GAZA (Reuters) - Des hommes de la Force exécutive du Hamas ont dispersé à coups de feu en l'air des manifestants de la faction palestinienne rivale du Fatah sur la place principale de la ville de Gaza.
(Publicité) Les policiers affiliés au mouvement islamiste ont confisqué aux protestataires leurs drapeaux jaunes, la couleur du Fatah du président Mahmoud Abbas, dont la manifestation n'avait pas reçu l'agrément préalable désormais exigé par le Hamas.
Hurlant que "filmer est interdit", les policiers du Hamas ont confisqué les caméras des journalistes qui enregistraient la scène ainsi que les téléphones portables équipés pour prendre des photos.
Des éléments de la force exécutive du Hamas ont en outre pénétré dans les locaux de la chaîne d'information permanente arabe Al Arabia, saisissant une caméra vidéo ainsi qu'un enregistrement réalisé par ses journalistes sur les lieux de la manifestation.
Dans un communiqué, le Syndicat national des journalistes palestiniens a dénoncé cette "attaque contre la liberté d'expression" et invité ses adhérents à n'avoir aucun contact professionnel pendant trois jours avec la Force exécutive "car elle a attaqué nos confrères".
Les policiers islamistes ont déclaré être intervenus pour faire appliquer une nouvelle réglementation imposant aux organisateurs de manifestations d'obtenir une autorisation 48 heures à l'avance.
Ehab al Ghsain, porte-parole du "ministère de l'Intérieur" du Hamas, qui coiffe la Force exécutive, a assuré que cette mesure, en vigueur depuis dimanche, ne vise qu'à "préparer la protection des participants" aux rassemblements.
"Il n'y a pas décision d'interdire les rassemblements du Fatah ou d'autres. Le rassemblement d'aujourd'hui a été brisé parce que les organisateurs avaient refusé de solliciter une autorisation", a-t-il encore affirmé.
Un responsable du Fatah a qualifié la nouvelle mesure de "décision illégale" exécutée par "une force illégale et illégitime" aux ordres d'un Hamas lui même délégitimé, selon Abbas, par le coup de force qui lui a permis de prendre le contrôle de Gaza à la mi-juin.
"PAS UN SEUL PRISONNIER POLITIQUE" A GAZA
Djamil Mezher, un responsable local du Front populaire pour la libération de la Palestine, qui devait participer à la manifestation au côté du Fatah, a exhorté le Hamas a réexaminer sa mesure qui "porte atteinte à la démocratie palestinienne".
"Ce qui s'est passé aujourd'hui constitue une tentative visant à réprimer et terroriser les gens, qui ont le droit de manifester pacifiquement", a-t-il estimé.
Selon un responsable du Fatah qui souhaite garde l'anonymat, des centaines de militants du mouvement nationaliste d'Abbas ont été appréhendés par le Hamas depuis sa prise de pouvoir, il y a deux mois. "Sur ce total, 120 restent détenus et on est sans nouvelles de 12 autres", a-t-il précisé.
Sami Abou Zourhi, porte-parole du Hamas à Gaza, a affirmé que ces allégations ne visaient qu'à détourner l'attention de l'arrestation de 420 à 490 membres du Hamas par les services de sécurité d'Abbas en Cisjordanie.
En ce qui concerne Gaza, où le Hamas assure n'incarcérer que de criminels de droit commun, "toutes les prisons et centres de détention sont ouverts aux organismes de défense des droits de l'homme et aux médias afin qu'ils vérifient par eux-mêmes que nous n'avons pas un seul prisonnier politique du Fatah ou de tout autre faction", a ajouté Abou Zourhi.
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