Menu

interview_2

Mohcine Jazouli : «L’Algérie ne peut que réagir favorablement» à la proposition royale

Lors de son discours commémorant le 43ème anniversaire de la Marche verte, le roi Mohammed VI a proposé à l’Algérie voisine «la création d’un mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation». Mohcine Jazouli, ministre délégué chargé de la Coopération africaine, donne plus de détails, tout en évoquant d’autres points évoqués par le souverain, comme l’Union africaine et le dossier du Sahara.

Publié
Mohcine Jazouli, ministre délégué chargé de la coopération africaine. / Ph. DR
Temps de lecture: 3'

Parmi les nouveautés annoncées par le roi Mohammed VI lors de son discours d’hier, la création d’un mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation. Comment le Maroc imagine-t-il ce mécanisme ?

Il s’agit d’un mécanisme ouvert et non pas de quelque chose imposée avec une posture binaire. Aujourd’hui, ce mécanisme a un caractère très opérationnel puisqu’il ne s’agit pas d’une simple déclaration d’intention. Il s’agit réellement de proposer quelque chose qui fonctionne.

Son objectif est d’abord la mise en place un cadre pour dissiper tous les malentendus entre nos deux Etats sans aucun tabou. Il s’agit aussi de renforcer et de relancer la coopération bilatérale et économique et rattraper le temps et les opportunités perdus entre les deux pays. Il s’agit aussi de mettre en place une concertation sur les questions globales, comme la migration ou la lutte antiterrorisme.

Deuxièmement, ce mécanisme doit être complètement flexible. Le Maroc et l’Algérie définiront donc les modalités : Qui, où, quoi, comment et quand, d’un commun accord.

Aujourd’hui le Maroc, comme Sa Majesté l’a rappelé, est ouvert pour mettre en place ce mécanisme et nous sommes à l’écoute de nos frères algériens pour mettre en place un dispositif qui convient à nos deux pays.

Cette initiative royale saura-t-elle trouver une oreille attentive chez le voisin de l’Est, selon vous ?

Je suis profondément convaincu que l’initiative trouvera un écho. On ne peut pas ne pas être sensible aux propositions qui ont été faites par Sa Majesté. Aujourd’hui, notre main est clairement tendue, l’ouverture est totale et la bienveillance de la part du Maroc est réelle. Naturellement, nos amis algériens ne pourront que réagir favorablement.

«Le Maroc s’emploiera à développer des partenariats économiques (…) avec différents pays et divers groupements économiques», a dit le roi hier. Cela veut-il dire que le Maroc frappera aux portes d’autres groupements économiques, outre la CEDEAO ?

Le Maroc fait déjà partie d’autres groupements économiques, tel que le Cen-Sad (Communauté des États sahélo-sahariens, ndlr), bien sûr l’UMA (Union du Maghreb arabe, ndlr). Le Maroc s’est engagé dans un processus avec la CEDEAO (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest, ndlr). Un processus qui suit son cours. A ma connaissance, il ne s’agit pas de frapper à des portes, mais de raviver des relations et des groupements.

Sur la question du Sahara, le roi a affirmé que «la plupart des Etats africains partagent d’ores et déjà la position du Maroc» sur le Sahara. Mais le Maroc s’est opposé à tout rôle de l’UA sur ce dossier. Comment expliquez-vous cela ?

C’est qu’il faut noter, c’est qu’il y a un processus onusien et on ne peut pas mener en même temps plusieurs processus. Aujourd’hui, le mécanisme de règlement des conflits est celui de l’ONU. De plus, ce n’est pas le Maroc qui a refusé de voir ce sujet traité au sein de l’Union africaine mais les pays de l’UA qui ont voté à Nouakchott, lors du précédent sommet des chefs d’Etats, et ont décidé que la question du Sahara marocain relevait des Nations unies. Celle-ci met un mécanisme à travers une troïka regroupant l’ancien président de l’UA, le président actuel et le futur président et qui se réunit, le cas échéant, une fois par an pour avoir un avis de sages. Mais le mécanisme exclusif et unique est celui de l’ONU qui, comme toujours, reconnaît que la proposition faite par Sa Majesté en 2007 est la seule proposition sérieuse, crédible et réaliste pour régler ce conflit.

Au niveau continental, le sujet d’actualité est celui de la réforme de l’Union africaine. Quelle est la vision du Maroc s’agissant de cette réforme ?

L’Union africaine et ses institutions sont dans une recherche perpétuelle d’amélioration. Aujourd’hui, le président Paul Kagame initie cette réforme lors de son mandat. Nous avons eu des réunions ministérielles à Addis-Abeba à ce sujet, et il sera de nouveau à l’ordre du jour la semaine prochaine dans la capitale éthiopienne pour justement chercher à tirer le meilleur profit de cette institution. Et le Maroc soutient les propositions du président Kagame. 

On entend de plus en plus que le Maroc, depuis son retour au sein de l’UA, veut une réforme de l’Acte constitutif de l’organisation panafricaine. Cela est-il vrai ?

Nous n’avons rien dit à propos de ce sujet. Nous travaillons aujourd'hui avec les équipes de l’Union africaine, avec son actuel président, Paul Kagame et avec le président de la Commission africaine, Moussa Faki Mahamat et avec toutes les commissions. Nous travaillons sur les aspects techniques pour la réforme de l’UA. Mais nous n’avons jamais exprimé quoi que ce soit sur ce sujet.