les services secrets américains. L'existence de ces prisons avait été révélée par le Washington Post et confirmée par l'organisation Human Right Watch.
"La CIA détient et interroge certains de ses plus importants prisonniers liés à l'organisation terroriste Al-Qaida dans des prisons secrètes situées dans huit pays, dont la Thaïlande, l'Afghanistan et plusieurs pays démocratiques d'Europe de l'Est, ainsi que dans un petit centre faisant partie de la prison de Guantanamo Bay, à Cuba. Dans des documents officiels frappés du sceau de la confidentialité, ces prisons sont surnommées 'sites noirs'." Cette révélation a été faite par le Washington Post qui cite, sans les dévoiler, des sources américaines et étrangères qui seraient bien informées des arrangements conclus entre les Etats-Unis et ces pays.

Le journal, qui consacre un long article à ce sujet, précise que ces prisons secrètes font partie du système de détention mis en place par la CIA depuis près de quatre ans. "Un système conçu durant les premiers mois qui ont suivi les attaques du 11 septembre 2001, une période chaotique, marquée par l'inquiétude et par l'idée qu'une autre attaque était imminente." Actuellement, il y aurait plus de 100 "prisonniers fantômes", dont l'identité est officiellement inconnue, détenus dans ce réseau secret de prisons.
La Pologne et la Roumanie seraient parmi les pays d'Europe de l'Est où se trouvent certains de ces "sites noirs", ajoute le Financial Times, en citant Tom Malinowski, directeur de l'organisation non gouvernementale Human Right Watch à Washington. Leszek Laszczak, porte-parole du ministère de la Défense en Pologne, a cependant formellement démenti "la présence de personnes suspectées d'activités terroristes dans les bases militaires situées sur le territoire de la République polonaise, que cela soit dans le cadre d'un accord avec le gouvernement américain ou avec une autre institution américaine", poursuit le quotidien britannique. De même, le Premier ministre roumain Calin Tariceanu a démenti l'existence de "sites noirs" sur le territoire de son pays.

Pourtant, la Commission européenne n'a pas tardé à réagir, annonçant qu'elle allait examiner l'affaire. Un minimum, s'emporte le quotidien espagnol El País : "L'Union européenne ne doit pas tolérer qu'existent sur son territoire des 'sites noirs' carcéraux se situant en marge du droit européen et international. L'annonce par la Commission européenne d'un simple examen et d'une recompilation des informations du Washington Post ne suffisent pas : une enquête en bonne et due forme est nécessaire, et si les informations sont vérifiées, il faudra appliquer des sanctions à l'encontre des pays qui ont enfreint la loi et condamner les Etats-Unis pour ces pratiques qui alimentent le terrorisme au lieu d'être d'une quelconque utilité pour éradiquer ce fléau."

Frisco Roscam Abbing, porte-parole du commissaire à la Justice, cité par l'International Herald Tribune, a d'ores et déjà annoncé que "des sanctions pourraient être envisagées, notamment à l'encontre de la Pologne qui a intégré l'Union l'année dernière. Quant à la Roumanie, son admission au sein de l'UE, prévue pour 2007, pourrait être remise en cause."

De son côté, la Thaïlande, autre pays incriminé par l'article du Washington Post, a affirmé par la voix de son Premier ministre, Thaksin Shinawatra, que son territoire n'abrite aucun centre de détention de la CIA pour des individus suspects d'appartenir à Al-Qaida. Concernant la Thaïlande, ainsi que pour l'Afghanistan et le centre situé dans la prison de Guantanamo, le Washington Post précise d'ailleurs que "ces sites noirs ont été fermés".

Aux Etats-Unis, les révélations du Washington Post viennent nourrir le débat enflammé qui agite déjà depuis plusieurs mois la classe politique et les services de renseignements américains autour de l'usage de "traitements dégradants, inhumains ou cruels", contre toute personne détenue par les Etats-Unis. Pour les défenseurs de la torture, dont le chef de file n'est autre que le vice-président Dick Cheney, le recours aux interrogatoires musclés et la tenue des prisonniers au secret sont nécessaires pour mener efficacement la guerre contre le terrorisme.

Le directeur de la CIA, Porter J. Goss, partage cet avis. D'ailleurs, "les agents de la CIA ont maintes fois été accusés d'avoir joué un rôle important dans les abus commis à l'encontre des prisonniers détenus dans le centre d'Abou Ghraib en Irak et dans la prison de Guantanamo", rappelle The Guardian. La CIA utilise ces prisons situées en dehors des frontières américaines pour contourner la loi interdisant au gouvernement américain des pratiques portant atteinte aux droits de l'homme, poursuit le quotidien britannique.

Quant à la Maison-Blanche, la CIA et le ministère de la Justice américain, "ils ont refusé de s'exprimer explicitement sur le sujet", poursuit le journal. Néanmoins, estime le Washington Post, "l'administration Bush va devoir faire face ces prochains jours à un tollé de critiques sur sa politique".

Hoda Saliby
[www.courrierinternational.com]

La liberté des autres étend la mienne à l'infini.
 
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