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Chirac se lâche!
C
1 février 2007 15:20
Compte rendu
Jacques Chirac minimise la menace d'une bombe nucléaire iranienne
LE MONDE | 01.02.07 | 14h34 • Mis à jour le 01.02.07 | 14h34


Jacques Chirac a fait, lundi 29 janvier, au sujet du programme nucléaire de l'Iran et de ses conséquences possibles au Moyen-Orient, une série de déclarations tranchant avec le discours habituel de la diplomatie française sur ce dossier. Il parlait à des journalistes du Nouvel Observateur, du New York Times et du International Herald Tribune. Le président français s'est ensuite rétracté, le lendemain, après avoir invité les mêmes médias à l'Elysée dans le but de rectifier ses propos.




L'arme nucléaire dans deux ou trois ans, selon l'IISS
Dans son rapport publié le 31 janvier, l'Institut international des études stratégiques (IISS) de Londres estime que l'Iran sera en mesure de produire une arme nucléaire "dans deux ou trois ans au plus tôt". Insistant sur le fait que Téhéran "a continué à faire des progrès dans la production de matériel pour l'enrichissement nucléaire", l'IISS indique que l'Iran "a stocké 250 tonnes d'UF6 (hexafluorure d'uranium)", une quantité qui, une fois suffisamment enrichie, permettrait de produire "de 30 à 50 armes atomiques". Selon le rapport, l'Iran "est probablement sur la voie d'atteindre son objectif de disposer de 3 000 centrifugeuses d'ici à la fin mars ou peu après". De neuf à onze mois supplémentaires seraient nécessaires pour produire 25 kg d'uranium hautement enrichi, de quoi fabriquer une première arme. - (AFP.)

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Jacques Chirac avait dans un premier temps, lundi, évoqué un scénario où l'Iran parviendrait à se doter de la bombe atomique, déclarant : "Je dirais que ce n'est pas tellement dangereux par le fait d'avoir une bombe nucléaire - peut-être une deuxième un peu plus tard, bon... ça n'est pas très dangereux. Mais ce qui est dangereux, c'est la prolifération. Ça veut dire que si l'Iran poursuit son chemin et maîtrise totalement la technique électronucléaire, le danger n'est pas dans la bombe qu'il va avoir, et qui ne lui servira à rien... Il va l'envoyer où, cette bombe ? Sur Israël ? Elle n'aura pas fait 200 mètres dans l'atmosphère que Téhéran sera rasée."

L'entretien accordé lundi par le président français devait avoir pour thème central la conférence sur l'environnement organisée à Paris, le 2 et 3 février, mais M. Chirac a été interrogé de façon impromptue sur l'Iran. Le lendemain, mardi, le président français revenait sur ces propos en affirmant qu'il pensait s'être exprimé en "off", c'est-à-dire sans que les journalistes puissent le citer, et qu'il avait eu "une manière un peu schématique de parler". "J'ai eu un mot rapide, et je retire naturellement, quand j'ai dit : "on va raser Téhéran". C'est évidemment une boutade dans mon esprit... mais bon. Je n'imagine pas que l'on puisse raser Téhéran !"

M. Chirac a précisé avoir eu à l'esprit, en parlant d'une attaque hypothétique sur Téhéran, le principe de la dissuasion nucléaire. Il affirmait mardi : "Il est évident que si un acte agressif indiscutable, c'est-à-dire l'envoi d'une bombe par une fusée porteuse, avait lieu (et cette bombe serait, je le répète, automatiquement détruite avant même d'avoir quitté le sol iranien ou en tout cas le ciel iranien), il est évident qu'il y aurait sans aucun doute des mesures de coercition, de mesures de rétorsion forcément. Ça fait partie de la dissuasion nucléaire."

Par ailleurs, le président français est revenu mardi sur des phrases prononcées lundi sur les répercussions régionales d'une éventuelle bombe iranienne. Il avait déclaré lundi : "Ce qui est dangereux, c'est la prolifération, et c'est tout de même tentant, pour d'autres pays qui ont de gros moyens financiers dans la région, de dire "eh bien, nous aussi, on va le faire, ou on va aider d'autres à le faire". Pourquoi l'Arabie saoudite ne le ferait pas ? Et pourquoi n'aiderait-elle pas l'Egypte à le faire également ? C'est ça le danger."

Mardi, M. Chirac déclarait qu'il retirait ces propos. "Je me suis laissé aller parce que je croyais que c'était en off, à dire que l'Arabie saoudite ou l'Egypte pourraient être tentées de suivre cet exemple. Je retire naturellement, car ni l'Arabie saoudite ni l'Egypte n'ont fait la moindre déclaration sur ces sujets, et donc ce n'est pas à moi de les faire."

M. Chirac, qui avait qualifié, lundi, l'Iran de "régime un peu fragile" ayant "peur d'être contesté", n'a pas repris cette expression mardi, décrivant plutôt l'Iran comme une "nation importante et qui compte". Lundi, il avait formulé une critique en demi-teinte à l'encontre des Etats-Unis, indiquant que si les dirigeants iraniens cherchaient à "avoir la maîtrise du nucléaire militaire", leur motivation pouvait être en partie de se prémunir contre "de mauvaises surprises susceptibles, à un moment ou un autre, de déstabiliser le régime des mollahs". Le régime des mollahs, avait-il dit, craint d'être "contesté ou menacé par la communauté internationale. Et la communauté internationale, c'est qui ? C'est les Etats-Unis".

Le président français a par ailleurs mis en garde, mardi, contre une escalade dans les sanctions votées contre l'Iran par le Conseil de sécurité de l'ONU, le 23 décembre 2006. Evoquant la résolution 1737 frappant l'Iran de sanctions, M. Chirac a commenté : "Nous nous trouvons dans une situation qui est quand même confuse. Bien entendu, on peut procéder en allant de plus en plus loin, de plus en plus haut dans les réactions de chaque côté. Ce n'est certainement pas notre pensée et notre intention."

M. Chirac avait envisagé de dépêcher en janvier le ministre français des affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, à Téhéran, pour parler notamment du Liban. Aucun des partenaires de la France traitant du dossier nucléaire iranien n'avait été prévenu de cette démarche. M. Chirac avait ensuite, lors d'un entretien à Paris le 25 janvier avec la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, "rappelé la position de la France qui souhaite que l'Iran respecte ses obligations", en suspendant l'enrichissement d'uranium, qui pourrait avoir des visées militaires.

Natalie Nougayrède
 
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