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LA KABBALE
S
19 février 2007 17:16
LA KABBALE

une organisation étrange qui séduit les stars


C'est le nouveau mouvement à la mode. Aux Etats-Unis, le Centre d'étude de la kabbale est en passe de détrôner la Scientologie. En France, l'organisation, qui attire les stars du showbiz et leur fortune, est sous surveillance.


Dans une société aujourd'hui de plus en plus éprise d'ésotérisme et demandant toujours plus de réponses à des questions qui n'en ont pas forcément, certains ont flairé le bon filon. C'est dans le petit monde des célébrités, un milieu où l'on « se perd », semble-t-il, plus facilement qu'ailleurs, que le credo fonctionne le mieux. Pour preuve, l'extraordinaire développement d'une organisation, fortement décriée, s'inspirant des textes les plus mystiques du judaïsme, le Centre d'étude de la kabbale.


Même la puissante Eglise de scientologie vacillerait face à ce nouveau mastodonte. La rock star Madonna, qui se fait dorénavant appeler Esther, en assure une promotion de tous les instants, comme lors de ses concerts-événements au Palais omnisports de Paris-Bercy début septembre. De la chanteuse Britney Spears à l'actrice Elizabeth Taylor en passant par le couple Beckham ou Demi Moore, elle attire dans son sillage une myriade de stars qui portent toutes au poignet le bracelet rouge, emblème du mouvement.


Plus de 4 millions de personnes se seraient intéressées à cette philosophie, qui a implanté des antennes dans 40 pays et génère des dizaines de millions d'euros de chiffre d'affaires. Pour ses détracteurs, le Centre d'étude de la kabbale, créé aux Etats-Unis en 1962 par un agent d'assurances qui s'est renommé pour l'occasion Philip Berg, n'est en effet rien d'autre qu'un immense business mondial, non sans danger pour ses adeptes.


Les organisations officielles juives mettent en garde la communauté à ce sujet et d'anciens adeptes se plaignent de pressions financières excessives, dénonçant même pour certains une forme de charlatanisme. C'est bien là le plus grave. Car si, parallèlement à ses enseignements, le Centre d'étude de la kabbale recrute en effet de gentils bénévoles et vend toute une série de produits dérivés : livres du gourou, tee-shirts, médaillons, certains de ses préceptes peuvent pour le moins perturber les plus fragiles. « La mort n'existe que pour confirmer qu'elle n'existe pas », « aucun médecin n'a jamais soigné personne » : Philip Berg a parfois des formulations inquiétantes.


« Son aspect spirituel n'est qu'un prétexte »


En France, la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) enquête et a demandé à différents services (renseignements généraux, Education nationale...) de faire remonter le maximum d'informations à son propos.


A Paris, l'Unadfi, le centre d'accueil, d'étude et de documentation sur les mouvements sectaires, a déjà recensé deux victimes françaises. Une mère de famille, dont les enfants s'inquiètent qu'elle dilapide tous ses biens au profit du Centre de la kabbale, et une étudiante de 26 ans, qui, après ses premiers cours d'initiation, s'est coupée de sa famille, lâchant peu à peu ses études tout en maigrissant d'une manière inquiétante.


« Ce mouvement promet aux gens de découvrir le sens caché d'un texte millénaire, la kabbale, explique un policier spécialisé. Mais ce n'est rien d'autre qu'une spiritualité vendue clés en main. Cette organisation est surtout dirigée par le culte de l'argent de son gourou. Son aspect spirituel n'est qu'un prétexte. Il peut y avoir des dérives physiques. »


Remontant aux origines et à Moïse sur le mont Sinaï, la « vraie » kabbale désigne l'ensemble de l'ésotérisme judaïque. Elle est accessible depuis le Moyen Age et la parution du Zohar, le Livre de la splendeur. Ces textes sacrés, écrits en araméen, ne sont normalement accessibles qu'à des hommes de confession juive âgés de plus de 40 ans et mariés.


