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L'amérique latine
M
8 juin 2004 22:23
Walter Salles sur les traces de Guevara


En adaptant les Carnets de Voyage d'Ernesto Guevara, le futur "Che", Walter Salles a entrepris une quête de l'identité latino-américaine, qu'il aura complètement intégrée au terme de cinq années de travail. Le cinéaste brésilien a fait lui même ce voyage initiatique de 20.000 km et nous offre une très belle histoire : "Carnets de voyage" (Diarios de Motocicleta).
En 1952, Alberto Granada et Ernesto Guevara décident de partir à la découverte du continent sud-américain, enfourchant d'abord une vieille moto, une Norton, baptisée la "Poderosa" (Puissante), puis, par force, terminant à pied. De cet cheminement, naîtront les "Carnets de voyage" (Diarios de Motocicleta), titre du long métrage de Walter Salles, en compétition pour la palme d'or et présenté mercredi matin à Cannes.

"Sa vie (Guevara) est extraordinairement complexe et je pense qu'elle ne peut pas être racontée en deux heures ou en 10 à 20 films", a dit le réalisateur de "Central do Brasil", en conférence de presse. "Ce voyage initiatique d'une recherche de latino-américanité nous paraissait un film possible et cependant on a mis cinq ans à décanter cette histoire. On a regardé cela avec beaucoup de respect, on a travaillé par couches, par approximations", a poursuivi Salles, qui s'est exprimé le plus souvent dans un français impeccable.

En préambule et en conclusion, une voix off dit au spectateur que ce qui sera (a été) montré n'est pas une histoire parsemée de faits extraordinaires, pourtant, un peu plus de deux heures plus tard, le spectateur aura autant eu l'impression d'avoir contemplé une épopée qu'un road movie.

Salles a réussi un travail admirable, nous faisant pénétrer dans l'intimité des deux voyageurs avec, dans une mesure égale, humour, sérieux et émotion et les acteurs qui interprètent Ernesto Guevara (Gael Garcia Bernal) et Alberto Granado (Rodrigo de la Serna) ne sont pas pour rien dans cette réussite qui a reçu sa juste part d'applaudissements et de bravos.

"Toutes les choses de la vie me font rappeler ce voyage. Pour moi, ce voyage ne s'est jamais arrêté. Ernesto m'a dit une fois que j'étais un gitan sédentaire", raconte le compagnon de route de Guevara, âgé aujourd'hui de 82 ans et qui malgré tout avait fait le déplacement cannois. "Cela je l'ai très bien vu reflété dans le film qui m'a beaucoup ému et continue de m'émouvoir et à force de le voir je me retrouve de plus en plus dans ce film".

IDENTITE LATINO-AMERICAINE

Routes qui se perdent dans l'horizon, cols noyés sous une tempête de neige, majesté du Macchu Pichu, lacs baignant dans une lumière bleuâtre, et une léproserie vue comme un catalyseur des vocations, ces "Carnets de voyage" sont une véritable odyssée. "Il s'agissait de découvrir vraiment ce qu'était cette identité latino-américaine", affirme Salles. "Ces deux personnages sont partis d'une métropole (Buenos Aires) dont les références étaient peut-être plus proches de l'Europe que de l'Amérique latine à ce moment-là. Ce qu'ils nous proposent dans ces carnets de voyages, c'est de regarder notre propre reflet".

Un demi-siècle plus tard, la trace des deux compagnons de voyage était encore bien présente sur nombre de lieux qu'ils traversèrent. "Nous avons été frappés, à mesure qu'on avançait, par le nombre de gens qui connaissaient le livre", se rappelle le réalisateur brésilien. "On a aussi rencontré des gens qui eux-mêmes avaient rencontré Alberto et Ernesto en 1952".

Pour les scènes de la léproserie proprement dite, Salles se souvient que "cinq des acteurs non professionnels étaient des patients de la colonie de San Paolo en 1952; l'un d'eux a immédiatement reconnu Alberto. Je pense que l'écho de ce voyage est toujours très présent en Amérique latine".

Si le dit voyage a pu dans une large mesure décider de la vocation du Che, le travail accompli autour de son étude puis de sa reconstitution n'a pas été sans répercussion sur le cinéaste lui-même qui avoue : "J'ai commencé ce film comme réalisateur brésilien et je l'ai fini en me considérant toujours bien sûr comme Brésilien mais avant tout Sud-Américain".

Quelle ambition nourrit-il, l'oeuvre achevée ? "Ce que j'attends du film c'est qu'il réussisse à établir un dialogue avec le public latino-américain. Ce que nous avons toujours espéré, c'est que le film déclenche un débat en Amérique latine et, quelque chose d'encore plus important encore, que les gens puissent relire les 'Carnets de Voyage'".

