"Je ne pourrai pas gagner sans les élus et les militants de la circonscription. Je prendrai le temps de les convaincre" : depuis son domicile de Bourgogne, dont elle est conseillère régionale, Safia Otokoré s'efforce de baliser prudemment sa future précampagne... dans les Yvelines. Un terrain miné.
Originaire de Somalie, l'ex-épouse d'un footballeur de l'AJ-Auxerre figure parmi les représentants de la "diversité" que le Parti socialiste veut promouvoir à l'occasion des prochaines élections législatives. Par la manière forte : ce parachutage annoncé tardivement par la direction du PS n'a pas été soumis au vote des militants, alors que ces derniers étaient consultés sur le choix de leur candidat, mercredi 14 juin, dans la plupart des autres circonscriptions.
"DÉNI DE DÉMOCRATIE"
Des militants de la 11e circonscription des Yvelines se sont réunis à Trappes, mercredi soir, pour décider d'une riposte à ce "déni de démocratie", selon l'expression de Dominique Lochon. Conseillère municipale d'opposition à Elancourt - ville dirigée par le député UMP sortant, Jean-Michel Fourgous -, Mme Lochon est l'une des trois candidates locales à l'investiture qui se sont manifestées lorsque la direction du PS a décidé de réserver la circonscription à une femme. Une autre prétendante, Emmanuelle Ledoux, conseillère régionale d'Ile-de-France, déplore également ce "jeu de Monopoly" auquel se prête la direction de son parti : "La diversité, on est pour. Mais on est sceptique sur la méthode. Il faut d'abord acquérir une légitimité locale avant d'être candidat aux législatives."
Tout en rappelant qu'elle avait elle-même "bénéficié d'un parachutage" dans cette circonscription en 1997, l'ancienne députée et actuelle sénatrice Catherine Tasca dénonce un "mauvais pilotage". "On ne peut pas contrer le choix des militants à trois reprises", souligne Mme Tasca, qui rappelle que ces derniers s'étaient initialement prononcés pour la candidature du maire de Trappes, Guy Malandin, avant que la circonscription soit réservée à une femme. "Qu'il n'y ait pas de vote crée une frustration supplémentaire", ajoute Mme Tasca. Pour éliminer cette "frustration", les militants réunis mercredi soir ont approuvé à une large majorité une motion réclamant un vote dans leur circonscription.
Tenue informée de ces fortes réticences, Mme Otokoré prépare ses arguments : "Si on veut une Assemblée à l'image de notre société, on ne peut pas botter en touche et dire : "Pas chez nous !"", explique-t-elle. La candidate désignée doit se présenter aux militants le 29 juin, lors d'une réunion à laquelle participera Bruno Le Roux, secrétaire national du PS chargé des élections. Le premier fédéral des Yvelines, Patrick Malivet, lui cédera volontiers la parole : "Qu'il s'explique. Après, j'assume."
Jean-Baptiste de Montvalon Article paru dans l'édition du 16.06.06
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