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LUNDI INVESTIGATION
B
29 avril 2004 18:36
Canal +/ Guantanamo à double tour

[26 avril 2004]

La prison de Guantanamo, qui compte près de six cents détenus soupçonnés d'avoir des liens avec des organisations terroristes, est l'un des camps d'internement les plus secrets et les plus surveillés au monde. Autant dire que la tâche de Manon Loizeau et David André, coauteurs de cette enquête consacrée à la forteresse située au sud-est de Cuba, s'annonçait très difficile. En l'espace de six mois, ils ont pourtant recueilli – en Afghanistan, en Europe ou aux Etats-Unis – des témoignages édifiants sur les méthodes employées par les Américains au coeur de l'enceinte et sur les conditions de survie des détenus.

Sans surprise, c'est à Guantanamo que les journalistes ont rencontré le plus d'obstacles durant leur enquête. Placés à une distance raisonnable des quartiers intéressants de la prison, ils ont pu s'entretenir avec les responsables de l'établissement. Mais leurs interlocuteurs ont vite balayé d'un revers de main les critiques émises contre eux. «Ils sont persuadés que tous ces gens sont coupables, dit Manon Loizeau. Leur démarche est sincère. Du coup, je me demande pourquoi ils refusent de montrer quoi que ce soit aux médias».

Comme les autres envoyés spéciaux présents sur place, la réalisatrice a dû notamment abandonner l'idée de pénétrer dans les cellules ou de rencontrer quelques détenus. Pour faire néanmoins la lumière sur les conditions d'enfermement des prisonniers, Manon Loizeau est partie sur les traces de «rescapés» du camp. En Afghanistan, certains d'entre eux n'ont pas hésité à lui dévoiler le mode de fonctionnement brutal des Américains qui, jouant à fond la carte de la dénonciation, interpellent des suspects à tour de bras.

Commence alors un véritable chemin de croix pour ces hommes qui ne bénéficient pas du statut de prisonnier politique et qui sont appelés aux Etats-Unis «les combattants ennemis». «Est-ce que vous pouvez dire au monde qu'on existe ?», lança autrefois un détenu devant des caméras de télévision. Au lendemain des attentats de 11 septembre, les dirigeants américains souhaitaient en effet prouver à l'opinion que le combat engagé contre al-Qaida ne connaîtrait aucun répit.

Aujourd'hui, leur stratégie a changé. Devant le tollé que provoquent ces arrestations en série, les autorités ont fait le choix de ne plus placer les détenus dans la lumière des caméras. Il est vrai que beaucoup d'erreurs «judiciaires» ont été recensées récemment. «Lorsque nous avons débuté notre enquête, soixante-dix personnes avaient été libérées. Quelques mois plus tard, ce nombre était passé à cent quarante-six», souligne Manon Loizeau. Interpellé sur cette délicate question par la réalisatrice, un militaire lui répondra en ces termes : «Il nous arrive d'emprisonner des gens innocents. Cela doit se passer aussi en France».

«LUNDI INVESTIGATION», Canal +, 23 heures

[b]Plus rien ne m'étonne[/b]
 
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