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Ben Ali, 73 ans dont 22 à la présidence, "brigue" un nouveau mandat
s
23 octobre 2009 10:14
Tunis, Monastir Envoyée spéciale


Tous les cinq ans, ils se persuadent que "c'est la dernière fois". La dernière fois qu'ils laissent "l'artisan du changement", selon la terminologie officielle, se maintenir au pouvoir, à coups d'amendements édictés à la veille des élections pour écarter tout rival sérieux. Mais voilà vingt-deux ans que cela dure. Autant les Tunisiens nourrissaient des illusions, au soir du 7 novembre 1987, après que M. Ben Ali, alors premier ministre, eut déposé Habib Bourguiba, devenu sénile, autant ils n'en ont plus aujourd'hui. Et, dimanche soir, ils le savent : quel que soit leur vote, Zine El-Abidine Ben Ali sera reconduit à la tête du pays pour un cinquième mandat, avec un score frôlant les 95 %.

Pourtant, l'impopularité de cet homme de 73 ans est frappante. Des trois pays du Maghreb, le régime tunisien est sans doute celui qui est le plus mal aimé de sa population. Même en Algérie, le pouvoir n'a pas droit à un tel mépris... Pour le touriste de passage, c'est à n'y rien comprendre. A première vue, la Tunisie est propre et belle. Routes, aéroports, services, tout fonctionne plutôt vite et bien. Tous les foyers tunisiens ou presque sont raccordés à l'eau et à l'électricité ; 80 % de la population est propriétaire de son logement (au prix d'un lourd endettement) ; il y a peu de bidonvilles. La scolarisation et les soins, même imparfaits, sont accessibles à tous. Les femmes bénéficient des mêmes droits que les hommes (sauf en matière d'héritage).

Le pays, géré par une équipe de bons technocrates, affiche également chaque année des taux de croissance honorables, de l'ordre de 5 %. Et pourtant, il est difficile de rencontrer des Tunisiens qui se disent heureux...

Dimanche 25 octobre, Rachid ira voter. Mais "pas pour "lui"", dit-il sèchement. Autrement dit, pas pour le candidat Ben Ali. Plutôt que de boycotter les urnes, ce père de deux enfants, 55 ans, fonctionnaire dans les chemins de fer, ira faire un tour dans l'isoloir, pour "ne pas se faire remarquer". Mais à l'abri des regards, il votera blanc. Ce qui l'exaspère ? Pêle-mêle, le chômage (14 %), en particulier celui des jeunes diplômés. Les salaires trop bas (le salaire minimum est de 250 dinars, soit 130 euros). Les passe-droits. Le racket des petits fonctionnaires, des policiers notamment. L'obligation d'adhérer au parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), pour bénéficier d'aides telles qu'un emploi, une bourse, un permis de construire, etc.

Ce maillage étouffant de la société par le RCD et ses affidés - comités de quartier et indicateurs -, Rachid et sa femme le vivent de plus en plus mal. Tous deux s'inquiètent pour leurs enfants. "Qu'est-ce que nous allons leur léguer ? Un pays où l'Etat de droit n'est qu'un mot en l'air ?", s'interrogent-ils avec anxiété et colère.

Mais un autre sujet domine toutes les conversations et alimente la frustration générale : la main-mise de "la famille" sur le pays. Comme le dit Rachid, "après un petit verre - car le vin ça dégage tout ! -, on vous avouera la vérité : on en a marre !". Marre, précise-t-il, des frères, des gendres, des neveux, des Trabelsi, Chiboub, Ben Ali, El-Materi, "de tout ce clan familial qui ne cesse de grossir et de s'accaparer les richesses du pays".

"La Tunisie connaît une croissance indiscutable depuis vingt ans, mais qui profite de façon très inégalitaire à la population. D'où la rancoeur que vous constatez. Nous sommes aujourd'hui dans une société duale, ce qui est nouveau. Il y a ceux qui profitent du système et en vivent extrêmement bien, et ceux qui enragent d'en être exclus ", analyse Tarek, un homme d'affaires prospère. Pour lui, le président Ben Ali excelle "à prendre le pouls du petit peuple" et à réagir au moment adéquat. Il lâche du lest quand monte la pression et décrète, par exemple, des hausses de salaire, pour éviter tout dérapage social sérieux ou prolongé. C'est cette capacité à deviner "jusqu'où il peut aller" qui, conjuguée au clientélisme et au maillage policier de la société, expliquent, en bonne partie, son maintien à la tête du pays.

