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Allemagne : Les musulmanes sont discriminées sur le marché du travail

En Allemagne, le port du voile et les patronymes à consonnance musulmane suscitent de fortes réticences auprès des employeurs, d’après une récente étude.

Publié
Bureau de l’association Coexister Paris / Ph. Corinne Simon (CIRIC)
Temps de lecture: 2'

Les employeurs allemands sont manifestement aussi réticents face à un nom à consonnance musulmane que leurs homologues français. Les femmes d’origine turque font en effet l’objet de discriminations sur le marché du travail allemand, ainsi que le révèle une récente étude menée par l’économiste Doris Weichselbaumer, responsable du département des études féminines et de genre à l’Université de Linz, en Autriche, relayée par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel.

Au total, 1 500 CV fictifs ont été envoyés à des entreprises allemandes, toute taille et tout degré d’internationalité confondus. Les commentaires émis par les employeurs ont ensuite été passés au crible. «Les résultats indiquent clairement une discrimination – consciemment ou non – à l’encontre des candidates portant le foulard et celles issues de l’immigration», indique l’auteure dans une note rédigée pour l’Institut de recherche sur l’avenir du travail (IZA), spécialisé en économie du travail. Les postulantes ont toutes grandi en Allemagne et possèdent de solides compétences.

Encore relativement peu considérées

Aux yeux des employeurs pourtant, les patronymes turcs suscitent des réticences. Meryem Öztürk, candidate fictive, a ainsi été appelée à passer un entretien d’embauche dans 13,5% des cas, contre 18,8% pour une dénommée Sandra Bauer. Le foulard peut également être rédhibitoire. Ainsi, lorsque la chevelure de Meryem Öztürk était recouverte d’un voile sur la photo de son CV, son taux de réponses positives chutait à 4,2%, «malgré le fait que les chercheurs ont opté pour un foulard moderne, laissant le visage de la candidate clairement visible et ne recouvrant que partiellement son cou», précisent les auteurs.

Les différentes photos qui ont été apposées sur les CV fictifs envoyés. DRLes différentes photos qui ont été apposées sur les CV fictifs envoyés. DR

«Les problèmes des femmes migrantes sur le marché du travail sont souvent attribués à une qualification inférieure», explique l’IZA. En réalité, malgré leurs qualifications pour des postes relevant d’un statut professionnel supérieur, les femmes musulmanes sont encore relativement peu considérées en Allemagne, soulignent-ils.

«En Occident, l’accent est toujours mis sur la situation des femmes dans les cultures musulmanes, mais nous nous préoccupons rarement de la discrimination des femmes musulmanes par la société occidentale», observe Doris Weichselbaumer. Compte tenu des flux migratoires actuels, celle-ci juge essentiel de réduire les difficultés auxquelles les candidates musulmanes sont confrontées lorsqu’elles veulent intégrer le marché du travail allemand.

En France, les postulants de confession musulmane ne sont pas épargnés non plus. Ils ont 1,6 fois moins de chances d’être rappelés par un futur employeur, comparés à d’autres candidats, a récemment démontré une étude sur les discriminations antimusulmans dans l’Hexagone, publiée par l’IZA. Les exclusions dans le monde du travail ciblent, par extension, celles et ceux issus de «culture musulmane».