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Un Historien Israélien nous raconte...
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1 février 2009 16:51
..Le nettoyage ethnique de la Palestine

Même les connaisseurs de l’histoire du Proche-Orient seront étonnés, voire stupéfaits, par l’importance et le nombre de révélations du nouveau livre de l’historien et militant internationaliste Ilan Pappé, « Le nettoyage ethnique de la Palestine » (éditions Fayard)

L’historiographie, tant palestinienne qu’européenne, et depuis une vingtaine d’années israélienne aussi, a certes fini par démonter le mythe de la propagande officielle israélienne, qui affirmait depuis toujours que les 800.000 Palestiniens ayant quitté leur pays en 1948 étaient partis « de leur plein gré », et qu’ils n’avaient qu’à s’en prendre à eux-mêmes.

De nombreux chercheurs, dont Ilan Pappé lui-même, ont ainsi démontré depuis un certain temps que la population palestinienne de ce qui constitue aujourd’hui l’Etat d’Israël a bien été chassée de son pays par l’armée juive.

Cette vérité première, quand elle est publiquement exprimée (ce qui est d’ailleurs de moins en moins souvent le cas : les célébrations en grande pompe du 60ème anniversaire d’Israël, cette année, resteront évidemment muettes sur le crime fondateur), est cependant souvent assortie de considérations hypocrites, tendant à démontrer que l’expulsion de masse des populations civiles palestiniennes fut certes regrettable, mais qu’il s’agissait d’une conséquence inévitable de la guerre, pour tout dire inhérente à tout conflit armé. « La faute à pas de chance, quoi ! »

Ilan Pappé démontre exactement le contraire. Son ouvrage détaille, jour après jour, comment, dès l’annonce du plan de partition de l’ONU, en novembre 1947, les dirigeants du futur Etat juif passèrent à la phase concrète de la réalisation du programme sioniste : créer un Etat exclusivement juif, débarrassé de la plus grande partie des habitants du pays : les hommes, les femmes et les enfants de Palestine.

Pappé rend compte notamment d’une réunion de travail décisive, le 10 mars 1948, où sont arrêtées les dernières modalités du « Plan D » (également appelé « Plan Daleth ») prévoyant l’attaque militaire de tous les villages de Palestine. Y compris les localités qui ont accepté, et l’ont fait savoir aux sionistes, de vivre sous la souveraineté du futur Etat juif ; y compris aussi, des villes, comme Safed, où populations arabes et juives avaient vécu en bonne entente bien avant l’arrivée des sionistes en Palestine, mais qui subiront, comme les autres, le nettoyage ethnique.

A la lumière des nouvelles preuves apportées par Pappé sur le caractère minutieusement programmé de l’expulsion, l’histoire de 1948 n’est donc pas tant celle d’une guerre ayant eu pour conséquence l’expulsion, que celle du nettoyage ethnique, dont la mise en œuvre nécessitait la guerre.

Et si la décision est finalisée en ce 10 mars 1948, c’est bien parce que les responsables sionistes, sous la conduite de David Ben Gourion, sont convaincus que les conditions politiques (le fait que l’ONU leur ait déjà alloué officiellement plus de la moitié de la Palestine) et surtout militaires, leur sont désormais favorables.
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1 février 2009 17:19
Ilan Pappé apporte ensuite de nombreux détails inédits sur la violence exercée par l’armée juive, la future « Tsahal », qu’il s’agisse de l’officielle Haganah ou des bandes supplétives formées par les milices d’extrême-droite Irgoun (également appelé Etzel) et Stern (Lehi).

On y apprend, entre autres, concernant les massacres de villageois, que le plus sanglant ne fut sans doute pas celui, déjà connu (parce que les dirigeants sionistes n’avaient pu le masquer, à l’époque) de Deir Yassin, mais celui intervenu dans le village de Dawaimeh, le 28 octobre 1948 près de Hébron, où 455 habitants furent assassinés, les survivants retrouvant des bébés au crâne fracassé par la crosse des fusils ou des femmes brûlées vives à l’intérieur de leur maison. La plupart des exactions commises dans les 541 villages et les 11 quartiers de villes finalement rasés par l’armée israélienne ne peuvent être qualifiées de bavures, analyse Pappé, car elles participaient d’un plan général visant à éradiquer la présence palestinienne sur le territoire.

