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Crise civilisationnelle en terre d’Islam :L’enjeu identitaire.
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28 octobre 2004 02:29
Salam,
Voilà les preuves historiques à lire attentivement pour bien comprendre l'apport des berbéres à la civilisation musulmane.



(...)
C’est celui qui a incité certains protagonistes à mettre en avant le plus de faux arguments, exposant ainsi un domaine affectif à des manipulations dont nous ne maîtrisons probablement pas tous les tenants et les aboutissants.


Si l’on s’en tient aux études ethniques les plus sérieuses, comme celles d’Ibn Khaldoun (3) qui ont servi de références à l’Orient comme à l’Occident, toutes les versions relatives à l’origine des peuples du Maghreb situent celle-ci au Moyen Orient .


Les premiers maghrébins seraient issus de deux grandes souches ; celle des Bernes, appelés aussi Al Baranis, et celle des Madghis surnommés El-Boutr. L’auteur d’Elmouqaddima cite des généalogistes berbères tels que Al Qûmi, Qahlan, Ibn Abi Lûwa, Ibn Souleimen Matmati, selon lesquels ces deux souches seraient elles mêmes issues de Berr fils de Mazigh fils de Canaân fils de Cham fils de Noé.Jallut -le Goliath adversaire de David -fût un de leurs rois,et les Philistins,ancêtres des Palestiniens étaient leurs parents.


Ces mêmes généalogistes berbères auraient établis que certaines de leurs tribus comme les Luwata,les Huwâra,les Zenata,les Zuwawa sont d’origine arabe .


Sous l’occupation romaine puis byzantine, cette spécificité ethnique, a fait que les Berbères, soumis aux rapports dominants - domines , se trouvèrent de manière quasi-permanente en état de rébellion. On sait que Jugurtha, roi de Numidie a fini ses jours, enchaîné dans un cul-de basse-fosse à Rome.


C’est au VIIème siècle, avec l’arrivée des premiers Musulmans au Maghreb, venus en expédition ou pour s’installer en simples immigrés ou en tant que réfugiés politiques ou religieux, que les Berbères entrèrent de plein pied et à part entière dans l’histoire des civilisations.


Les affinités ethniques, la découverte d’une religion qui convenait tout à fait aux préoccupations tant morales et spirituelles que politiques et sociales des populations locales, firent que l’islamisation de la contrée se déroula relativement rapidement et sans grande résistance.


Les Berbères sont évoqués très tôt dans les textes scripturaires de l’Islam. Des Hadiths du Prophète(b.d .s.l)leur prédisent un rôle prestigieux dans la glorification de l’Islam et dans la restauration des valeurs dans la société musulmanes quand ces valeurs se seront corrompues. L’Imam Ali abonde dans ce sens,et estime dans son interprétation du verset 5 de la Sourate « El Meïda »qu’en ce qui concerne le « qâoum » « qui aimera Dieu et que Dieu aimera » c’est du peuple berbère venu de l’Ouest qu’il s’agit. (4 )


Dès l’origine, ils furent avec les Persans, et un peu plus tard avec les Turcs,parmi les grands peuples qui par conviction profonde,se mirent au service de la nouvelle religion et portèrent haut le flambeau de la civilisation qu’elle a instaurée.


De grandes figures et de puissantes dynasties jalonnent cette épopée, certainement la plus glorieuse et la plus significative de leur histoire jusqu’alors.


Tariq Ibn Zyad,qui en 711 à la tête d’une poignée d’hommes conquit l »Espagne en trois années et en fit une terre d’Islam.


Maysara, contestant les mesures discriminatoires édictées par le gouverneur de Tanger,et prenant en 749 la tête d’un mouvement kharidjite (5 ) qu’il conduira jusqu’à l’ancienne Tahert (Tiaret) où ses successeurs instaurèrent le premier Etat islamique berbère plus connu sous le nom de royaume rostomide.


C’est au Maghreb central que vers 893,Obeïd Allah,héritier légitime de l’Imam Ali, accueilli et soutenu par la puissante tribu des Kottama -implantée dans la région de Sétif -créa le premier Etat chiite de la Oumma. Sa dynastie -la dynastie Fatimide -toujours soutenue par ses partisans berbères finira par s’installer en Egypte en 973 ,où faute d’avoir repris le Califat aux Abbassides,instaurera le sien propre, fondera la ville du Caire et érigera l’Université d’El Azhar.


