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Le projet de construction d'une caserne militaire à Jerada préoccupe les sécuritaires algériens

Le projet de construction d’une caserne militaire à Jerada préoccupe les sécuritaires algériens. Deux médias du voisin de l'Est ont abordé hier ce sujet, en évoquant une «menace militaire» et une «escalade» du Maroc.

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Photo d'illustration. / MAP
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Dans son édition du 21 mai, le Bulletin officiel publiait un décret d'expropriation, au motif de l’«intérêt public», d’un lot de terrain de plus de 23 hectares, situé dans la forêt Ben Ali, relevant de la commune de Laaouinate à Jerada, au profit de l’Administration de défense nationale pour la construction d’une caserne militaire.

La nouvelle a été largement relayée par des médias au Maroc et à l’étranger. Alors qu'il ne s'agit que d'une caserne de taille modeste, la proximité du projet des frontières algériennes a contribué à l'emballement médiatique. Face à un tel engouement et dans une tentative de couper court à toutes les interprétations, l’armée marocaine a brisé son silence pour apporter, le 30 mai, des «précisions», soulignant qu’il s’agit plutôt d’«une petite caserne à vocation d’hébergement de troupes» et non pas d'une base militaire.

Des explications qui n'ont pas convaincu en Algérie. En témoigne deux articles consacrés au même dossier et publiés le même jour par deux médias différents. Ainsi, le quotidien El Khabar a réservé la Une de son édition du jeudi 18 juin à ce sujet. L'article est intitulé «Le Maroc passe à l’étape de la "menace militaire" de l’Algérie». «Des cartes prouvent sa disposition à construire une base à 38 kilomètres des frontières», écrit le journal.

Deux sorties concomitantes              

Le texte est d’ailleurs accompagné par des photos situant l’endroit du projet. Ces mêmes photos alimentent un autre article du quotidien francophone l’Expression, la voix du Rassemblement national démocrate, intitulé «Le Maroc accélère la construction de la caserne près de sa frontière avec l’Algérie. L’escalade militaire ?».

«Hier, des sources sécuritaires très au fait du dossier ont signalé une inhabituelle accélération du chantier de construction de la caserne militaire marocaine implantée dans la localité de Jerada à 38 km de la frontière algérienne. D'incessantes colonnes de camions, d'engins ainsi qu'une présence humaine très remarquée ont été relevées par les mêmes sources.»

L’Expression

Le timing de ces deux sorties concomitantes d’El Khabar et l’Expression n’est pas sans soulever des interrogations, alors que l’annonce du projet marocain remonte au 21 mai. Elles s'inscrivent dans le sillage du discours martial prononcé le mercredi 17 juin à Oran par le chef de l’armée algérienne par intérim.

En effet, devant un parterre de militaires, Saïd Chengriha a appelé à «mettre en échec toutes les tentatives hostiles, à travers le resserrement des rangs, la conjugaison des efforts nationaux, en privilégiant l'intérêt suprême du pays sur les intérêts personnels étroits». Sur les traces de son mentor Gaid Salah, le général a mis en garde contre les manœuvres de «parties haineuses» visant à déstabiliser l'Algérie.

Un ton guerrier qui sonne comme une menace autoritaire face au retour des protestations dans le cadre du Hirak algérien. Lundi à Tinzaouatine, commune située au sud du pays à la frontière avec le Mali, la police a tiré à balles réelles sur une marche de jeunes qui réclamaient de l’eau potable. Un manifestant a été tué.

article_updated 18/06/2020 a las 12h16