L’auteur fait remarquer, de ce point de vue, que les programmes de l’industrie militaire israélienne, naissante à ce moment-là, comportaient des projets d’armes, y compris biologiques, forcément conçues pour être employées contre des populations civiles, et non contre une troupe ennemie. Pappé révèle notamment l’empoisonnement volontaire, avec l’emploi du germe responsable de la typhoïde, de la conduite d’eau desservant les habitants assiégés de la ville d’Acre, en mai 1948 (70 morts, avant que les responsables municipaux de cette ville palestinienne ne découvrent la source de l’épidémie).

Suite aux guerres dans l’ex-Yougoslavie, le nettoyage ethnique est un crime que le droit international définit aujourd’hui comme crime contre l’humanité, constate Pappé.

Néanmoins, on pourrait, on devrait même, si l’on veut donner une chance à la paix en Palestine, « faire jouer une règle d’obsolescence » concernant ces horreurs perpétrées il y a soixante ans, estime-t-il.

« Mais à une condition : que la seule solution politique normalement considérée comme essentielle pour la réconciliation dans les autres cas de ce genre, soit le retour inconditionnel des réfugiés dans leurs foyers ».

(« Le nettoyage ethnique de la Palestine », traduit de l’anglais par Paul Chemla
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1 février 2009 18:26
L’exécutif israélien soutient qu’il a atteint la majorité des objectifs de « Plomb durci », mais le gouvernement du Hamas contrôle encore Gaza, et les Palestiniens sont en train de reconstruire les tunnels qui relient Rafah à l’Egypte. Quels étaient alors les objectifs de l’offensive militaire ?

Se remettre de la défaite subie il y a deux ans au Liban, et rétablir le pouvoir de dissuasion de l’armée. Vaincre militairement le Hamas qui, avec le Hezbollah, représente la seule véritable opposition à Israël. En outre, il n’y a pas de véritable politique à l’égard de la Bande de Gaza : les Israéliens veulent la contrôler indirectement, mais ne savent pas comment se comporter avec ses habitants. Et quand les Palestiniens résistent, ils mettent en acte des punitions collectives de plus en plus extrêmes. Les trois semaines de massacre ont mis à nu ce dernier élément aussi.

Quelle est la différence entre « Plomb durci » et les précédentes campagnes militaires d’Israël contre les Palestiniens ?

La stratégie est la même, mais cette fois il y a eu une escalade dans la force utilisée, dans la licence de tuer accordée aux troupes. La prochaine opération pourrait être encore plus lourde.

96% de la population juive d’Israël a soutenu cette opération militaire. Comment expliquez-vous cette attitude ?

Nous parlons de la même société qui, en 1948 et en 1967, a expulsé les Palestiniens de leurs terres. Après 60 années d’endoctrinement, de déshumanisation des Palestiniens, de diabolisation des Palestiniens, en tuer un millier en trois semaines n’a pas représenté un gros problème. Les médias, la culture politique ont préparé la société à accepter ces massacres comme un « acte d’autodéfense ». Tant que la société ne commencera pas à se libérer de l’idéologie sioniste, il ne pourra y avoir aucune opposition sérieuse face aux opérations comme « Plomb durci ».

Pourtant les accusations de « crime de guerre » (guillemets de l’auteur de l’article, NdT) pleuvent, alors que même des groupes de juifs israéliens demandent le boycott de l’Etat d’Israël pour la façon dont il traite les Palestiniens (pas de précision sur ces « groupes », NdT). Ne croyez-vous pas qu’un des effets de cette tragédie (souci récurrent à la rédaction du manifesto, NdT) sera l’isolement de l’Etat juif ?

