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On n’échappe pas à son destin
E
28 mars 2020 21:02
Les jours s’ajoutent aux jours et c’est tout juste si maintenant les patients ne font pas la queue à la porte de l’hôpital. Nous soignants, nous sommes fatigués physiquement comme moralement.

Étais-je prédestinée moi, la brave soldate des soins aux paroles de miséricorde à me retrouver ainsi réduite à l’impuissance face à un même dénominateur commun: le coronavirus.

Que m’avait-on enseigné durant mes études d’infirmières et ma spécialisation d’IBODE: à piquer, soigner, panser, écouter, installer, aider à opérer voir guérir mais jamais à faire face à une pandémie. Ces réflexions moroses, je les rumine dans la rame du métro qui me conduit à mon travail: l’hôpital. Chaque matin, j’ignore ce qui m’attend. J’ai peur qu’au fil des semaines, il se transforme en mouroir. La mort plane en permanence à l’hôpital: elle ne connaît ni week end, ni vacances, ni quartier, ni trêves de dieu. Le virus gagne du terrain. Jusqu’au ira t’il?

Si le coronavirus ne choisit pas ses victimes, il frappe. Les bourgeois, les élus, les partis sont aussi touchés quelqu’en soient leurs âges, leurs origines, leurs religions. Par conséquent, c’est comme un train en folie dont la course s’accélère inéluctablement. Interdit de sauter en marche, il y a des mourants à bord.

Étrange, ces liens qui nous unissent aux malades. Nous nous approprions leurs douleurs au point de les ressentir au plus profond de notre chair. Elles sont là en permanence et nous les transportons avec nous. J’en viens même à m’imaginer que bientôt je vais me retrouver à leur place mais où, quand, qui va prendre soin de moi. Allongée dans un lit étroit et froid, je serais entre les mains expertes d’inconnus vêtus de tabliers, gants, masques, lunettes de protections, charlottes etc... Il n’existe pas de chambre de désinfection pour le mental et c’est difficile de vivre ainsi.

Si les morts me hantent, l’hôpital me poursuit et je ne peux lui échapper. Je me sens prise au piège. Si je mets à crier, ça serait dans un désert. Du grand patron à l’agent des services hospitaliers, nous sommes réduits à prier pour que survienne enfin ce jour de gloire où le virus sera contraint à capituler face aux armes des soignants. Je m’en veux d’avoir l’esprit traversé mais j’ai froid au cœur car le coronavirus me fait peur.
28 mars 2020 21:19
SALEM ALIKOUM

Je tiens d'abord à dire à tous les soignants qu'ils font un travail exceptionnels
Moi ce que je n'arrive pas à comprendre c'est pourquoi les gens craignent ce virus plus que DIEU. Ce virus est sous l'ordre d'Allah et il atteindra et épargnera ce qu'ALLAH aura décidé.
Dans ce bas monde on ne gère rien, certains bien sur pensent qu'ils décident ou dirigent tous mais la finalité appartient à DIEU
Quand tu dis nous sommes réduit à prier, moi je te dis qu'il faut commencer par ça, et faire son maximum
Comme je te l'ai dis on ne gère, faisons des invocations et patientons, je trouve encore que nous ne sommes pas mal loti

TAWAKOULNA HALLAH
28 mars 2020 21:26
Salam,

Ce virus n'est qu'une cause parmi tant d'autre de la mort des gens. Tu dis être prise au piège ? Tu semble subir la situation.
Tu devrais prendre de la distance.
Quoi qu'il en soit, vous faites un travail extraordinaire.
Z
31 mars 2020 01:22
Très beau texte

Bon courage à vous

qu'Allah vous aide




Citation
Edhen1987 a écrit:
Les jours s’ajoutent aux jours et c’est tout juste si maintenant les patients ne font pas la queue à la porte de l’hôpital. Nous soignants, nous sommes fatigués physiquement comme moralement.

Étais-je prédestinée moi, la brave soldate des soins aux paroles de miséricorde à me retrouver ainsi réduite à l’impuissance face à un même dénominateur commun: le coronavirus.

Que m’avait-on enseigné durant mes études d’infirmières et ma spécialisation d’IBODE: à piquer, soigner, panser, écouter, installer, aider à opérer voir guérir mais jamais à faire face à une pandémie. Ces réflexions moroses, je les rumine dans la rame du métro qui me conduit à mon travail: l’hôpital. Chaque matin, j’ignore ce qui m’attend. J’ai peur qu’au fil des semaines, il se transforme en mouroir. La mort plane en permanence à l’hôpital: elle ne connaît ni week end, ni vacances, ni quartier, ni trêves de dieu. Le virus gagne du terrain. Jusqu’au ira t’il?

Si le coronavirus ne choisit pas ses victimes, il frappe. Les bourgeois, les élus, les partis sont aussi touchés quelqu’en soient leurs âges, leurs origines, leurs religions. Par conséquent, c’est comme un train en folie dont la course s’accélère inéluctablement. Interdit de sauter en marche, il y a des mourants à bord.

Étrange, ces liens qui nous unissent aux malades. Nous nous approprions leurs douleurs au point de les ressentir au plus profond de notre chair. Elles sont là en permanence et nous les transportons avec nous. J’en viens même à m’imaginer que bientôt je vais me retrouver à leur place mais où, quand, qui va prendre soin de moi. Allongée dans un lit étroit et froid, je serais entre les mains expertes d’inconnus vêtus de tabliers, gants, masques, lunettes de protections, charlottes etc... Il n’existe pas de chambre de désinfection pour le mental et c’est difficile de vivre ainsi.

Si les morts me hantent, l’hôpital me poursuit et je ne peux lui échapper. Je me sens prise au piège. Si je mets à crier, ça serait dans un désert. Du grand patron à l’agent des services hospitaliers, nous sommes réduits à prier pour que survienne enfin ce jour de gloire où le virus sera contraint à capituler face aux armes des soignants. Je m’en veux d’avoir l’esprit traversé mais j’ai froid au cœur car le coronavirus me fait peur.
 
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