Philip Berg, lui, a décidé qu'il en fallait des exemplaires partout, jusque dans sa voiture, et qu'ils seraient abordables par tout un chacun : femmes, non-juifs et même enfants... Une condition : payer. Pour les cours d'initiation, pour le bracelet rouge, pour l'eau de la kabbale censée guérir de tous les maux, pour les livres sacrés qu'il est indispensable d'acquérir, souvent à prix d'or, sous peine de malédiction... Sans parler des généreuses donations sans cesse sollicitées. Il n'y a pas longtemps, Jerry Hall, l'ancienne femme du chanteur des Rolling Stones, Mick Jagger, a ainsi quitté le mouvement après qu'on lui eut demandé 10 % de ses revenus et de ceux de ses proches ...


C'est dans l'un des quartiers les plus chics de la capitale que s'est établie l'antenne française du Centre d'étude de la kabbale. Une fois la grande porte vitrée de ce bâtiment du XVIe arrondissement poussée, le visiteur découvre des fascicules expliquant le mouvement sur un présentoir, une synagogue et une librairie où il est possible d'acheter les nombreux ouvrages du « rabbin » Philip Berg. L'organisation est enregistrée en préfecture comme une association sans but lucratif mais, en parallèle, une Sarl, dirigée par les adeptes, gère les affaires financières.


Aux débutants, Meirav, jeune femme à la voix douce et au visage rayonnant, explique qu'il n'est aucunement besoin de connaître quoi que ce soit à la mystique juive. « A la lecture de ces textes sacrés, vos yeux ne serviront que d'interface avec votre âme qui, elle, millénaire, saura les déchiffrer. » Le conseil est gratuit mais les six cours d'initiation coûteront ensuite 200 €.


« On cherche à récupérer l'élan mystique »


« Des milliers de personnes ont déjà franchi cette porte, explique Thierry Aboujedid, le responsable du centre. Aujourd'hui, environ deux cents le fréquentent régulièrement. Nous voulons juste enseigner le respect et la dignité humaine pour un monde meilleur qui sortirait du chaos actuel. Mais dès que l'on parle de spiritualité, on passe pour des fous. »


Même si elle est encore loin de la maison mère des Etats-Unis, la filiale parisienne prend elle aussi de l'ampleur, puisque le nombre de visiteurs augmente et que des célébrités ont également été approchées. Sophie Favier, par exemple, qui n'a pas souhaité nous répondre, en a longtemps fait partie avant de la quitter récemment.


Face à ce phénomène, les autorités juives officielles dénoncent le mouvement sans pour autant le condamner officiellement. « Ce centre ne représente rien ... », résume Moïse Cohen, président du Consistoire de Paris.


« J'éprouve une extrême réticence à l'idée que des profanes se lancent dans l'étude de ces textes qui requièrent normalement une très grande maturité, nous confie le grand rabbin de Lyon, Richard Wertenschlag. On cherche à récupérer l'élan mystique qui existe chez chaque être humain. Il y a des risques de dérapages. Je constate parfois des aberrations, comme le fait de vendre les livres sacrés en hébreu à des gens qui ne le lisent pas, en leur disant qu'ils auront une valeur de talisman. C'est un détournement de sens ne servant qu'à exploiter la crédulité des gens à des fins lucratives. »


Un autre grand rabbin parisien est plus perplexe : « Les textes sacrés ne font l'objet d'aucun droit d'auteur, ce n'est pas une marque déposée, chacun est libre de les interpréter comme il veut. »
S
19 février 2007 17:19
La Kabbale

Outre-Atlantique, les people ont transformé la mystique juive « new age » en art de vivre

Depuis son engagement dans la voie spirituelle après la naissance de sa fille Lourdes en 1996, la diva de la pop américaine se la joue mère de famille responsable et grande prêtresse de la paix. Terminées les références coquines qui jusque-là constituaient son fonds de commerce. Sa dernière tournée mondiale « Re-invention » imagine un monde meilleur et dénonce le star-system d’Hollywood. « Kabbalists do it better » lisait-on sur l’un de ses T-Shirts de scène.

