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Des Néerlando-marocains et Néerlandais bloqués au Maroc racontent leur calvaire

Au Maroc, une centaine de Néerlandais, dont des Néerlando-marocains, attendent toujours de trouver un vol pour rentrer aux Pays-Bas après la décision du Maroc de fermer ses frontières terrestres, maritimes et aériennes. Certains se trouvent dans des situations difficiles et s’impatientent de se rendre auprès des siens.

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Des touristes en attente à l’aéroport de Marrakech. / Ph. Youssef Boudlal - Reuters
Temps de lecture: 3'

La décision du Maroc de suspendre les vols internationaux pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus a pris de courts plusieurs touristes et Marocains qui se trouvaient dans le royaume au moment de l’annonce. En plus du cas des Espagnols et des Français qui ont pu regagner leurs pays suite aux mesures mises en place après l’annonce, des centaines de Néerlandais et de Néerlando-marocains passent aussi par des moments difficiles en attendant de pouvoir rentrer aux Pays-Bas.

«Nous sommes arrivés au Maroc le 3 mars dernier, avec mon mari et mes enfants. On nous a rien dit sur la fermeture des frontières et les suspensions des liaisons aériennes», nous confie Dounia, une Néerlando-marocaine bloquée actuellement à Marrakech.

Sa compagnie aérienne, Transavia, l’aurait pourtant «rassurée» au début. «On devait passer deux semaines et demi au Maroc. Mais ils nous ont annoncé le weekend dernier que tous les vols ont été annulés», regrette-t-elle.

«Lorsque l’annonce a été faite, nous nous sommes rendus à l’aéroport pour tenter de trouver un vol. Il y a avait beaucoup de monde. Les prix des billets ont flambé, et il n’y a avait pas de places pour nous.»

Dounia, Néerlando-marocaine

Squatter les aéroports en attendant un vol

Cette Marocaine, enceinte, rappelle aussi que la compagnie aérienne a même annoncé l’annulation de leurs réservations par la suite. «A Marrakech, les gens n’ont pas trouvé où se loger. Heureusement que nous sommes chez notre famille ici», décrit-elle.

Dounia rapporte que des Néerlandais et des étrangers «squattent à l’aéroport de Marrakech pour tenter de trouver un vol à bord des avions qui atterrissent». «Certains ont pu quitter le Maroc à bord des avions mis en place par la France pour ses ressortissants. Nous sommes donc bloqués ici, sans argent.»

Elle dit aussi avoir été informée de prélèvements sur son salaire de fonctionnaire après avoir dépassé le nombre de jour de congés.

Dounia fait également part de son inquiétude pour la santé de son enfant. «Ma fille a besoin d’un lait spécial que je n’ai pas trouvé ici au Maroc, après m’être rendue dans plusieurs pharmacies. Elle vomit tout ce qu’elle mange», explique-t-elle. «Nous ne voulons que rentrer aux Pays-Bas», conclut-elle.

Cette Néerlando-marocaine n’est pas la seule. Aziz Bokazini, Néerlando-marocain également bloqué ici au Maroc, a confié au média NOS que son vol et ceux de sa petite amie et ses deux amis ont été annulés à la dernière minute, sans autre possibilité de réservation.

Comme Dounia, il déclare être déçu par les autorités néerlandaises et sa compagnie aérienne.

«Je comprends, c'est le chaos et personne n'est préparé pour cela. Mais tout type d'information est utile. Maintenant, nous n'entendons plus rien du tout.»

Aziz Bokazini

Caro Bakker et son ami Dylan Orij sont également bloqués au Maroc. «Tout ce que nous entendons des compagnies aériennes, c'est que nous devons garder un œil sur leur site, mais il n'y a rien», regrettent-ils.

NOS rappelle aussi que «de nombreux Néerlandais sont bloqués dans le nord du Maroc», à l’instar des parents de Ikram Juwayrira, des cinquantenaires bloqués, eux, à Tanger.

Le chemin inverse pour se rendre auprès des siens

Mais de l’autre côté des frontières fermées, d’autres Néerlando-marocains tentent, en pleine crise, de regagner le Maroc, comme Rachid Koukhi.

Basé au Maroc depuis un certain temps avec sa femme et ses enfants, mais se trouvant à l’étranger au moment de l’annonce de ces mesures, il a dû faire plusieurs escales pour retrouver les siens.

«Ma femme ne parle ni arabe ni darija. J'étais seul en Colombie et j'ai eu beaucoup de mal à en sortir. J'ai dû aller de la Colombie au Mexique puis de là à l'Espagne», raconte-t-il à Yabiladi. Au royaume ibérique, il se rend compte que les autorités marocaines avaient déjà fermé la frontière avec l’Espagne. Il a dû, ainsi, aller aux Pays-Bas, y rester deux jours puis regagner le Maroc.

«Dieu merci, j'ai réussi à prendre un billet pour le Maroc, mais c'était vraiment un enfer de faire tout ce périple.»

Rachid Koukhi

Rachid regrette qu’«aucun organisme ne fait vraiment une liste des Néerlandais au Maroc». «Les gens dorment dans les rues et dans les aéroports, en attendant et pour sortir. Ils n'ont pas d'argent et ils ne savent pas où aller au Maroc. Certains d’entre eux ne connaissent pas la langue», regrette-t-il encore.

De son côté, le ministère néerlandais des Affaires étrangères a promis lundi des actions, dans la mesure du possible, pour aides les Néerlandais à l'étranger. «Cela implique un retour sûr aux Pays-Bas, mais aussi, par exemple, la création d'un séjour sûr à l'étranger», commente NOS.