Voilà longtemps, en tout cas, que le chef de l'Etat a compris que ses partenaires européens se contenteraient d'une démocratie en trompe-l'oeil en Tunisie. "Les droits de l'homme ? Après vingt-deux ans de bénalisme, la jeunesse s'en fiche ! A la limite, elle nous donne tort de continuer à mener cecombat. Elle estime que nous sommes bien bêtes de ne pas profiter du système ", se désole la sociologue Khadija Chérif, membre de l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), découragée comme beaucoup d'autres de sa génération. "Les étudiants sont totalement dépolitisés. Pour eux, la réussite passe par l'argent, non par l'effort ou les études", confirme l'universitaire Larbi Chouikha.
s
23 octobre 2009 10:18
Résignés, indifférents, mais par-dessus tout tenaillés par la peur, les Tunisiens attendent. Quoi ? Ils ne le savent pas très bien. Que "la mort", "un coup d'Etat ", voire "un attentat", disent-ils un peu gênés, presque honteux, viennent les délivrer de cette soumission à un régime qui leur pèse, mais pas au point de se révolter. Grâce à la chaîne d'information qatarie Al-Jazira - "notre oxygène", disent-ils -, ils n'ignorent rien de ce qui se passe chez eux, en dépit du muselage de la presse nationale. "Tout a une fin", disent-ils de temps à autre, comme pour se rassurer.

Imperturbable, le pouvoir, lui, peaufine son langage à destination de l'Occident. "Nous souffrons d'un déficit d'image, par manque de savoir-faire en communication. C'est cela, notre principale faiblesse", soupire ainsi Zouhair Mdhaffar, ministre délégué auprès du premier ministre, chargé de la fonction publique, avant de poursuivre benoîtement : "Nous sommes une démocratie émergente. Nous savons que nous avons encore des progrès à faire dans ce domaine. Mais pourquoi donc êtes-vous si sévères avec la Tunisie ? Vous feriez mieux d'apprécier notre bilan global au lieu de vous attacher à des petits détails !"

Dehors, pendant ce temps, les défenseurs des droits de l'homme subissent un harcèlement quotidien, rendu possible par une administration et une justice aux ordres. "Petits détails", sans doute, que les tabassages en règle, et en pleine rue. Les filatures vingt-quatre heures sur vingt-quatre (y compris pour les journalistes étrangers). Les interdictions arbitraires de sortie du territoire. Les détournements de courrier, en particulier électronique. La surveillance des lignes téléphoniques. Le filtrage policier à l'entrée des domiciles privés. On n'en finirait pas de dresser la liste des méthodes employées par le régime...

"Détails" aussi, ces campagnes de diffamation, menées semaine après semaine par une presse de caniveau, contre toute voix discordante. Exemples choisis. Selon Kol El Nass et Al Hadath, deux journaux arabophones proches du pouvoir, Khemaïs Chammari, ancien député, est "un vendu et un corrompu". Hamma Hammami, porte-parole du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (POCT, interdit), est "un salaud fanfaron". Le docteur Moncef Marzouki, ex-secrétaire général de la Ligue tunisienne des droits de l'homme, est "un drogué". Quant à Maya Jribi, secrétaire générale du Parti démocratique progressiste, (PDP, légal), l'une des très rares femmes à avoir eu l'audace de se lancer en politique, elle n'est rien d'autre qu'une lamboua ("putain"winking smiley.


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Ce reportage a été réalisé au début du mois d'octobre, avant que l'envoyée spéciale du Monde, de retour en Tunisie, ne soit refoulée à l'aéroport de Tunis, le 21 octobre
D
23 octobre 2009 13:09
il n a pas de fils ben ali?????????????
S
23 octobre 2009 13:25
VIVE LE ROI !!!!!

Maintenant les tunisiens qui ont du mal à se réveiller pourront facilement constater qu'ils sont aussi un peu Marocain avec un Roi pour diriger leur société.
t
23 octobre 2009 13:28
22 ans pas mal walakin arra9m al 9yassi 7tmou mobarak de l egypt et 9addafi ptdr
b
23 octobre 2009 19:45
Qu'est ce qu'il y a d'étonnant ?
Connaissez vous un autre pays arabe où le président s'est installé grace à un suffrage régulier et qu'une fois installé n'a éffectué qu'un mandat.
Le totalitarisme ainsi que toute forme de dictature et d'oppression sont des pratiques d'origine arabe, c'est dans les gènes.
Il faut s'y faire, la satisfaction résignée des peuples arabes fera durer ces systèmes longtemps encore.
h
23 octobre 2009 20:26
la tunisie va tres mal, .... les reseaux feministes ont fait trop de degats dans ce pays.
assalam o alykoum
s
23 octobre 2009 20:46
Citation
thetiger a écrit:
22 ans pas mal walakin arra9m al 9yassi 7tmou mobarak de l egypt et 9addafi ptdr