Convaincue par le « cocktail de bonheur, d'astrologie, de sexe, de sagesse et d'immortalité » délivré par le Centre de la Kabbale du rabbin Berg, Madonna se fait appeler Esther, observe le shabbat et écrit des bandes dessinées ésotériques pour enfants. Un supplément d’âme pour l’ancienne sulfureuse, une baraka pour le gourou. « Il y a trente ans, les gens se tournaient vers le bouddhisme. Aujourd'hui, ils s’orientent vers le soufisme ou la Kabbale »


Grâce à cette ambassadrice, une cohorte de célébrités ont succombé à cette doctrine. À commencer par Britney Spears à laquelle la Madonne vient d’offrir une édition spéciale du Zohar datée du XIIe siècle. Converties ou pas par leur acolyte, d’autres stars se sont laissées séduire. Demi Moore, Ashton Kutcher, Paris Hilton, Gwyneth Paltrow, Naomi Campbell, Barbara Streisand, Donna Karan, le couple Beckham, Elizabeth Taylor, Guy Ritchie, Jerry Hall, Mick Jagger, Roseanne Bear, Missy Elliot, Stella Mc Cartney, Torry Speeling, Courtney Love ou encore Winona Ryder.


Non-juives, plutôt dans le creux de la vague aux plans affectif et professionnel, elles affirment depuis leur rencontre avec le Kabbalah Center avoir retrouvé la sérénité et l’harmonie intérieure. Quête authentique ou phénomène de mode ? Dans une récente interview accordée à un journal américain, le rabbin Yeshua Engelman de Jérusalem lie la popularité de la Kabbale au besoin de trouver un sens à la vie. Avec une indulgence déconcertante, il explique « qu'il y a trente ans, les gens se tournaient vers le bouddhisme. Aujourd'hui, ils s’orientent vers le soufisme ou la Kabbale ». Censée fournir des solutions, répondre aux questions et décrypter les codes, la Kabbale new-age doit son expansion à la brochette de personnalités qui lui servent de vitrine.

Davantage perçue comme un art de vivre que comme une religion - la plupart de ses adeptes ne maîtrisent pas un mot d’hébreu -, elle serait aux yeux de Maryelle Allemand un « courant hybride de spiritualité ». Peu au fait du discours professé par Philip Berg, la directrice marketing de Carlin International - un bureau de style spécialisé dans le repérage des macro-tendances - analyse ce mouvement comme un phénomène de mode « porté par Madonna qui s’inscrit dans une tendance globale de quête de sens. Il devrait arriver à terme en 2006. La perte des valeurs conduit le grand public à s’accrocher à la spiritualité ». CQFD.
S
19 février 2007 17:20
La Kabbale

Objectif : Le Centre de la Kabbale à la conquête du monde


Une quarantaine de centres de par le monde. Près de 4 millions de personnes ayant un jour franchi les portes d’un Centre de la Kabbale. Un site Internet qui reçoit environ 20.000 visites par mois. Voyage au-delà de ces données chiffrées.


Le bâtiment situé à l’angle de 155 East et de la 48ème rue brille comme un bloc de marbre neuf. On est à New York. Le lieu pourrait aussi bien être le dernier hôtel construit par Ian Schrager ou un restaurant branché de la ville. Tout brille, les portes en verre et le hall tout blanc. De fait, on est au cœur de Manhattan, au Centre de la Kabbale.


Au premier étage dans une salle de conférence, une soixantaine de personnes, hommes, femmes, blancs, noirs, asiatiques, Israéliens, Juifs portant kippa ou non sont en train d’écouter un des mentors du Centre. Près de la moitié des étudiants ne sont pas juifs. Madonna aurait versé 22 millions pour ce Centre de la Kabbale.


John a une quarantaine d’années. Il n’est pas juif et habite West Village. Il a participé pendant quelques mois aux activités de ce Centre. Il a commencé, comme tout le monde, par acheter le fameux fil rouge qu’il a porté consciencieusement et le Zohar pour la somme de 415 dollars, pierre angulaire du business du Centre. Il se souvient que certains de ses «collèges» avaient acheté un Zohar pour chez eux, un autre pour le bureau et un troisième pour mettre dans la voiture. Inutile de dire que l’argent rentre vite dans les caisses du Centre de la Kabbale. « Au bout d’un certain temps j’ai trouvé que les cours étaient assez nuls, genre « New Age ». « C’est à vous de contrôler votre vie. Si vous attrapez le rhume c’est que spirituellement quelque chose ne va pas chez vous ». Un remède à tout cela : « Achetez le Zohar encore et toujours ».


Désabusé et avec un peu de recul John en est arrivé à cette conclusion : « Leur message ressemble à celui de l’administration Bush. Tant que vous restez avec nous vous êtes tranquilles. Mais le monde est très dangereux ».


La goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour cet homme qui au début voulait y croire, fut l’insistance avec laquelle on a tenté de lui vendre une série de Zohar. Alors qu’il expliquait à son interlocuteur qu’il avait envie de donner de l’argent ailleurs (on dirait faire la tsedaka, en milieu juif) on lui a dit : « Si tu donnes ailleurs, tu ne fais que perpétuer le chaos ». Avant de lui expliquer « qu’être bénévole, c’est bien, mais c’est l’argent (sous entendu celui qui va au Centre de la Kabbale) qui fait la différence ». Il a fini par revendre son Zohar sur e-Bays en perdant de l’argent évidemment !


Michelle qui vit dans la banlieue de New York considère que le Centre de la Kabbale est responsable de son divorce. De fait, même si cela a pris du temps, elle a perdu son mari le jour où un individu est venu frapper à leur porte pour vendre le Zohar. Son mari est happé ce jour-là par le Centre de la Kabbale. Il suit des cours, met un Zohar dans sa voiture, emmène leur fille au Centre. Elle revient un jour, après avoir rencontré le « rav », comme on dit dans le mouvement et dit à sa mère :«Maman, tu devrais voir son âme ! ». Michelle a tenté de savoir ce que voulait dire sa fille. Faute d’en apprendre davantage elle intime l’ordre à son mari de laisser leur fille en dehors de cette histoire. Ensuite il a passé les fêtes au Centre et plus avec sa famille. Avant-dernière étape avant le divorce. Il s'est remarié très vite avec une femme dont il avait fait la connaissance au Centre. Pour Michelle « Ce sont des pratiques sectaires ». S’il n’est pas établi officiellement qu’il s’agit d’une secte, il est certain, pour le moins, qu’il s’agit d’une affaire lucrative.


Zohar, eau bénite, fil rouge, week-end de méditation, célébration des fêtes juives, on vend tout et on fait tout payer dans les Centres de la Kabbale.


Un ex-adepte fait remarquer qu’un « Zohar qui coûte ailleurs 180 dollars est vendu plus de 400 dollars au Centre ». Même coefficient multiplicateur pour les tefilinn. Le Centre de la Kabbale de Los Angeles, le plus connu, d’une certaine manière, parce que c’est là qu'officie le fondateur du mouvement a engrangé cette année plus de 4 milliards de dollars, frais divers déduits.


À Tel-Aviv et à Los Angeles 1000 étudiants suivent les cours dispensés dans ces centres. Celui de New York est en passe de les rattraper. Un centre vient d’ouvrir ses portes à Varsovie. Le centre de Miami a ouvert un « Jardin de la méditation ». Que l’on soit à Los Angeles, Chicago, Boca Raton ou ailleurs le fonctionnement est le même et le public aussi : des gens en quête de spiritualité.


Parfois l’un d’eux craque parce qu’il a été choqué par le caractère mercantile du Centre ou par des propos d’un intervenant. Dennis n’a pas oublié le jour où regardant la cassette-vidéo introductive il a entendu que « Seuls les Juifs qui ne possédaient pas le Zohar sont morts pendant la Shoah et que les Juifs Sépharades n’avaient pas été exterminés parce qu’ils respectaient le Zohar ». Ce faux historique l’a fait quitter le Centre.


Londres est devenu un pion important sur l’échiquier du Centre de la Kabbale. Dirigé par Michael Berg, l’un des deux fils du fondateur du mouvement, ce centre, ouvert il y a six ans, a coûté 6,4 millions de dollars, dont Madonna a financé une très grande partie. Environ 500 personnes y sont inscrites. « Ce centre grandit à une vitesse formidable » confie un bénévole. Ne dit-on pas que la princesse Beatrice, fille aînée du duc et de la duchesse de York a été vue au tournoi de tennis de Wimbledon avec un bandeau qui ressemblait beaucoup à ceux vendus par le Centre de la Kabbale ?


Alors que pendant des siècles, conformément à la tradition juive la Kabbale n’a été enseignée qu’à des hommes âgés d’au moins 40 ans, ayant une très bonne connaissance du judaïsme, le Centre de la Kabbale de Londres a décidé de lancer un programme destiné aux enfants « Spirituality for kids », ce qui paraît tout à fait aberrant. De tels programmes existent déjà aux États-Unis mais toutes les autorités juives responsables considèrent cela comme « de très mauvais goût ».