Je l’espère, mais je ne crois pas qu’Israël soit arrêté dans des initiatives de ce genre. La Cour internationale de justice a condamné le Mur de l’apartheid mais cela n’a pas changé d’un pouce les politiques israéliennes. Peut-être cependant, un processus est-il en train de se mettre en marche, je veux l’espérer.
C
1 février 2009 19:46
Vous êtes favorable au boycott, même universitaire et culturel. De quelle façon pensez-vous que de telles mesures peuvent favoriser le processus de paix ?

Si le boycott avait du succès, l’élite culturelle et intellectuelle israélienne sentirait qu’elle n’est pas acceptée, à cause de sa complicité ou de son indifférence à l’égard des politiques gouvernementales. Elle serait obligée d’agir parce qu’elle ne peut pas vivre sans faire partie du monde occidental. Cette mesure, seule, ne serait pas suffisante : pour un vrai changement il faut une politique générale qui pousse pour le réaliser. Mais ce serait un bon début, parce que ces intellectuels ont un rôle central dans la façon dont ils créent, en Israël, l’image d’un Etat juif soutenu par tout l’occident dans sa bataille contre les Palestiniens.

De la Nakba en 48-49 à l’opération « Plomb Durci » 60 ans après : le mouvement national palestinien semble mort (national = Fatah ? mais pas à Gaza quand même ! NdT).

Il n’est pas mort mais en crise profonde : d’unité, d’objectifs, de stratégie. Le mouvement de libération palestinien, cependant, n’a jamais été en bonnes conditions. Je crois toutefois qu’il a les potentialités pour arriver à une leadership et une stratégie meilleures. Mais une grosse partie de la responsabilité de l’état dans lequel il se trouve revient au monde occidental, ce problème n’a jamais été créé par les Palestiniens mais par l’Europe. Le fait que les Palestiniens méritaient une meilleure direction ne nous exempte pas, ici en Europe, de faire de notre mieux pour les soutenir.

Dans votre dernier livre, vous déclarez qu’à partir des années 30 du siècle dernier, le mouvement sioniste élabora un plan pour réaliser la purification ethnique des Palestiniens. Aujourd’hui de semblables opérations sont inimaginables : les deux peuples sont destinés à vivre ensemble. Mais sous quelle forme ? (Nous y voilà, NdT)

Il y a quelques années il semblait impossible qu’Israël assassinat 400 enfants palestiniens en quelques jours. Et pourtant il l’a fait, sans que le monde ne bouge le petit doigt. Ceci signifie qu’il pourrait, par exemple, expulser des milliers de personnes et qu’en Italie, ou en Grande-Bretagne, les gouvernements ne s’y opposeraient pas. Je crois que les Israéliens n’ont pas besoin d’une épuration ethnique comme ce qu’ils ont fait en 48. La stratégie est différente : garder « en prison » Gaza et la moitié de la Cisjordanie, et du coup nombreux sont ceux qui quitteront le pays. S’ils en ont besoin, ils lanceront une nouvelle épuration ethnique, ou un génocide, ou l’occupation (traduction littérale, NdT). Ça, ce sont les outils. Ce qui compte c’est que la stratégie n’a pas changé et, si l’on en juge aux réactions internationales, Israël sait qu’il a vraiment peu de limites à ce qu’il peut faire, épuration ethnique comprise.

Donc vous pensez, vous, que la stratégie est celle de l’épuration ethnique, et pas la création d’un régime d’apartheid ?

Il s’agit de deux éléments qui, comme dans le cas du régime ségrégationniste d’Afrique du Sud, ne peuvent pas être séparés : apartheid signifie création de zones réservées seulement à un peuple. Vous pouvez l’obtenir par la séparation ou par l’expulsion d’un des peuples, ou par l’assassinat. Ce ne sont que des moyens, qui font partie de la même idéologie.
C
2 février 2009 08:29
A ceux qui nous traitent de parano et nous taxent de pro-palestinien, j'aimerai bien connaitre leurs avis aprés avoir lu les dires de cet historien israélien et de surcroit de confession juive .
 
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