En effet, Kaddafi a fêté ses 40 ans de pouvoir le 1er septembre de cette année.
Quand à Moubarak, il a fêté ses 28 ans de "présidence" il y'a tout juste 10 jours.
A noter que Moubarak a également été vice-président pendant 6 ans, soit en tout 34 ans de pouvoir !
24 octobre 2009 09:40
Citation
habib75 a écrit:
la tunisie va tres mal, .... les reseaux feministes ont fait trop de degats dans ce pays.

bjr abib75
QUESQUE AVOIRE LE RESEAUX FEMINISTES AVEC UN DICTATEUR
s
24 octobre 2009 12:02
Tunis, Monastir Envoyée spéciale

S'il est une plainte récurrente, c'est bien celle-là : les bas salaires. Mokhtar, 30 ans, marié et père de trois enfants, gagne 800 dinars (415 euros) par mois comme employé dans un grand hôtel de Monastir, la ville natale de l'ancien président Bourguiba, située à 200 kilomètres au sud de la capitale. Il peut s'estimer heureux, d'abord d'avoir un emploi alors que le chômage frappe presque 15 % de la population active, ensuite de toucher l'équivalent de quatre fois le smic tunisien (250 dinars, 130 euros). "Et pourtant, je m'en sors tout juste, avec les 260 dinars que je verse chaque mois à la banque pour le remboursement de mon appartement", soupire-t-il.

Dans ce pays où, officiellement, la classe moyenne représente 80 % de la population, les gens n'ont pas la vie aussi facile que l'indiquent les statistiques. Pour que la Tunisie reste compétitive et attire les investisseurs étrangers - dans le textile, les industries mécaniques, électroniques, ou aéronautiques -, le coût de la main-d'oeuvre est maintenu très bas. "Au Maroc, il est de 20 % plus élevé. Mais la stratégie adoptée par la Tunisie se révèle payante : de nombreuses sociétés européennes qui étaient parties en Europe de l'Est reviennent à présent ici, attirées par le bas coût et tous les avantages qui leur sont consentis", explique un expert économique en poste à Tunis.

Résultat : il est difficile pour la plupart des Tunisiens de s'en sortir avec un salaire unique. Le travail au noir permet aux uns et aux autres à la fois de boucler les fins de mois et de s'offrir ce dont ils rêvent, quitte à avoir des journées de forçat. Car la soif de consommation est énorme en Tunisie, et les crédits des tentations constantes. Alors, chacun a recours au système D. L'enseignant double son salaire en donnant des cours particuliers. Il le peut d'autant plus que les familles sont prêtes à tous les sacrifices pour l'éducation de leurs enfants. Quant au commerçant, il s'improvise chauffeur de taxi avec sa voiture particulière, après avoir fermé sa boutique.

Malgré tout, les autorités peuvent se targuer d'un bilan positif en matière de développement économique et humain. C'est même le principal atout du président Ben Ali qui, dimanche 25 octobre, briguera un cinquième mandat à la tête de l'Etat, après 22 ans de pouvoir. Le pays est soigneusement géré, alors qu'il ne dispose pas de la manne fabuleuse en hydrocarbures de ses voisins algériens et libyens. Il n'en est pas totalement dépourvu, cependant. En ressources gazières, il atteint même l'autosuffisance, alors qu'en ressources pétrolières il doit encore importer les quatre cinquièmes de sa consommation, faute de capacité de raffinage suffisantes.

La Tunisie, "bon élève du Maghreb" ? Ce n'est pas par hasard que le pays se voit toujours décerner ce titre par ses partenaires de l'Union européenne, à laquelle le lie un accord d'association qui a abouti, en janvier 2008, au libre-échange des produits industriels. Même en période de crise internationale, la Tunisie parvient à maintenir ses équilibres macro-économiques. A la fin de 2009, elle devrait afficher un taux de croissance de 3 % (contre 5 % en moyenne, ces dix dernières années). Un exploit quand on sait que 80 % de ses échanges commerciaux se font avec les pays de l'Union européenne qui, eux, sont en pleine récession.

"Pourquoi nous compare-t-on toujours à nos voisins, l'Algérie et le Maroc, et non à la Grèce et au Portugal ? S'il est vrai que le pays n'est pas mal tenu depuis vingt-deux ans, nous pourrions faire beaucoup mieux et avoir une croissance à deux chiffres", s'irrite Mokhtar, un homme d'affaires tunisois.

