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Maroc : L’exploitation du gaz de schiste inquiète toujours les écologistes

Alors que le président algérien a récemment fait part de sa volonté de relancer l’exploitation du gaz de schiste, les écologistes marocains s’inquiètent des conséquences sur les nappes phréatiques du Maghreb.

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Photo d'illustration. / DR
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En Algérie, le mouvement de contestation populaire a récemment pris une tournure environnementale. La volonté du président Abdelmadjid Tebboune de relancer la prospection et l’exploitation du gaz de schiste s’est heurtée à l’opposition des manifestants, vendredi 24 janvier, 49e vendredi de manifestation.

Le projet inquiète jusqu’au Maroc, auprès des défenseurs de la protection de l’environnement. Ces derniers redoutent les dégâts environnementaux que pourrait provoquer la fracturation hydraulique, technique de fissuration massive permettant de libérer les molécules de gaz emprisonnées dans des roches de schiste, situées entre un et trois kilomètres de profondeur. Ils craignent notamment un empoisonnement de la grande nappe phréatique maghrébine au détriment des besoins des populations et des activités agricoles.

Schéma illustrant les techniques d’extraction pour les gaz conventionnels et non conventionnels. | Ph. HéliantheSchéma illustrant les techniques d’extraction pour les gaz conventionnels et non conventionnels. | Ph. Hélianthe

La fracturation hydraulique nécessite par ailleurs une importante quantité d’eau mélangée à du sable et des produits chimiques. Polluée, cette eau n’est plus recyclable et contamine à son tour les sols et la végétation, explique le site spécialisé Futura Sciences. «Le plus inquiétant, c’est que tous les bassins de schiste au Maroc correspondent avec les bassins versants qui alimentent les cours d’eau», déplore Mohamed Benata, président de l’Espace de solidarité et de coopération de l’Oriental (ESCO), fervent opposant à la fracturation hydraulique, contacté par Yabiladi.

Cette technique émet également du gaz à effet de serre, lui-même à l’origine du réchauffement climatique. L’utilisation de grandes quantités d’eau risque aussi d’accroître le stress hydrique, alors que le Maroc est l’un des pays les exposés au monde à cette menace.

La fracturation hydraulique, pas autorisée mais pas interdite non plus

Mohamed Benata déplore un «vide juridique» dans l’arsenal législatif marocain. «La fracturation hydraulique n’est pas autorisée, mais elle n’est pas non plus interdite», regrette-t-il. «Nous souhaiterions aboutir à une loi à l’image de la loi Jacob en France, mais nous n’avons trouvé aucun parlementaire qui soit suffisamment conscient du problème pour élaborer un projet de loi.» Votée en 2011, la loi Jacob interdit en effet «l’exploration et l’exploitation des mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux par fracturation hydraulique». Au sein des parlementaires français, elle ne fait pourtant pas l’unanimité.

En Algérie, pays où la dépendance aux hydrocarbures est extrêmement forte, l’exploitation du gaz de schiste via fracturation hydraulique a depuis longtemps été autorisée, en 2013, par une loi «adoptée sans opposition», d’après Le Monde diplomatique. Sans consultation, non plus, des Sahariens, pour qui l’eau est une denrée vitale.

Au Maroc, en mai 2016, face aux protestations recensées sur les réseaux sociaux, l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) avait assuré que l’exploration gazière alors menée par l’entreprise britannique Sound Energy dans la concession onshore de Tendrara, ne concernait pas le gaz schiste. «Ces travaux sont des travaux d’exploration conventionnelle», avait affirmé l’institution, dans l’optique de calmer les inquiétudes des militants écologistes dans l’Oriental.

Au grand dam de ces derniers, le gouvernement fait pourtant montre d’un intérêt particulier pour l’exploration de ce gaz non-conventionnel. Preuve en est d’un document publié sur le site de l’ONHYM relatif à la stratégie et au plan d’action du gouvernement. Il y est notamment question de «l’ouverture de nouvelles zones d’exploration pour les gaz de schiste en onshore». Les bassins de schiste identifiés comme présentant le meilleur potentiel sont au nombre de six : Drâa, Zag, Boudenib, Ouarzazate, Tadla et le Haouz.