[fr.news.yahoo.com]

[www.radiofrance.fr]

[www.monde-diplomatique.fr]

Jean-Paul Moreau
M
8 juin 2004 22:24
Extrait de [fr.news.yahoo.com]

Walter Salles sur les traces de Guevara


En adaptant les Carnets de Voyage d'Ernesto Guevara, le futur "Che", Walter Salles a entrepris une quête de l'identité latino-américaine, qu'il aura complètement intégrée au terme de cinq années de travail. Le cinéaste brésilien a fait lui même ce voyage initiatique de 20.000 km et nous offre une très belle histoire : "Carnets de voyage" (Diarios de Motocicleta).
En 1952, Alberto Granada et Ernesto Guevara décident de partir à la découverte du continent sud-américain, enfourchant d'abord une vieille moto, une Norton, baptisée la "Poderosa" (Puissante), puis, par force, terminant à pied. De cet cheminement, naîtront les "Carnets de voyage" (Diarios de Motocicleta), titre du long métrage de Walter Salles, en compétition pour la palme d'or et présenté mercredi matin à Cannes.

"Sa vie (Guevara) est extraordinairement complexe et je pense qu'elle ne peut pas être racontée en deux heures ou en 10 à 20 films", a dit le réalisateur de "Central do Brasil", en conférence de presse. "Ce voyage initiatique d'une recherche de latino-américanité nous paraissait un film possible et cependant on a mis cinq ans à décanter cette histoire. On a regardé cela avec beaucoup de respect, on a travaillé par couches, par approximations", a poursuivi Salles, qui s'est exprimé le plus souvent dans un français impeccable.

En préambule et en conclusion, une voix off dit au spectateur que ce qui sera (a été) montré n'est pas une histoire parsemée de faits extraordinaires, pourtant, un peu plus de deux heures plus tard, le spectateur aura autant eu l'impression d'avoir contemplé une épopée qu'un road movie.

Salles a réussi un travail admirable, nous faisant pénétrer dans l'intimité des deux voyageurs avec, dans une mesure égale, humour, sérieux et émotion et les acteurs qui interprètent Ernesto Guevara (Gael Garcia Bernal) et Alberto Granado (Rodrigo de la Serna) ne sont pas pour rien dans cette réussite qui a reçu sa juste part d'applaudissements et de bravos.

"Toutes les choses de la vie me font rappeler ce voyage. Pour moi, ce voyage ne s'est jamais arrêté. Ernesto m'a dit une fois que j'étais un gitan sédentaire", raconte le compagnon de route de Guevara, âgé aujourd'hui de 82 ans et qui malgré tout avait fait le déplacement cannois. "Cela je l'ai très bien vu reflété dans le film qui m'a beaucoup ému et continue de m'émouvoir et à force de le voir je me retrouve de plus en plus dans ce film".

IDENTITE LATINO-AMERICAINE

Routes qui se perdent dans l'horizon, cols noyés sous une tempête de neige, majesté du Macchu Pichu, lacs baignant dans une lumière bleuâtre, et une léproserie vue comme un catalyseur des vocations, ces "Carnets de voyage" sont une véritable odyssée. "Il s'agissait de découvrir vraiment ce qu'était cette identité latino-américaine", affirme Salles. "Ces deux personnages sont partis d'une métropole (Buenos Aires) dont les références étaient peut-être plus proches de l'Europe que de l'Amérique latine à ce moment-là. Ce qu'ils nous proposent dans ces carnets de voyages, c'est de regarder notre propre reflet".

Un demi-siècle plus tard, la trace des deux compagnons de voyage était encore bien présente sur nombre de lieux qu'ils traversèrent. "Nous avons été frappés, à mesure qu'on avançait, par le nombre de gens qui connaissaient le livre", se rappelle le réalisateur brésilien. "On a aussi rencontré des gens qui eux-mêmes avaient rencontré Alberto et Ernesto en 1952".

Pour les scènes de la léproserie proprement dite, Salles se souvient que "cinq des acteurs non professionnels étaient des patients de la colonie de San Paolo en 1952; l'un d'eux a immédiatement reconnu Alberto. Je pense que l'écho de ce voyage est toujours très présent en Amérique latine".

Si le dit voyage a pu dans une large mesure décider de la vocation du Che, le travail accompli autour de son étude puis de sa reconstitution n'a pas été sans répercussion sur le cinéaste lui-même qui avoue : "J'ai commencé ce film comme réalisateur brésilien et je l'ai fini en me considérant toujours bien sûr comme Brésilien mais avant tout Sud-Américain".

Quelle ambition nourrit-il, l'oeuvre achevée ? "Ce que j'attends du film c'est qu'il réussisse à établir un dialogue avec le public latino-américain. Ce que nous avons toujours espéré, c'est que le film déclenche un débat en Amérique latine et, quelque chose d'encore plus important encore, que les gens puissent relire les 'Carnets de Voyage'".

Jean-Paul Moreau
 
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