"La Tunisie, c'est exact, pourrait faire encore mieux. Elle est performante en matière d'exportations, mais considère son marché intérieur comme une chasse gardée. Sans doute pour ne pas déstabiliser des acteurs locaux, et surtout ne pas toucher à des intérêts qui concernent la famille Ben Ali et celle de son épouse, Leila Trabelsi", analyse un économiste européen.


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Ce reportage a été réalisé au début du mois d'octobre, avant que l'envoyée spéciale du Monde, de retour en Tunisie, ne soit refoulée à l'aéroport de Tunis, le 21 octobre.


Florence Beaugé
s
24 octobre 2009 12:03
Une première banque islamique à Tunis

Une première banque islamique locale a été créée à Tunis avec un capital initial de 25 millions de dollars (16,6 millions d'euros), ont annoncé ses fondateurs, jeudi 22 octobre. Seule une banque saoudienne opérait jusqu'à présent dans le secteur de la finance islamique. Le promoteur de la nouvelle banque est le gendre du chef de l'Etat, Mohammed Sakher El-Materi, un homme d'affaires. Par le biais de son groupe, Princesse El-Materai Holding, il détient 51 % du capital du nouvel établissement Zitouna ("l'olivier"winking smiley. Les autres actionnaires sont des groupes privés. Zitouna se veut une "banque universelle, citoyenne, moderne et ouverte sur son environnement international". - (AFP.)
b
be
24 octobre 2009 13:49
Que pensent les intervenants tunisiens de ce forum?
24 octobre 2009 13:53
VOTe blan est une erreur car le vote blanc va a la majorité
Nadafa minal imane wal imane minal islam... il est temps de subsidier les panneaux solaires
h
24 octobre 2009 17:17
Citation
charles1 a écrit:
Citation
habib75 a écrit:
la tunisie va tres mal, .... les reseaux feministes ont fait trop de degats dans ce pays.

bjr abib75
QUESQUE AVOIRE LE RESEAUX FEMINISTES AVEC UN DICTATEUR

demande a sa femme, qui encourage une certaine debauche, elle et son mari, meme les efforts faits par ce pays, il reste au pays occidentaux, une dictature. alors que le pauvre il a tout fait pour avoir sa bénédiction.
assalam o alykoum
t
24 octobre 2009 17:38
Citation
habib75 a écrit:
la tunisie va tres mal, .... les reseaux feministes ont fait trop de degats dans ce pays.


:qu est ce que tu as contre les femmes toi ? akma degats psychologique d un divorce ?ptdr
h
24 octobre 2009 20:38
Citation
thetiger a écrit:
Citation
habib75 a écrit:
la tunisie va tres mal, .... les reseaux feministes ont fait trop de degats dans ce pays.


:qu est ce que tu as contre les femmes toi ? akma degats psychologique d un divorce ?ptdr

pas besoin de se marier, ou de divorcer pour voir la realités des choses, ..

la tunisie s'est trop degradée sur ce sujet. y a deux categorie d'homme la bas; soit celui qui en profite, et s'amuse a fond, puisque tout est a coté de lui, et la loi ne le punie pas , et meme le protege contre le mari de la femme. soit celui qui n'a plus de droit, il n'a plus de considération chez lui, plus de personnalité, aucune exigence de sa part n'est admise.


dans les deux categorie c'est la femme la perdante.
assalam o alykoum
s
25 octobre 2009 15:49
Le parcours fulgurant de Sakhr El-Materi, gendre du président tunisien Ben Ali


Tunis Envoyée spéciale

C'est l'histoire d'un jeune homme, certes de bonne famille, mais que rien ne prédisposait à un parcours aussi fulgurant. Au départ, Sakhr El-Materi n'a qu'un nom. Mais quel nom ! Celui des El-Materi, une famille de la grande bourgeoisie tunisoise. Dans les années 1930, son grand oncle, Mahmoud El-Materi, fonde avec Habib Bourguiba le Néo-Destour, le parti qui va lutter pour l'indépendance de la Tunisie.

Moncef El-Materi, le père de Sakhr El-Materi, aura également une vie hors du commun. En décembre 1962, ce militaire de carrière participe à un complot contre le président Bourguiba. La conjuration échoue. Moncef El-Materi échappe au poteau d'exécution grâce à l'intervention de Wassila Bourguiba, l'épouse du président très liée à sa famille.

Avec un tel pedigree, il restait à Sakhr El-Materi de se faire un prénom. Il y parvient en épousant en 2004 Nesrine, l'une des filles du président Ben Ali et de sa deuxième femme, Leila Trabelsi. Les fiancés ont alors 24 et 18 ans. Sakhr est "gentil mais en aucun cas exceptionnel", disent ceux qui le connaissaient dès cette époque.

