L'investissement direct étranger (IDE) dans les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a atteint 622 milliards de dollars en 2005 (496 milliards d'euros), en hausse de 27 % par rapport à 2004. Le plus haut niveau depuis les 636 milliards de dollars de 2001.
Le Royaume-Uni est le premier bénéficiaire de ces investissements, qui proviennent pour la plupart des 30 pays de l'OCDE. Il a accueilli quelque 165 milliards de dollars, soit près de trois fois plus d'IDE qu'en 2004. Pour cause, en 2005, les plus importantes fusions et acquisitions ont concerné les entreprises britanniques, comme le mariage de Shell Transport & Trade et de Royal Dutch Petroleum en Royal Dutch Shell. L'OCDE pointe aussi les nombreuses prises de participation des Etats-Unis en Grande-Bretagne.
Hans Christiansen, chef économiste à l'OCDE, explique l'attrait du Royaume-Uni par son approche "de laisser-faire à l'encontre des investisseurs étrangers, sans craindre de s'ouvrir à la participation internationale". Ce qui n'est pas le cas de tous les pays de l'OCDE.
Certains, par peur de la mondialisation, ont révisé, voire limité, l'investissement dans des secteurs stratégiques. Après une polémique intense, Dubai Ports World (DP World) a ainsi dû abandonner la gestion de six ports américains qu'il avait récupérés en rachetant l'opérateur portuaire britannique P & O.
Ces mesures protectionnistes, ajoute l'OCDE, sont autant de "risques qui assombrissent l'horizon", pourtant relativement dégagé, en raison de la profitabilité des entreprises, du faible niveau des taux d'intérêts et de la fermeté de la croissance et des marchés boursiers.
Conformément à la tendance dégagée par les chiffres sur les quatre dernières années, les Etats-Unis restent le deuxième principal bénéficiaire des investissements étrangers (110 milliards de dollars), même s'ils ont baissé de 17,5 % par rapport à 2004.
Quant à l'investissement nord-américain à l'étranger, il est passé d'un niveau relativement haut de 244 milliards en 2004 à la somme de 9 milliards en 2005, un effet probablement temporaire, dû à la modification des taux d'imposition américains sur les dividendes collectés à l'étranger.
La France qui a attiré, en 2005, près de 63,5 milliards de dollars, contre 31 milliards en 2004, arrive en troisième position. L'appétit des étrangers pour de nouveaux investissements, fusions, acquisitions, réinvestissements de bénéfices ou transferts de capitaux entre entreprises liées avec l'Hexagone s'est surtout porté sur le réaménagement de leur portefeuille immobilier. L'opération de la foncière Gecina, qui a été rachetée par le numéro un de l'immobilier espagnol Metrovacesa, s'inscrit dans cette logique.
Ce que montre le rapport de l'OCDE sur la France, c'est d'abord la vigueur de son capitalisme. L'Hexagone est le pays de l'OCDE dont les investissements à l'étranger (116 milliards de dollars, soit deux fois plus qu'en 2004) sont les plus élevés au monde.
Les quatre plus importantes transactions sont le rachat d'Electrabel par Suez pour 14 milliards de dollars, de Retevision Movil par France Télécom pour 11 milliards de dollars, d'Allied Domecq par Pernod-Ricard pour 12,6 milliards de dollars, ou de BPB par Saint-Gobain pour 7,3 milliards.
Parmi les nouveaux membres de l'OCDE, la République tchèque a attiré 11 milliards de dollars d'IDE, ce qui constitue une performance pour un pays de cette taille. Hors OCDE, la Chine est le plus large récipiendaire (72 milliards de dollars d'IDE), contre à peine 7 milliards de dollars vers le reste du monde.
En dehors de l'OCDE (622Mds$) et de la chine (72Mds$), le reste du monde doit se partager 7Mds$. Quand on parle d'investissements à l'étranger, il est parfois bon de relativiser !