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Comme toujours tout repose sur nous les femmes !!!
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25 mai 2004 21:33
article paru dans le magazine telquel

Que font les hommes ?
Ils dorment
Avis aux associations féminines : allez dans le Souss, les femmes ont besoin de vous. D’urgence.


Installée à Taroudant, Saïda Bouzebda est d'Igherm, petit village de la vallée d’Ammeln. Ce petit bout de femme, les cheveux et les épaules cachés par un long foulard noir, est aujourd’hui l’un des acteurs les plus actifs de la société civile locale. Elle travaille pour l’association Migration et développement depuis plusieurs années et a fait de la condition des femmes de la région son cheval de bataille. Avec d’autres
femmes de la ville, elles sont en train de monter la première association féminine de la région. Les autres sont avocates, médecins, assistantes sociales ou encore professeurs d’éducation physique. Pour elles, le chantier de la condition des femmes est encore vierge. Jusque-là, tout ce qui a été fait pour les femmes entre dans le cadre de projets pour le développement de la région et la question reste "collée aux problèmes locaux". Soit. Mais il faut faire plus : leur proposer des formations à des métiers manuels, les alphabétiser, leur expliquer leurs droits, en somme, avoir une approche d'intégration.
Dans la région montagneuse entre Taroudant et Tafraout, l’état des lieux est frappant. Sur les routes, presque pas d’hommes. Mais des femmes. Que des femmes. Le dos courbé sous un lourd fardeau d’aliments pour le bétail, elles rentrent au douar traire la vache dont elles-mêmes iront vendre le lendemain le lait ou le beurre. Sans parler des tâches ménagères et des enfants. Dans la région, les femmes sont esclaves. Ici, pas besoin d’ânes, ce sont elles qui portent tout sur leurs épaules. Quant aux hommes : "Guen (ils dorment en berbère). Chez nous, ce sont les femmes qui travaillent", répondent deux jeunes femmes croisées sur une route. "Nous deux, on ne veut surtout pas entendre parler de mariage avec des hommes de la région. Ils restent à la maison à ne rien faire", s’emportent deux autres. Ce sont aussi elles les gardiennes des douars : "Les hommes partent dans les villes et laissent leurs femmes qui ne les voient que les jours de fêtes religieuses, 1 à 2 fois par an, quand ils rentrent", expliquent les membres de la nouvelle association féminine roudanie.
Femmes-esclaves, les femmes des montagnes du Souss sont également les garantes de la tradition. Celle-ci étant très conservatrice, leurs visages sont cachés sous un voile épais qui laisse à peine paraître leurs yeux entourés de khôl. Qui se cache en réalité derrière ce conservatisme ? Des hommes qui dorment au douar.
Néanmoins, les femmes soussies ne connaissent pas toutes le même sort. En effet, si les montagnes sont sans merci à leur égard, la plaine et la côte sont plus clémentes. À Sidi Ifni, Abdellah Loutouli, membre de l’Association marocaine pour les droits de l’homme souligne : "Ici, vous ne verrez pas de femmes dans les champs. Chez les Aït Baâmrane, tribu principale de la région, les femmes ne travaillent pas en dehors de la maison. Elles s’occupent des enfants et des tâches ménagères". Une pointe d’espoir se profile toutefois. Grâce au travail des ONG, dans tout le Souss, des femmes commencent à prendre conscience de leurs droits et surtout, de plus en plus de petites filles vont à l’école : "Même les pères ne montrent plus de résistance et acceptent de scolariser leurs filles"… ce qui est primordial, pour qu’il n’y ait plus de femmes esclaves.



Curiosité : Sqar, la drague locale

Il y a quelque chose de paradoxal dans les montagnes du Souss. À Tafraout, plus particulièrement. Comme le reste de la région, la ville et ses douars environnants sont de nature conservatrice. Et pourtant, c’est là qu’on nous a parlé du sqar, véritable curiosité sociale. Qu’est-ce que c’est ? Un code établi, qui donne aux jeunes filles et aux jeunes garçons du même douar le droit de se fréquenter et de se faire la cour, avec la bénédiction de leurs parents. Un couple en train de discuter sous un arbre ne va par exemple choquer personne et il arrive même qu’une mère de famille envoie sa fille ou son fils chercher un petit ou une petite amie : "Mais, attention, précise ce Tafraouti d’origine aujourd’hui installé à Casablanca, le sqar n’a absolument aucune connotation sexuelle. Ceci dit, ce n’est pas parce qu’on a vu une fille ou un garçon discuter qu’on va les obliger à se marier. C’est ça sqar".



Message edité (26-05-04 12:48)
 
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