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Les Américains accumulent les revers militaires et politiques
B
10 avril 2004 21:09

Les Etats-Unis annoncent que la passation du pouvoir aux Irakiens se fera comme prévu en Juin de cette année. Ils ont semé la zizanie, installé leur système d’exploitation et de contrôle du pétrole.
Point de vue militaire, il apparaît aujourd’hui que la situation est incontrôlable pour la coalition.
Les arabes alliés ne vont pas t’ils payent pour le soutient apportés aux USA.
Est ce que certains pays doivent craindre pour leur souveraineté. Principalement et en première place le Kuweit, ensuite la Jordanie.



LE MONDE | 10.04.04 | 12h34 • MIS A JOUR LE 10.04.04 | 17h47
A la guérilla sunnite et au soulèvement chiite s'ajoutent des démissions de ministres irakiens.
Bagdad de notre envoyé spécial
Un an jour pour jour après la chute de la statue de Saddam Hussein, place Al-Ferdous (place du Paradis), en plein cœur de Bagdad, l'armée américaine a été forcée, vendredi 9 avril, de boucler le square à grand renfort de chars et de barbelés pour prévenir toute velléité de manifestation.
Un an après, l'image du jour est celle de soldats haïs et isolés devant décrocher les portraits de Moqtada Al-Sadr, l'imam chiite rebelle, collés sur le nouveau monument.
Les Irakiens n'ont pas fêté le premier anniversaire de la "libération". Ils estiment que la fête a été plus que gâchée par les Américains en un an d'après-guerre. Encore certains continuaient-ils, il y a encore quelques jours, à ne vouloir voir que les aspects positifs de l'année écoulée. C'est fini. Tous pensent, aujourd'hui, que l'Irak est peut-être en train de s'enfoncer dans une guerre nettement plus dangereuse que celle du printemps 2003, et que l'armée de Washington en porte la responsabilité pour avoir déclenché des offensives contre la guérilla sunnite et contre l'"armée du Mahdi" chiite.
A Fallouja, lieu des combats les plus acharnés, l'armée américaine est en mauvaise posture psychologique. Le "cessez-le-feu unilatéral" annoncé par l'administrateur américain, Paul Bremer, et entré en vigueur vendredi à midi, afin de favoriser l'ouverture de négociations entre officiels irakiens et rebelles, n'a été respecté qu'une heure et demie par la guérilla sunnite, déterminée à poursuivre la lutte armée.
Ne parvenant pas à conquérir la "cité des mosquées", l'armée a, de plus, dû abandonner aux combattants rebelles le contrôle d'une portion de l'autoroute Amman-Bagdad et de la ville d'Abou Ghraib, située entre Bagdad et Fallouja, où se trouve le plus vaste centre de détention du pays. Les GI ont même abandonné leurs positions dans les miradors de la prison.
Le chaos s'instaure là où les Américains sont, et l'ordre rebelle émerge là où les Américains ont déserté. Qu'elle parvienne ou renonce à conquérir Fallouja ces prochains jours, l'armée aura enregistré deux défaites cuisantes sur ce front sunnite : d'une part, la preuve est faite qu'elle peut être tenue à distance, malgré sa puissance de feu, par des combattants armés de kalachnikov et de lance-roquettes vieux de trente ans ; d'autre part, et surtout, elle a perdu, aux portes de Bagdad et sur sa route logistique principale, le contrôle d'une région, de ses routes, de ses villes et de ses villages.
Et "Fallouja-la-rebelle" sera entre-temps devenue, avec déjà plus de 400 morts et de 1 000 blessés, selon un officiel irakien, "Fallouja-la-martyre" dans le cœur de la communauté sunnite. Les premiers réfugiés à arriver, vendredi soir à Bagdad, ont d'ailleurs été accueillis en héros, tant dans les quartiers sunnites que chiites.
Lors de la prière hebdomadaire, quelques heures plus tôt, l'imam de la mosquée sunnite Oum Al-Qora avait fait pleurer la foule des fidèles en évoquant le calvaire de Fallouja, notamment "les familles, les femmes et les enfants qui ont dû quitter Fallouja et se trouvent maintenant dans le désert". L'imam a aussi affirmé que "le combat de Fallouja est un combat historique : c'est le combat de l'Irak !"
Même si très peu d'Irakiens sont prêts à la lutte armée, ils sont tellement stupéfaits par la stratégie américaine de domination et d'utilisation tous azimuts de la seule force militaire qu'ils en viennent à voir la guérilla d'un œil plus clément qu'auparavant.
Sur le front chiite, la situation est très confuse. L'"armée du Mahdi" de Moqtada Al-Sadr a semblé marquer une pause dans son insurrection en laissant l'armée américaine reprendre la ville de Kout. Certains politiques bagdadis confiaient que le jeune imam rebelle pourrait avoir envie de négocier. Moqtada Al-Sadr a pourtant fait lire, vendredi, un prêche d'une tout autre teneur à la mosquée de Koufa. "Je m'adresse à mon ennemi Bush. Tu combats maintenant toute une nation, du sud au nord, d'est en ouest, et nous te conseillons de te retirer d'Irak ! J'appelle l'Amérique à ne pas s'opposer à la révolution irakienne !" Les combattants de l'"armée du Mahdi", pourtant peu entraînés et peu armés, paraissent être encouragés par la résistance des rebelles de Fallouja.
Les deux mouvements de guérilla se nourrissent l'un l'autre, autour de l'idée qu'un combat national est peut-être en train de naître et de l'idée que l'armée américaine peut être mise en difficulté malgré sa supériorité militaire.
Sur le front politique, l'autorité américaine subit aussi des revers. Deux ministres ont démissionné en vingt-quatre heures. Après Nouri Badrana, ministre de l'intérieur, jeudi, c'est Abdel Bassat Turki, ministre des droits de l'homme, qui a quitté, vendredi, le gouvernement irakien.
Un membre chiite du Conseil intérimaire de gouvernement (CIG), Abdulkarim Al-Mohammedawi, a pour sa part annoncé qu'il suspendait sa participation après avoir rencontré Moqtada Al-Sadr. Et un membre sunnite laïque du CIG, Adnan Pachachi, pilier respecté de la coalition américano-irakienne, a qualifié l'offensive américaine contre Fallouja d'"acte illégal et totalement inacceptable".
En choisissant l'option militaire en Irak, un an après leur victoire sur Saddam Hussein, les Etats-Unis ont surpris les Irakiens, qu'ils soient leurs partisans ou leurs opposants.
"Les Américains ne comprennent rien à l'Irak. Rien ! Auparavant, cela pouvait faire sourire ; aujourd'hui, c'est tragique, confie un conseiller du gouvernement irakien. Le pire est que les rebelles sunnites et chiites n'ont ni les chefs ni les épaules qui leur permettraient de s'installer durablement dans le paysage. Leurs succès ne sont que les résultats des erreurs américaines. Et plus ils ont du succès, plus les Américains s'enfoncent dans l'erreur. C'est un cercle infernal. La population, qui rêvait de cette liberté et de cette démocratie tant vantées, se sent trahie, prise au piège."
Rémy Ourdan
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 11.04.04

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