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Coronavirus : A Ifrane, élus et population optent pour un confinement organisé

A Ifrane, le président de la commune territoriale a choisi de gérer la prévention contre le coronavirus autrement. Lundi soir, il a lancé l’initiative d’un service à domicile élargi et cogéré entre les autorités locales et les habitants. Cet exemple d’anticipation prend de l’avance sur d’autres communes, qui gagneraient à adapter ces mesures à leur niveau.

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Ville d'Ifrane / DR.
Temps de lecture: 3'

Dans les hauteurs du Moyens-Atlas, la ville d’Ifrane fait rêver par ses forêts de cèdre et sa nature imprenable, qui attire touristes amoureux de la montagne et athlètes de haut-niveau en stage d’entraînement. Mais cette carte postale cache la réalité de près de 30 000 habitants vivant dans la sobriété d’une petite ville, où l’infrastructure sanitaire d’urgence pourrait vite saturer si la pandémie de coronavirus s'aggrave,

Mais Hicham Afifi, président de cette commune territoriale, a décidé que le virus ne passerait pas par la ville. Pour ce faire, il a lancé une mobilisation et un travail de sensibilisation, depuis la semaine dernière, donnant lieu à une chaîne d’organisation pour les services à domicile. Hier, il a ainsi annoncé que des équipes étaient prêtes à répondre aux requêtes d’acheminement de produits et de services dans toute la ville.

Dans le cadre de cette initiative, la priorité est donnée aux personnes âgées, souffrant de maladies chroniques, en situation de handicap, vivant seules ou en isolement. Rendue publique dans la nuit de lundi à mardi, la proposition a été saluée par nombre d’internautes issus d’autres villes, et qui appellent à prendre exemple sur Ifrane.

Anticiper pour réduire l’impact de la crise sanitaire

Contacté par Yabiladi ce mardi, Hicham Afifi souligne qu’il n’y a pas de secrets pour faire adhérer la population à une chaîne d’actions favorisant la sécurité sanitaire de tous, en prévention contre le coronavirus. «Nous avons commencé la sensibilisation depuis plusieurs jours, en nous rendant directement auprès des personnes, des familles et des ménages et en les appelant à réduire leurs sorties, à préconiser des activités dans leurs maisons et à ne sortir que pour des cas de force majeure», explique-t-il.

Hicham Afifi insiste toutefois sur l’aspect proximité que doit revêtir cette action, de manière à ce que les habitants prennent conscience de l’importance du confinement, sans que cela ne suscite panique ou inquiétude. Il l’explique : «Nous nous connaissons tous à Ifrane, ce qui fait que les rapports entre les personnes, administrateurs locaux, société civile et jeunes revêtent une certaine confiance ; lorsque nous expliquons aux gens que nous avons besoin de leur mobilisation pour leur propre bien, que le confinement leur évitera de tomber malades ou de transmettre un virus qui peut coûter la vie à des proches, ils sont nombreux à y adhérer.»

Ainsi, l’organisation des courses et des services à domicile menée parmi ces mesures préventives a connu la participation des jeunes, avec une priorité aux travailleurs occasionnels dans le cadre du programme socio-économique de la commune, relatif à l’emploi. «Cela donne la possibilité à ceux qui n’ont pas un travail stable d’avoir aussi un revenu, dans leur mobilisation à travers les rondes dans les quartiers. Ils participent avec nous à un travail d’utilité publique, tout en ayant de leur côté la possibilité de subvenir à leurs besoins», indique encore Hicham Afifi.

Le souci de garantir des lits pour les cas critiques

Les habitants bénéficiant prioritairement du service à domicile sont identifiés en amont. Hicham Afifi nous décrit cette approche : «Nous avons une base de données qui centralise les spécificités de notre population, entre les personnes âgées, souffrant de maladies chroniques, nécessitant une prise en charge médicale de longue durée, une attention particulière ou en situation de handicap ou de vulnérabilité, ce qui nous a aidé à mobiliser les moyens humains nécessaires pour couvrir tous les besoins, parallèlement à la sensibilisation au confinement.»

Plutôt que de se confronter à une crise liée à la prise en charge des cas de coronavirus, l’élu local espère «minimiser l’impact de propagation» entre les habitants d’Ifrane. Pour cause, «l’hôpital provincial se trouve à Azrou, ceux de Fès et de Meknès, qui sont de plus grandes villes, pourraient ne pas suffire pour accueillir tout le monde, en fonction du nombre de lits qui doivent rester à la disposition des cas les plus urgents, et Ifrane est équipée uniquement d’un dispensaire».

«Au lieu de nous retrouver dans une crise sanitaire que notre infrastructure ne pourra pas contenir, préconisons un travail d’anticipation, de mobilisation de tous et de prévention vulgarisée», recommande ainsi Hicham Afifi.