À propos de ce programme de dix semaines pour des élèves du niveau du primaire qui doit s’ouvrir dans une école du Hertfordshire, le rabbin Arkus, directeur d’une organisation qui lutte contre les sectes « Opération Judaïsme» déclarait il y a peu : « Je ne comprends pas que l’on envisage de faire ingurgiter la Kabbale à des enfants». Michael Berg, pour sa part expliquait : «Je suis très excité. Tout ce qui peut permettre à des jeunes de contrôler leur destinée est fondamental ».


Le grand rabbin de Grande-Bretagne, Jonathan Sacks, conscient du caractère néfaste de cette organisation a publié un communiqué en avril pour faire savoir que les activités de ce Centre n’étaient en rien liées à la communauté. Un membre du cabinet du grand rabbin, le rabbin Yitzchak Schochet (dont le père a mené le combat au Canada contre le Centre de la Kabbale et est l’objet d’une plainte de ce mouvement) qui officie dans une synagogue de Mill Hill (Nord de Londres) estime, pour sa part, que ce Centre est « une secte ».


Près de quatre cents enfants juifs et musulmans ont participé cet année en Israël à un « séminaire » intitulé : « Spirituality for kids » qui s’est tenu en Israël. Au programme des hamburgers, un film vidéo où Madonna explique la Kabbale et des exemplaires du Zohar distribués aux jeunes.


Génies exceptés, on voit mal des ados maîtriser le Zohar ! Le Centre de la Kabbale, qui contrôle une quarantaine de lieux de par le monde s’inscrit véritablement dans la lignée de la Scientologie, Hare Krishna et autres Moon. Secte ou non, le mouvement a un objectif que résume Yehuda Berg : « Nous voulons apporter la Kabbale au monde entier. Nous ne nous arrêterons pas avant d’avoir apporté la lumière à six milliards d’individus ». Objectif fort éloigné de celui de la vraie Kabbale, c’est-à-dire de la mystique juive. Il y a, pour le moins, tromperie sur la marchandise.
S
19 février 2007 17:22
La Kabbale

Clefs pour comprendre la Kabbale


Ces derniers temps, le mot «Kabbale» a fait son entrée dans la langue courante. Mais peu de gens savent ce qu’est réellement la Kabbale dans la tradition juive. De fait, ce mouvement désigne, surtout à partir du Moyen-Age, les doctrines ésotériques du judaïsme. Déclinaison du terme.


1) D’où vient le terme «Kabbale» ?


De l’hébreu « kabbala », de la racine KBL (recevoir). Selon Guy Casaril, la kabbala est cette Loi orale que Moïse a reçue (KiBeL)sur le mont Sinaï en même temps que la Loi écrite (Tora) ; c’est le message spirituel transmis sans intermédiaire d’un texte, de bouche à oreille. À l’origine, ce terme ne désignait pas nécessairement un enseignement ésotérique, il désignait l’ensemble des enseignements, ouverts au grand public ou réservés à un noyau restreint, du judaïsme. Par la suite, et surtout à partir du Moyen Age, kabbala désigne, selon Charles Mopsik, « l’ensemble des doctrines ésotériques du judaïsme ainsi que le mysticisme juif dans son ensemble ».


2) Que veut dire «Kabbale» en langue française ?


C’est un terme ambivalent…et chargé de relents judéophobes ! Selon le Dictionnaire Robert, qui retrace les sens du mot à travers l'histoire, « Kabbale » signifie « la tradition juive donnant une interprétation mystique et allégorique de l’Ancien Testament », ce qui est très respectable, mais aussi « des manoeuvres secrètes, concertées contre quelqu’un ou quelque chose, des complots des conjurations, des conspirations, des intrigues », ce qui montre la persistance dans l’imaginaire collectif européen chrétien d’une vision anti judaïque, soupçonneuse, où le sage juif est perçu comme un personnage dangereux, porteur de maléfices et faiseur de complots. Le verbe « cabaler », un des rares verbes français d’origine hébraïque, signifie précisément « comploter, conspirer, intriguer ». Il est mentionné depuis 1617.


3) Qu’est-ce qu’un Kabbaliste ?


