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Sahara : L’agence de presse sénégalaise recadrée par le Maroc ?

Un article cité par des médias sénégalais aurait créé un «malaise» à Rabat. L’agence de presse sénégalaise qui en est l’auteure donne sa version des faits et s’interroge pour sa part sur les motivations des personnes qui pourraient être à l’origine de cette affaire.

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Le roi Mohammed VI en compagnie du président du Sénégal Macky Sall. / Ph. DR
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Plusieurs médias sénégalais font état d’un léger «malaise entre le Maroc et le Sénégal», suite à la publication d’un article par l’Agence de presse sénégalaise (APS).

L’article en question, intitulé «Le Maroc prié de relâcher des militants des droits de l’homme sahraouis», est signé par l’envoyé spécial de l’APS à Midrand (Afrique du Sud), Ousmane Ibrahima Dia. L’article évoque l’appel lancé par le parlement panafricain (PAP) à l’Union africaine et aux Nations Unies, afin «d’exercer des pressions sur le Maroc pour qu’il libère les militants pro-Polisario qui ont visité Tindouf», rapporte ce jeudi le site Sénégal7.

Cet appel du PAP fait suite à une motion introduite par le député pro-Polisario Ouadadi Cheikh Ahmed El Heiba, poursuit-on de même source. L’envoyé spécial souligne également la motion du parlement panafricain concernant le «droit à l’indépendance et à l’autodétermination du peuple sahraoui».

Suite à la publication de l’article en question, Karim Bouzida, l’un des conseillers du roi Mohammed VI, précisent certains médias, aurait envoyé une note à l’agence de presse sénégalaise, poursuit le site Sénégal7. Celle-ci fait état d’un article qui «nuit aux intérêts suprêmes du Maroc», étant donné qu’il évoque «sous un aspect négatif un sujet d’actualité au Maroc (…) et donne une tribune unilatérale à un adversaire du Royaume».

L’Agence de presse sénégalaise se dit surprise

Dans un communiqué daté de ce mercredi, l’agence sénégalaise se dit surprise. Elle souligne tout d’abord que «l’article date du 2 novembre 2009» et précise qu’il s’agit d’un «compte rendu d’une rencontre tenue à Midrand, en Afrique du Sud, dans un contexte particulier se rapportant à une session du Parlement panafricain sur la question du Sahara occidental».

De plus, l’agence, qui n’évoque pas la supposée note envoyée depuis Rabat, affirme qu’à l’époque, l’article a été relu et mis en ligne en prenant «toutes les précautions d’usage, tenant compte du caractère sensible de la question du Sahara et des relations d’amitié et de fraternité liant le Sénégal au Royaume chérifien»

L’agence note que la republication de cet article dans un autre contexte, qui est «sans aucun rapport avec les circonstances dans lesquelles il doit être replacé (…), pousse à réfléchir et à s’interroger sur les motivations des personnes qui pourraient être à l’origine de cette affaire».

Plus bas, l’agence affirme n’avoir «jamais cessé, dans la mesure de ses moyens et de ses capacités, de contribuer au raffermissement des relations séculaires entre le royaume chérifien et le Sénégal», rappelant que cela répond à «une perspective dictée par l’histoire des deux pays (…) et [qu’il s’agit] d’une réalité qui s’est naturellement imposée à l’APS, en tant qu’organe officiel».

Il va sans rappeler que le Sénégal est l’un des alliés les plus importants du Maroc sur la scène africaine. Faisant également écho aux liens économiques, politiques et religieux étroits qu’entretiennent Rabat et Dakar, le Sénégal soutient la position de Rabat sur le conflit du Sahara au sein de l’Union africaine et des institutions internationales.

De forts liens qui se traduisent par les multiples visites officielles effectuées par le roi Mohammed VI dans la capitale sénégalaise, où il avait adressé aux Marocains son premier discours hors du royaume depuis son ascension au trône, lors du 41e anniversaire de la Marche verte.

Une crise sans précèdent en 2007

Des relations constantes qui ont toutefois été perturbées en 2007, lorsque le Parti socialiste sénégalais avait provoqué une crise diplomatique sans précédent entre Rabat et Dakar. A l’époque, le parti de la gauche sénégalaise avait envoyé un émissaire à Tindouf qui, lors d’un discours prononcé lors du douzième congrès du Front Polisario, dans la région de Tifariti, avait déclaré que son parti ferait des positions du Polisario une cause qu’il porterait devant les instances internationales.

La réaction de Rabat ne se fera pas attendre. Le Maroc convoquera son ambassadeur au Sénégal pour clarifier les circonstances de ces déclarations «hostiles» et «incomprises» du Parti socialiste sénégalais.

D’ailleurs, cette action avait été décrite comme «anti-marocaine de la part des deux responsables du Parti socialiste sénégalais» par Taïeb Fassi-Fihri, alors ministre des Affaires étrangères et de la Coopération (entre 2007 et 2012). Les propos et les agissements du parti socialiste avaient également été contestés à Dakar, lorsque 2 000 personnes avaient manifesté devant les bureaux du parti.

Après cet événement, les relations maroco-sénégalaises sont revenues à la normale. D’ailleurs, en janvier 2017, le Sénégal aux côtés du Gabon, de la Côte d’Ivoire et du Rwanda, entre autres, avaient joué un rôle important dans le retour du Maroc au sein de l’Union africaine. De plus, le Sénégal avait fait partie des 28 Etats africains à avoir demandé la suspension de la «RASD» en juillet 2017.