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«N'oublions pas le martyr des prisonniers de Tindouf»
J
1 mars 2006 10:43
[www.lematin.ma]

Permettez-moi d'abord de me présenter. Je m'appelle Ali Najab. Je suis officier pilote de chasse en retraite des Forces Royales Air Marocaines. Je suis un ex-prisonnier de guerre. J'ai passé 25 ans en captivité à Tindouf, en Algérie, au même titre que quelque 2.300 autres prisonniers de guerre. Pourquoi ne pouvons-nous pas oublier ?

Parce que, dès le début de notre calvaire et durant près de 10 ans, et sous les yeux d'officiers algériens, le polisario nous entassait dans des trous sans toit, directement exposés au soleil ardent de l'été et au froid rude de l'hiver, avec uniquement deux vieilles couvertures, au mépris des articles 22-23-25 de la IIIe Convention de Genève qui insiste sur l'obligation de traiter les prisonniers de guerre humainement.

Parce que tout ce qui a été bâti au sud de Tindouf (écoles, hôpitaux, locaux administratifs, etc.), pour le compte du polisario, a été construit par les prisonniers marocains, tous grades confondus, en travaillant de force, sept jours sur sept et sous les coups de fouet, et sans sécurité de travail aucune, en violation des articles 49, 51 et 53 de la même Convention.

Nous avons été forcés de lire des textes de propagande à la radio contre notre pays et contre nos institutions. Nous avons été exposés régulièrement à la curiosité publique et forcés de faire de fausses déclarations devant la presse, devant les délégations étrangères, contre notre armée et nos institutions. Nous avons été torturés pour avoir refusé de le faire, en violation des articles 1,12 et 13 de la Convention de Genève.

Nous avons été longtemps privés de toute correspondance avec nos familles, sauf en acceptant de commencer nos lettres par des slogans hostiles à notre pays, en violation de l'article 72 de la même Convention. Nous avons été contraints de charger et de décharger des tonnes et des tonnes d'armements et de munitions destinés à être utilisés au front contre notre pays. Enfin, nous avons été privés d'une alimentation suffisante et de soins appropriés, en violation de l'article 26 de la même Convention.
De nombreux prisonniers ont souffert de maladies graves et en sont morts très rapidement.

Nous avons vu mourir trop de nos camarades sous la torture, souvent après une évasion échouée. Les évadés étaient repérés par les hélicoptères algériens, rattrapés par les unités algériennes et ramenés au polisario qui les torturait jusqu'à ce que mort s'en suive. Les derniers en date sont morts en 1998, c'est-à-dire 7 ans après le cessez-le feu (…).

Ce ne sont là que quelques exemples de nos souffrances vécues à Tindouf, en Algérie, que j'ai voulu résumer. Nous sommes obligés d'en parler parce que cela nous soulage.

Si, aujourd'hui, tous les prisonniers marocains recensés par le CICR ont été relâchés, il reste à élucider le sort de dizaines de disparus dont le sort reste inconnu. Il reste à éclaircir aussi le cas des personnes civiles et de beaucoup d'enfants que les troupes de l' algérisario (je dis algérisario parce que cette organisation n'existerait pas sans le soutien de l'Algérie) ont enlevés au cours des attaques des villes de Tantan, Labouirate et Smara en 1979, et de beaucoup d'autres endroits.

L'Algérie doit assumer l'entière responsabilité de ce qui s'est passé parce que ces prisonniers étaient détenus sur leur sol. D'abord à Tindouf et sa région au sud de l'Algérie. Ensuite au nord, à Blida, Boufarik et Jelfa tout près d'Alger. Par conséquent, l'Algérie était, elle aussi, une puissance à la fois détentrice et protectrice des prisonniers de guerre marocains, conformément aux articles 12-13-14-15 et 16 de la IIIe Convention de Genève. Et, par conséquent, l'Algérie est responsable du traitement inhumain et des tortures infligés à ces prisonniers durant plus de 25 ans (…).

Si, aujourd'hui, la libération des prisonniers de guerre marocains recensés par le CICR est terminée, un autre drame persiste toujours à Tindouf.
Celui des populations civiles sahraouies vivant dans les campements dans des conditions précaires aussi bien sur le plan alimentaire que celui de la santé et de l'hygiène. Ces populations ont été emmenées de force du Sahara vers Tindouf.
Ces familles vivent une situation dramatique car elles sont séparées de leurs enfants.

Ceux-ci ont été envoyés dans des écoles d'endoctrinement - comme «l'école du 12 octobre » - ou à Cuba, sur une île appelée « île de la Jeunesse» et ce, dans le même but.
C'est le cas de la petite Saadani Ma el Ainine, envoyée à Cuba à l'âge de 10 ans et qui n'en est revenue qu'à l'âge de 26 ans. Le plus dramatique est que son père est mort sous la torture parce qu'il avait refusé que sa petite fille soit déportée à Cuba.

Les cas d'enfants morts et enterrés sur « l'île de la Jeunesse» sont rapportés par des témoins cubains, comme le professeur universitaire Jacobo Machover, Daniel Alarcon ou encore cet ancien agent de renseignement cubain Juan Vives, qui témoigne clairement dans un livre qu'il vient de publier sous le titre «ElMagniffico» que la déportation d'enfants sahraouis en bas âge de Tindouf vers Cuba a bel et bien existé et demeure une réalité encore de nos jours.

Le polisario garde ces populations à Tindouf pour pouvoir continuer à demander de plus en plus d'aides pour des réfugiés dont le nombre est largement exagéré.
Il est donc urgent que la communauté internationale en générale et l'Onu en particulier se penchent le plus vite possible sur le drame que vivent ces populations depuis près de 30 ans.
Leur recensement devient urgent afin qu'elles ne soient plus instrumentalisées par les dirigeants du polisario qui, finalement, n'ont d'autres préoccupations que de s'enrichir sur le dos des malheureux emmenés et maintenus à Tindouf contre leur gré.

C'est pour cela, c'est pour nos camarades morts sous nos yeux et pour nos frères sahraouis retenus contre leur gré que nous ne pouvons oublier et que nous n'oublierons pas.

*Le capitaine Ali Najab, préside aujourd'hui l'Association des
ex-prisonniers de guerre marocains.
www.esisc.org
A
1 mars 2006 11:38
Bonjour Mr Jihad,

Tout d'abord, je vous présente mes remerciements pour votre dévouement à la nation et mon estime pour votre courage et votre patience à vous qu'à vos collègues ex-prisonniers.
Excusez moi , mais une simple question à formuler: pourquoi vous n'attaquez ces "gens" de tindouf à la cours internationale de Justice de la haye?.
Votre dossier est bien chargé , je pense que n'importe tribunal l'accepterait???

merci encore, et bon courage dans votre nouvelle vie.
J
1 mars 2006 12:00
Bonjour Ahfir,
j'ai trouvé cet article aujourd'hui sur le site du Matin. Il est écrit par Ali Najab, ex-prisonnier de guerre en Algérie. Et à ma connaissance, une action en justice contre l'Algérie a été déposée auprés du TPI. Si quelqu'un peut confirmer ou corriger cette information, cela serait sympa.

Amitiés

Jihad
A
1 mars 2006 12:09
Merci Jihad,

Je vais de ce pas me renseigner.
Amitiés.
 
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