Le terme hébraïque « MeKouBaL », initié ou traditionnaire, désigne un sage ayant reçu d’un maître, l’initiation aux mystères (razim) de la tradition ésotérique, au cours d’une relation interpersonnelle maître-disciple, loin des foules, dans l’intimité d’une transmission sans témoin. Des rabbins comme Haïm Vital, Moïse Cordovero, Joseph Caro sont ainsi appelés « mekoubalim », car ils ont reçu de l’école d'Isaac Louria, Le Saint (Ha-Ari Hakadoch), les arcanes du savoir Kabbalistique. Le sage de la Kabbale est un Juif de la Loi et de la Foi d’Israël. Il ne conteste pas un seul point de la législation hébraïque, écrite et orale (Joseph Caro est à la fois un Kabbaliste et l’auteur du Code de la Loi, le Choulkhan Aroukh).


Il observe la totalité des commandements, sans la moindre dissidence. Il récite quotidiennement toutes les prières régulières. L'originalité révolutionnaire des Kabbalistes ne consiste pas en une révolte contre la Loi, mais dans une lecture très troublante des écrits bibliques, avec des idées parfois perçues dans les milieux bien-pensants comme hérétiques : la Rétraction (Tsimtsoum) de la Présence Divine dans le Cosmos, pour permettre à celui-ci d’exister ; l’Exil de la Présence Divine (Galouth Hachekhina) hors de la Terre Sainte, pour accompagner le peuple d’Israël dans sa dispersion …


4) Quelle est la lecture Kabbalistique de l’Ecriture biblique ?


Elle est fondée sur le Sod (secret), considéré dans la tradition classique comme le niveau le plus profond et complexe de l'interprétation scripturaire. Selon une échelle traditionnelle des niveaux de compréhension de l’Ecriture, il y aurait quatre lectures du texte biblique, allant de l’apparemment plus simple au plus complexe.


Prenons un exemple : l’interprétation du récit de la Génèse sur l’expulsion d’Adam et d’Eve du Jardin d’Eden, après la faute commise par le premier couple : manger du fruit interdit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Ce dramatique épisode pourrait être décrypté comme l’expulsion d’un jardin d’abondance et l’exil dans une terre aride et désolée (Pechath : sens propre ou littéral) ; comme la préfiguration annonciatrice du futur exil (Galouth) du peuple hébreu hors de la Terre Promise (Remez : sens allusif ou allégorique) ; comme l’expulsion d’un jardin exubérant où règnent la santé, la longévité et le bonheur et l’entrée dans un territoire de malheur, de maladie et de souffrance (Derach : sens narratif ou homilétique) ; comme la perte de la Lumière Primordiale éclairant le Cosmos tout entier et l’exil vers un espace ténébreux où les ondes lumineuses sont emprisonnées dans des capsules d’obscurité nocturne (Sod : sens profond ou ésotérique).
S
19 février 2007 17:24
La Kabbale

Détournement de kabbale, foi sonnante et trébuchante


Si on vous demandait ce qu’il y a de commun entre David Beckham, le célèbre footballeur, Madonna et des rabbins aussi révérés qu’Issac Louria ou Joseph Caro, vous ne sauriez que répondre. De fait, le seul lien existant entre eux est un mot fort dévoyé aujourd’hui, celui de « kabbale ». Au cœur de la notoriété récente et détournée de ce qui constitue au départ, pour reprendre les mots de Charles Mopsik, « l’ensemble des doctrines ésotériques du judaïsme et le mysticisme juif », on trouve le Centre de la Kabbale. Cette multinationale fondée par Philip Berg est une entreprise familiale qui contrôle à ce jour une quarantaine de centres à travers le monde où le commerce prend le dessus sur la spiritualité. Du fil rouge de Madonna au Centre de la Kabbale à Paris en passant par les condamnations sans ambages de Grands Rabbins, nous vous invitons à un parcours kabbalistique.


L’empire Berg, un «family-business» très juteux


En quelques décennies, Philip Berg, le fondateur du Centre de la Kabbale, a mis en place une véritable multinationale dont sa femme et ses fils s’occupent plus qu’activement. Retour sur la biographie d’un agent d’assurances devenu kabbaliste.


