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L’intervention militaire turque en Libye devrait rapprocher le Maroc des pays du Golfe

L’imminente intervention militaire turque en Libye et la promotion d’un nouveau projet d’alliance devant réunir la Turquie, la Tunisie, l’Algérie et la Libye devraient inciter le Maroc à réviser sa position sur le dossier libyen et se débarrasser des carcans des accords de Skhirat.

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Recep Tayyip Erdogan a annoncé, ce jeudi 26 décembre dans une allocution devant les membres de son parti, l’envoi de l’armée turque en Libye pour soutenir le gouvernement de Fayez El Serraj, basé à Tripoli. Les deux pays ont signé, le 27 novembre, un accord de coopération militaire, approuvé samedi dernier par les députés. L’arrivée des militaires turcs dans le pays maghrébin n’est désormais qu’une question de semaines, le temps que le Parlement, dominé par l'AKP, approuve la décision de son président.

Ce jeudi, le ministre libyen de l’Intérieur s’est rendu en Tunisie afin de préparer le terrain à l’arrivée des forces turques et faire la promotion d’un nouveau projet dans la région. Dans des déclarations à la presse, Fathi Bachagha s’est dit favorable à la conclusion d’une «alliance entre la Turquie, l’Algérie et la Libye» mais sans citer le Maroc.

Depuis la signature des accords de Skhirat, décembre 2015, le royaume a toujours condamné les interventions étrangères dans le pays maghrébin et appelé au «dialogue». Une position qui a rapproché davantage le Maroc de la Turquie sur ce dossier.

Rabat doit-t-elle réviser sa position sur la question libyenne ?

Les deux Etats reconnaissaient, pour des motifs diamétralement opposés, la légitimité du gouvernement d’union nationale dirigé par Fayez El Serraj : Rabat parce qu’il est constitué conformément aux accords de Skhirat alors qu’Ankara l’appuie car il est soutenu politiquement et militairement par les «Frères musulmans» locaux.

Cet ordre qui prévalait depuis trois années pourrait connaitre un bouleversement avec l’imminence de l’intervention militaire turque en Libye. Elle offrirait l’occasion au Maroc de réviser son soutien au pouvoir en place à Tripoli, sachant que ses principaux alliés : la France d’Emmanuel Macron et les Etats-Unis de Donald Trump sont solidaires avec les forces du maréchal Khalifa Haftar. La Russie de Vladimir Poutine l’est également.

Sans oublier qu’une telle éventualité serait à même d’accélérer le processus de réconciliation du Maroc avec ses «alliés arabes» : l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, les grands bailleurs de fonds de l’armée d’Haftar, ainsi que l'Egypte d’Al Sissi. Rabat a en outre grandement besoin du soutien du Caire au sein de l'Union africaine.

En attendant de nouveaux développements sur la scène libyenne, Rabat a déjà envoyé un signal en direction de Riyad, Abou Dhabi et Le Caire en déclinant l’invitation au mini-sommet islamique organisé la semaine dernière à Kuala Lumpur, sous l’égide de la Turquie et la Malaisie et avec la participation de l'Iran et du Qatar. Une réunion marquée par la présence des antennes et des mouvements proches des Frères musulmans.