Nous n’avons cessé de dire ici que la victoire de George Dubbleyou Bush était probable. Parce qu’elle est d’une ampleur, d’une netteté qu’on n’imaginait pas, qui en fait, plus qu’une victoire, un triomphe, certains (même hostiles) en sont à reconsidérer leur appréciation du bonhomme : au fond, il n’est peut-être pas si con qu’il en a l’air ! Réussir, avec un bilan aussi minable sur tous les plans (intérieur et extérieur), à se faire réélire les doigts dans le nez, sans avoir même besoin de tripatouiller les bulletins comme la première fois, c’est fortiche.
Bravo, cow-boy ! On n’est pas obligé de s’aligner
Même vainqueur, même ayant réussi tout à la fois à battre l’autre grand dadais du Massachusetts et à venger son daddy jadis humilié par Clinton (liquidant du même coup son oedipe !), Bush junior a toutes les caractéristiques du crétin : jamais il ne doute. Depuis qu’il a rencontré Dieu un soir de beuverie, il ne boit plus, et Dieu se tient à son côté (remarquez, si je me méfie un peu des gens qui ont Dieu comme voisin de palier, j’ai beaucoup de considération pour les pochetrons qui réussissent à s’en sortir, salut Chaba !) ; et surtout il taille sa route, droit dans ses santiags, bardé de certitudes, bourré de préjugés, insensible aux critiques, inapte au questionnement. Il ne sait rien, ou presque, du monde qui l’entoure. Ignore tout de ses complexités. Et ne tient surtout pas à s’en instruire, ses conseillers sont là pour ça. Aucune curiosité, le contraire de l’honnête homme. À part d’améliorer son handicap au golf, d’envoyer la baballe dans le trou-trou, de jouer avec son chien-chien, de parcourir les pistes de son ranch en 4 X 4, on ne voit pas bien ce qui peut intéresser ce brave You-You. Il n’a même pas choisi d’être là où il est, d’autres ont choisi pour lui. « Tu vas être gouverneur, fiston. » « Bon. » « Tu vas être Président. » « Si vous voulez ; et quand est-ce qu’on bouffe ? » Le destin, tout de même !
Et dire qu’il reste encore un Bush en réserve...
Les quatre G Mais alors, comment expliquer qu’un type aussi borné parvienne à se faire plébisciter par tant de ses concitoyens ?
Il y a des tas de raisons, ça fait quinze jours qu’on les décortique à longueur de colonnes dans tous les canards : la personnalité de Kerry d’abord (trop Wasp, trop patricien, trop fluctuant) et le côté laborieux de sa campagne ; le fait que l’Amérique est en guerre et qu’on ne change pas de cheval au milieu du gué ; les ravages d’une campagne de dénigrement orchestrée de main de maître par les stratèges républicains (calomniez, calomniez ...) ; mais avant tout, surtout, la parfaite adéquation du candidat sortant avec l’Américain moyen, dont il épouse naturellement les trouilles, les fantasmes, les valeurs, les rejets. Le conservatisme foncier d’une Amérique profonde (toutes ces taches rouges au milieu de la carte, vous avez vu, au milieu des taches bleues qui l’encadrent aux frontières océanes ...), déconnectée de ses élites intellos-mondialisées, libérales de pensée comme de moeurs, que nous aimons tant, nous autres Européens, qui sommes si fins, si cultivés, si ouverts aux grands vents de la modernité. Ah ! La Californie ! Ah ! La Grosse Pomme ! La victoire, le triomphe de Dubbleyou, c’est celui des trois G : God, Guns, Grizzlis (le Bon Dieu, les flingues et le droit de chasse sans entraves), et le rejet du quatrième : Gay (le mariage des homosexuels, ça ne passe pas, les référendums sur la question l’ont prouvé, même en terre démocrate). Alors quoi ? Bush est un crétin et il est en phase avec son peuple ? Oui. Les Américains (la majorité des) sont des crétins, on ne cesse de vous le dire. Abrutis par un système qui en fait des pantins dans les mains des tireurs de ficelles coalisés sous l’égide de Wall Street, de la Mafia et du Temple. Et de la télé, bien sûr. Un système qui ne cesse de s’étendre à la planète entière, comme une lèpre, de semer la guerre et la misère.
Les articles que je poste sont authentiques. Pour le lien pas de problème par contre le résumé, les lectures diffèrent, on peut lire la même chose et ne pas comprendre la même chose.
Je veux dire que parfois le hypertexte ne donne pas toujours envie de tout lire par contre le liens a plus de chance de brancher une personne pour aller jusqu'au bout de la lecture.
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