Le fondateur du Centre de la Kabbale ne s’est pas toujours appelé Philip Berg. Né, Feivel Gruberger à Brooklyn, il commence sa carrière en tant qu’agent d’assurances. Mais, en 1962, un voyage en Israël va changer sa vie. Il y rencontre Rav Yehouda Brandwein, un élève du Rav Ashlag (lui-même auteur du « Soulam », un commentaire sur le Zohar) et fondateur d’une yéchiva nommée Kol Yehouda. Peu après, Feivel Gruberger épouse la nièce de celui-ci dont il divorce dans les années 70. C’est de cette proximité familiale avec un véritable kabbaliste que Philip Berg dira plus tard avoir tiré tout son savoir ésotérique. Les proches de Rav Brandwein, quant à eux, émettent de sérieux doutes sur cette version des faits.


Quoi qu’il en soit, la famille de Rav Ashlag lui confie, à un moment, la diffusion du Zohar accompagné du « Soulam ». Mauvais calcul car F. Gruberger, de retour aux Etats-Unis, va vendre l’œuvre pour son propre compte sans penser à reverser des droits d’auteur aux héritiers du rabbin. C’est même cette diffusion (parfois forcée) qui, un temps, fera la célébrité du centre et lui assurera des bénéfices non négligeables. Mais F. Gruberger a d’autres ambitions. Écourtant son nom, celui qui se nomme maintenant le Docteur Philip Berg - bien qu’il ait dû reconnaître par la suite ne posséder aucun doctorat - s’autoproclame « le plus grand kabbaliste du monde ». Et fonde le Centre de la Kabbale, censé diffuser la lumière du Zohar à tous ceux qui veulent en bénéficier.


Si l’on en croit le site web du Kabbalah Center, c’est la nouvelle Madame Berg (dont certains pensent qu’elle a été convertie au judaïsme par son propre mari) qui aurait eu l’idée de diffuser la sagesse du Zohar aux femmes et aux non-Juifs en l’encourageant à fonder ses centres. « Un petit rêve pour une femme, un saut géant pour l’humanité », précise, à peine mégalo, le Kabbalah Centre. D'ailleurs, une chaîne de la transmission de « ceux qui ont fait l’histoire » propose, sur le même site, une liste qui va d’Adam, Avraham et Moïse à Rav Berg et Karen Berg !


Parallèlement à la création des centres, Philip Berg publie plusieurs ouvrages, sorte de ramassis kabbalistico-new age. Et ce, à partir des USA puisqu’il a dû quitter Israël où il a été poursuivi pour avoir collecté des fonds pour une institution inexistante.


Peu à peu l’entreprise se développe. « On devrait appeler cela le business de la famille Berg, dit Rick Ross, le responsable d’un groupe de surveillance des sectes outre-Atlantique. Il y a papa Berg, maman Berg, les bébés Berg et leurs amis haut-placés ». Aujourd’hui, le bilan des activités du clan laisse rêveur. Plus de quatre millions de personnes se sont intéressées, un jour ou l’autre aux activités de ce Centre de la Kabbale que d’aucuns estiment être une secte. 20.000 internautes visitent chaque mois son site web et 40 représentations fonctionnent de par le monde dont la dernière vient de s’ouvrir à Varsovie.


Que proposent donc Berg et Compagnie pour rencontrer un tel succès?


Tout simplement, via quelques concepts kabbalistiques remodelés à la sauce « berguienne », de changer la vie des fidèles en leur assurant, outre la paix et la sérénité, un contrôle (bienvenu) sur ce qui va leur arriver. Ainsi, pour ne citer qu’un exemple, un cours donné au Centre de la Kabbale à Paris promet « en apprenant à comprendre et à se concentrer sur les Noms », d’apporter « un changement positif dans chaque domaine de votre vie, dans vos relations sociales, dans votre carrière professionnelle, en passant par votre santé physique ». À noter que, bien entendu, tous les enseignements dispensés sont payants.


L’autre aspect séduisant de cette approche grand public est qu’il n’est nul besoin de faire un effort ou de posséder un bagage intellectuel pour accéder à un savoir réputé quasi-inaccessible (puisque le judaïsme réserve l’étude de la kabbalah à des hommes d’âge mûr ayant déjà une connaissance très approfondie de la Torah - NDLR). En effet, au Centre de la Kabbale, toute pratique des mitsvote est optionnelle comme l’est aussi, entre autres, la connaissance de l’hébreu ou de l’araméen, la langue du Zohar. Puisqu’il suffit, si l’on en croit les théoriciens du Centre, de « scanner » ce dernier, en fait de passer une main ou un oeil sur le texte pour que les bienfaits de son étude soient immédiatement dispensés !


