Kadhafi est un grand artiste. On peut ne pas aimer sa manière d’être et de paraître, en politique comme en ville, le colonel reste un maître incontesté dans la mise en scène de son propre personnage. Tout récemment à Tunis, c’est le grand chef de la grande Jamahiriya Libyenne qui a donné un peu de relief à un sommet arabe aussi ronronnant qu’indésirable. Il y est venu pour le boycotter, décision qu’il avait prise avant de quitter Tripoli. Mais qu’il lui fallait transformer en action d’éclat, comme d’habitude. Il a attendu la présentation du rapport de la Ligue arabe par son secrétaire général, Amr Moussa, pour sortir de la salle et tenir son propre sommet dans le hall. Ne trouvant rien de vraiment spectaculaire ou original à rapporter, les journalistes ont préféré emboîter le pas à Kadhafi. Ils étaient suspendus à ses lèvres. Drapé dans un costume blanc immaculé, avec une plaquette de médailles en guise de pochette, le guide a parlé. Il n’est pas d’accord sur les points inscrits à l’ordre du jour. Et surtout, il ne voit pas l’utilité de cette Ligue qu’il a tellement menacé de quitter qu’on ne sait plus s’il est toujours dedans ou vraiment dehors. Toujours est-il que Kadhafi avait réussi son coup, magistralement, avec effet théâtral à la clé. Le sommet peut continuer sans lui. La presse libyenne faisant écho à son “guide suprême”, a considéré que Kadhafi a ainsi “répondu au vœu d’un quart de milliard d’Arabes”. Les chaînes de télévisions qui couvraient le sommet ont, elles, répondu à un autre vœu. Là où il y a Kadhafi, il y a du scoop. Pas étonnant, donc, qu’il n’y ait de caméra que pour lui. Les téléspectateurs qui aiment voir le colonel dans ses œuvres, ont été servis. À chaque balayage de l’immense table ronde du sommet, Kadhafi avait droit à un cadrage avec arrêt sur image. Il occupait l’écran, fumant ostensiblement une king size, et s’adressant à Hosni Moubarak, assis à sa droite, après avoir dégagé la fumée d’un geste hyper-présidentiel: “Je fume une cigarette américaine”. Le Raïs, manifestement gêné, répond par un soupçon de sourire vite réprimé. On aura tout de même su que Kadhafi préfère les blondes, quelles que soient leurs nationalités. Durant ses trente-cinq années révolues de pouvoir, le concepteur de «la troisième voie», consignée dans son «livre vert» à trois tomes, nous a habitués à des frasques mémorables et des volte-faces spectaculaires. Sa dernière sortie largement médiatisée a été son renoncement aux armes de destruction massives qu’il dit posséder. Un aveu public, à la face du monde médusé, que Kadhafi a fait coïncider avec l’entrée des armées anglo-américaines à Baghdad. Le guide au propos guerrier et à la gestuelle hautaine, presque méprisable, avait-il peur de connaître le même sort que Saddam Hussein ? Comme pour préparer les consommateurs de son image à son revirement total, Kadhafi avait, auparavant, enfin reconnu sa responsabilité dans le sabotage des deux avions civils, américains et français, en décembre 1988, au dessus du village écossais de Lokerby, et en septembre 1989 dans le désert nigérien du Ténéré. Près de quatre cents victimes innocentes pour les deux crashs. Après avoir défendu les indiens d’Amérique, les aborigènes d’Australie, les esquimaux du Groenland, les Papous de la Calédonie-Papouasie et les Massaïs d’Ethiopie, on croyait Kadhafi assagi, voire devenu fréquentable. Il n’en est rien. Toujours supérieur à lui-même, Mouammar n’en est pas à sa dernière kadhafiade. On se contentera donc de l’avant-dernière. Elle concerne les Palestiniens auxquels Kadhafi a conseillé de former un seul État avec Ariel Sharon. Il n’a pas précisé s’il s’agissait de Palestiniens morts ou vivants. Le peuple de Arafat a tout de même de quoi être inquiet. Un avocat comme Kahdafi, ce n’est pas très rassurant.
Salut, Je retiens cette belle phrase, de cet article, qui résume tout du personnage de Kadhafi :
"Mouammar n’en est pas à sa dernière kadhafiade. On se contentera donc de l’avant-dernière. Elle concerne les Palestiniens auxquels Kadhafi a conseillé de former un seul État avec Ariel Sharon. Il n’a pas précisé s’il s’agissait de Palestiniens morts ou vivants. "
Bien analysé et je pense la même chose de ce type : Instabilité, arrogance, mensonge et autoritarisme.
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Israel doit être jugé pour ses crimes, tôt ou tard.
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