Le jeune homme a pour tout bagage deux années d'études supérieures à Bruxelles, où il a obtenu un brevet de gestion. Mais ce mariage enchante le couple présidentiel. Enfants du peuple, Zine El-Abidine Ben Ali et Leïla Trabelsi souffrent depuis toujours du dédain des bourgeois de Tunis et de la banlieue nord qui les regardent de haut.

Sakhr El-Materi va vite prendre la place de "gendre préféré" qu'occupait jusque-là Slim Chiboub, le mari d'une autre fille de Ben Ali, tombé en disgrâce. Il s'installe au Palais de Carthage, à la présidence.

La privatisation de la Banque du Sud va lui permettre de réaliser une formidable plus value grâce à trois banques tunisiennes qui lui concèdent un prêt. "Ce qui s'est passé est surréaliste. Cela s'appelle un délit d'initié ! Et le pire est que Sakhr El-Materi a été conseillé dans cette entreprise par l'un des meilleurs cabinets d'affaires parisiens !", raconte, sous couvert d'anonymat, un témoin qui a suivi l'opération.

Grâce à ce pactole, Sakhr El-Materi va se constituer un empire qu'il baptisera du nom prédestiné de Princesse Holding . Il commence par racheter la société Ennakl, un distributeur automobile. Puis il obtient la concession de gestion et d'exploitation des activités de croisières du port de La Goulette, dans la banlieue nord de Tunis. Un projet essentiellement financé par la filière tchèque d'une grande banque française.

Sa carrière ne s'arrête pas là : après avoir pris des participations dans l'agro-alimentaire (Nestlé notamment) et réalisé des opération immobilières (comme le rachat d'un palais à Hammamet), le gendre se lance dans le monde des médias et de la politique. Ses beaux-parents lui confient la mission de ravir la vedette aux chaînes de télévision islamiques du Golfe, très populaires en Tunisie, et, d'instaurer un "islam officiel tunisien". Radio Zitouna, la radio religieuse privée qu'il lance, connait bien vite un immense succès.

Il crée ensuite une télévision sur le même principe, Zitouna TV, puis, il y a quelques jours, lance la première banque islamique tunisienne. Entre-temps, il a pris le contrôle du groupe de presse Dar Assabah, une institution, dont il met vite le titre phare, Assabah, au service quasi exclusif de son beau-père, le président Ben Ali.

Le 25 octobre au soir, Sakhr El-Materi franchira une nouvelle étape : il entrera à l'Assemblée nationale. Il brigue en effet un siège de député de Tunis, aux élections législatives de dimanche. Personne n'imagine qu'il soit battu, lui qui est déjà au comité central du parti au pouvoir, le RCD.

Quel est l'avenir de celui que beaucoup de Tunisiens surnomment avec ironie "le gosse" ou "le gamin" ? Certains le voient en héritier de Ben Ali. D'autres assurent qu'il n'est que le "collecteur de fonds" de sa belle-mère, Leïla Trabelsi, que l'on dit très soucieuse d'assurer l'avenir matériel de son dernier né, le petit Mohammed, 4 ans.

Une chose est sûre : Sakhr El-Materi devra se battre dans un milieu où d'autres, en particulier Belhassen Trabelsi, le frère de la présidente, ne lui feront pas de cadeaux. "Il a pris une assurance folle, raconte un de ses amis. Mais il est pieds et poings liés à la Première Dame. C'est elle, en fait, qui décidera de son sort".


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Ce reportage a été réalisé au début du mois d'octobre, avant que l'envoyée spéciale du "Monde", de retour en Tunisie, ne soit refoulée à l'aéroport de Tunis, le 22 octobre.
M
26 octobre 2009 01:06
La Tunisie est un pays soumis, il n'y a que pour la famille Trabelsi ou Ben Ali, chacun a peur de l'autre. Plus d’un policier par habitant puisque chacun vend l’autre.

Attention, si tu prends les petits Taxis (couleur jaune) ne raconte rien au chauffeur à la descente tu te fais arrêté discrètement.

Tout est étudié et calculé pour la sécurité de Ben Ali, tout est contrôlé, même les cabines téléphoniques.

Si tu dis vive Ben Ali tout le monde te répond par la même phrase et la peur d'être différent, dans l'euphorie tout le monde dira vive Ben Ali. C’est l’effet de la peur que n’importe quel citoyen sait que la pire des choses qui peut lui arriver c’est la sentence qui peut lui être infligé en cas de désaccord avec Ben Ali. Même à l’intérieur de sa maison en Europe le tunisien dira vive Ben Ali car il a peur des murs.
 
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