Reste enfin à mentionner le côté mercantile de l’opération. Outre les bénéfices enregistrés sur les ventes du Zohar, le prix des cours et les multiples dons engrangés (et, parfois, reçus après qu’on a menacé le donateur potentiel de subir un châtiment du ciel des plus corsés s’il n’ouvrait pas son porte-feuille), le site web et les nombreuses branches du Centre proposent un lot de gadgets impressionnants : cartes de médiation, bougies, eau kabbalistique ... Ainsi que le fameux fil rouge défini comme « vibration de Rachel » et vendu à des prix défiant toute concurrence pour un malheureux bout de coton.
S
19 février 2007 17:29
La Kabbale comme si vous en étiez


Détrompez-vous : le petit ruban rouge que Madonna, David Beckham, Britney Spears, Demi Moore et Paris Hilton arborent fièrement au poignet n’est nullement symbole de leur soutien à une bonne cause, mais de leur attachement au Centre de la kabbale (Kabbalah Centre), implanté à Londres et dirigé par un groupe de charlatans vivant de la naïveté de plus de 3,5 millions de fidèles à travers le monde.


Vendu 18,5 livres (25,6 euros), le bracelet rouge représente leur attachement à une croyance inspirée de la kabbale, une tradition juive donnant une interprétation allégorique et mystique de textes de l’Ancien Testament. La secte dit "aider les adhérents à trouver la voie vers la lumière spirituelle", rapporte The Daily Telegraph. Beaucoup ont succombé à l’attrait de son enseignement, mais, grâce à la diffusion du documentaire Sweeney Investigates : The Kabbalah Centre sur la chaîne BBC2, l’image de l’institution pourrait se retrouver fortement ternie.


Réalisé par John Sweeney, le reportage suit les traces de Tony Donnelly, un homme atteint du cancer qui a infiltré la secte muni d’une caméra cachée. Aux dires de l’Evening Standard, "les images ramenées de ce séjour sont hautement évocatrices". Une opinion que partage Donnelly dans The Daily Telegraph, où il atteste que "les dons destinés aux victimes des tsunamis servent à acheter des produits brevetés par les dignitaires du culte, tels les fameux bracelets rouges."


Selon The New York Times, les dirigeants du Centre de la kabbale ont refusé de faire des commentaires à la suite de la diffusion de l’enquête. Ils ont seulement affirmé que, "depuis des millénaires, [leur] enseignement a été mal interprété par des membres de la communauté désireux d’empêcher les autres croyants d’accéder à la connaissance suprême".
a
19 février 2007 17:51
Très intéressant texte que j'ai lu en entier ! crying(

Cette Kabbale n'est interessé que par l'argent. Je suis choqué de voir que Madonna ai financé en grande partie le centre de Londres !!

C'est une secte pour milliardaire. Quand on voit les prix de ce qu'il vende, c'est pas pour monsieur tous le monde !!

C'est le genre d'endroit qu'il faut éviter de contacter car ils ne te lachent plus par la suite.
L
20 février 2007 01:08
Citation
a écrit:
Tout simplement, via quelques concepts kabbalistiques remodelés à la sauce « berguienne », de changer la vie des fidèles en leur assurant, outre la paix et la sérénité, un contrôle (bienvenu) sur ce qui va leur arriver. Ainsi, pour ne citer qu’un exemple, un cours donné au Centre de la Kabbale à Paris promet « en apprenant à comprendre et à se concentrer sur les Noms », d’apporter « un changement positif dans chaque domaine de votre vie, dans vos relations sociales, dans votre carrière professionnelle, en passant par votre santé physique ». À noter que, bien entendu, tous les enseignements dispensés sont payants.

bon , je te remercie j'en avais entendu parlé, me voilà renseigné grinning smiley

Et un mysticisme de plus, un !
L
20 février 2007 01:10
Citation
a écrit:
Un autre grand rabbin parisien est plus perplexe : « Les textes sacrés ne font l'objet d'aucun droit d'auteur, ce n'est pas une marque déposée, chacun est libre de les interpréter comme il veut. »

Et qu'on ne s'en prive pas , merci ! ;D
 
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