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Amérique latine : La lutte d’influence entre l’Algérie et le Maroc s’écrit désormais dans des livres

En Amérique Latine, le Maroc et l’Algérie mobilisent leurs relais médiatiques, politiques et associatifs. Le dossier du Sahara est au coeur d'ouvrages d'écrivains et d'experts latino-américains.

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L'Amérique latine, longtemps chasse gardée du Polisario, est devenue au fil des années le terrain de lutte d'influence entre le Maroc et l’Algérie. Ainsi le 11 août dernier, l’Agence de presse officielle algérienne (APS) se félicitait de la publication au Mexique d’un livre intitulé «le Royaume du Maroc : la politique du chèque contre la République Sahraouie en Amérique Latine et les Caraïbes», signé par un collectif d’auteurs du continent et d’Europe.

Tous s’accordent à couvrir d’éloges le Polisario et condamner la politique du Maroc. Même les percées diplomatiques réalisées en Amérique latine ces dernières années avec la série de retraits de reconnaissance de la «République arabe sahraouie démocratique (RASD)» sont attribués à «des pratiques plus que discutables» de la part de Rabat, rapporte l'APS.

«La reconnaissance est inconditionnelle et irrévocable. L’annulation ou le gel de la reconnaissance de la RASD est une décision illégale et contraire à la convention des droits et devoirs des Etats signée à Montevideo en 1933», écrit à cet égard l’Espagnol Carlos Ruiz Miguel.

Bataille de livres

Moins d'un mois après l’article célébrant la sortie de ce livre, le Maroc a riposté par un rapport signé par le collectif «Droits de l’Homme sans frontières», qui réunit des associations présentes dans quinze pays d'Amérique latine, consacré à la responsabilité de l’Algérie des actions du Polisario sur son territoire.

Le document, consulté par Yabiladi condamne les «violations des droits de l’Homme commises dans les camps de Tindouf». L’actualité de ces derniers mois a fourni aux rédacteurs du rapport des preuves pour étayer leurs accusations. Ils citent notamment la décision du Groupe de Travail des Nations unies sur la détention arbitraire relative aux conditions d’incarcération de l’activiste sahraoui Fadel Breika. «La responsabilité de l’Algérie est engagée tant que Fadel Breica était à Tindouf, sur le territoire algérien et donc sous la compétence territoriale de l’Algérie», ont affirmé début juillet les experts dudit Groupe.

Mi-août, c’est au Conseil des Droits de l’Homme des Nations unies de pointer la responsabilité du voisin de l’Est dans la disparition de Khalid Ahmed en 2009. Le CDH a en effet regretté «l’absence de coopération de l’Algérie, tout en exprimant sa préoccupation quant à l’absence, au-delà du cas d’Ahmed Khalil, de recours effectif auprès des tribunaux algériens pour les populations se trouvant sur son territoire, dans les camps de Tindouf».

L’Algérie a immédiatement réagi à la publication du rapport du collectif «Droits de l’Homme sans frontières», publié le lundi 31 août. Hier soir, depuis son bureau de Bogota, l’APS a donné la parole à Johana Quesada, membre de l'Association colombienne des amis du peuple sahraoui. Celle-ci a qualifié le document de «mensonger», défiant les auteurs du rapport de fournir «des données précises et exactes d'une seule violation grave des droits de l'Homme dans les camps des réfugiés sahraouis».