Bologhine Ibn Ziri,le fondateur de Djazaïr-Mezghenna, notre capitale actuelle,qui au départ des Fatimides forma le projet de régenter tout le Maghreb,occupa Tlemcen,puis Fez en 979,prit le nom arabe de Youcef Abou El Foutouh,et porta le titre de Seïf ed daoula.


Son fils Ahmed aura un destin aussi prestigieux.




Installé par Bologhine à Achir en 1004,il se vit attribuer le pouvoir sur le Maghreb Central. Il réussira à imposer son autorité,de la région de Constantine à la ville de chlef, et fit construire la « qalaâ » des Béni-Hamed qui deviendra une véritable capitale administrative,économique et culturelle dont le rayonnement s’étendra au-delà de ses frontières. Ses descendants, En-Nacer (1067), puis El-Mansour (1089), transférèrent cette capitale à Bédjaîa (Bougie) où elle continua à répandre les fruits de la civilisation arabo-islamique dans tout le bassin méditerranéen.


Au Xième siècle les Maghrébins étaient totalement intégrés à la Oumma islamique. Ils l’étaient au point de prendre l’initiative de plusieurs réformes religieuses.


Motivée par ses foqaha, la tribu des Lemtouna partit de Sakiet El Hamra (Sahara occidental) pour imposer une doctrine de renouveau religieux,non seulement au Maghreb occidental, unifié à cette occasion, mais également à la majeure partie du Maghreb central, ainsi qu’à l’Andalous. Ce fut le mouvement des Mourabitoun (almoravides)


L’un de leurs grands chefs,Youcef ibn Tachfin,se distingua particulièrement lors de l’épique bataille de Zellaqa (Espagne) en 1086,à l’issue de laquelle il reçut le titre glorieux de Amir el Mouslimin wa Nacir Eddin ; le Calif abasside El Mountadher le reconnut comme souverain de l’Andalous et du Maghreb.


Ce mouvement fut contesté à son tour par une autre réforme religieuse, celle des Mouahidoun (almohades) .Cette réforme a été initiée par un autre grand nom de l’Islam maghrébin :Mouhamed ibn Toumert.Il est né dans la tribu berbère des Hintata dans le sud marocain vers 1087. Son nom et celui de Abdelmoumen ibn Ali,natif de la région de Nédroma, resteront attachés à la construction d’un des plus grands empires de l’époque,qui s’étendait de l’ Océan atlantique à la Tripolitaine et englobait une grande partie de l’Espagne. Ce fut l’Etat le plus puissant de l’Afrique septentrionale et de la Méditerranée occidentale et couvrit une époque de plus d’un siècle,qualifiée par certains auteurs « d’âge d’or » du Maghreb arabe .Ce fut l’époque d’Aboumedienne Chouaïb, d’Ibn Arabi, d’Ibn Tofaïl, d’Ibn Rochd, de Maïmonid le savant juif arabisé, et de bien d’autres ;l’époque où s’épanouissait le savoir qui allait féconder l’Europe moyenâgeuse et établir les bases philosophiques et scientifiques qui allaient donner naissance à la civilisation rationaliste industrielle.


Curieusement, c’est après cette fécondation que de l’est à l’ouest, la Oumma entra en phase de stagnation puis de régression. C’est autour du XIVème siècle que le Maghreb arabe pénétra dans cette triste période que Malek Bennabi qualifie de « post-almohade » et dont on peut considérer que la remise en question, pour nous Algériens,n’a commencé en définitive qu’à partir du soulèvement du 1er Novembre 1954.


Le déclenchement de la guerre de libération a de nouveau été l’occasion pour les Berbères arabisés par l’Islam que nous sommes,de réaffirmer notre identité en répandant généreusement notre sang à l’ appel de « Allah Akbar »,face à des occupants qui avaient tenté en vain pendant 130 ans de nous imposer leurs valeurs,le sabre d’une main et le goupillon du prêtre de l’autre.


Se peut-il qu’un peuple qui a participé à une épopée millénaire aussi glorieuse, qui a levé haut l’étendard d’une civilisation ayant sorti l’humanité de l’antiquité barbare pour la mettre sur les rails de la modernité contemporaine, qui professe une foi adoptée par 30% de la population mondiale,se peut-il que ce peuple soit encore à la recherche d’une identité ?Il faut s’être trompé de société,ou nourrir des desseins inavouables pour se poser de telles questions.
(...)

Par Hadj Habib Hiréche
jeudi 28 octobre 2004
oumma.com


le Maroc au coeur. Ah ! Que lentement la vérité fait son chemin dans les esprits...
 
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