Par Jean Merckaert, chargé du plaidoyer sur le financement du développement au Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD)
2005 sera l’année de la lutte contre la pauvreté. Du moins, le mot d’ordre est-il sur toutes les lèvres.
A Davos, les grands de ce monde ont célébré les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), la promesse faite en 2000 de diminuer de moitié la faim et la grande pauvreté dans le monde d’ici à 2015. Tony Blair en fait la priorité du G8 qu’il présidera en juillet.
En septembre, le sommet du « Millénaire + 5 » rassemblera les chefs d’Etat pour un bilan à tiers-parcours de ces objectifs.
La rhétorique est impeccable, mais… les pays riches vont-ils enfin annuler la dette qui continue d’étrangler les pays du Sud ? Vont-ils réellement doubler l’aide au développement, sans artifice comptable, et la mettre au service des plus pauvres ? Se résoudront-ils à accepter une régulation du commerce international qui permette à chacun de vivre décemment de son travail ? Cesseront-ils de tolérer le développement des paradis fiscaux, qui servent de refuge au butin des guerres en Afrique, favorisent la grande corruption et le dumping fiscal ? Surtout, quelle crédibilité accorder au « partenariat mondial pour le développement » (le 8e OMD), lorsque les pays riches adoubent Paul Wolfowitz, héraut de l’unilatéralisme belliqueux en Irak, pour mener, à la tête de la Banque mondiale, le combat contre la pauvreté ?
Les promesses non tenues sont légions, mais elles relèvent du cynisme lorsque leur non-respect signifie la mort, d’ici à 2015, de 45 millions d’enfants, faute d’accès aux soins et à une alimentation de base. Nous seuls, citoyens, avons le pouvoir de contraindre nos dirigeants à tenir leurs engagements.
Alors, portons un bandeau blanc, symbole de l’Action mondiale contre la pauvreté, et mobilisons-nous notamment le 1er juillet, à la veille du sommet du G8, pour leur crier : 2005, plus d’excuses !
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