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Nomad #62 : Sidi Chamharouch, le sultan des génies

Que de croyances et de mythes entourent le sanctuaire de Sidi Chamharouch (région de Marrakech – Safi). Certains y font une halte avant d’atteindre le sommet de Jbel Toubkal, d’autres passent quelques jours pour s’y purifier dans l’antre du roi des Djins.

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Sidi Chamharouch, le sultan des génies a laissé une empreinte depuis des décennies dans la petite tribu des Aït Mizane. / Ph. DR
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Durant le siècle dernier, Sidi Chamharouch, le sultan des génies, a marqué de son empreinte l’histoire et la vie de la petite tribu des Aït Mizane, nichée dans une vallée escarpée de l’Atlas. Au fil des années, son influence s’est propagée dans le reste du royaume et de nombreux pèlerins viennent pour ses vertus de guérison de la stérilité féminine, des rhumatismes et des maladies spirituelles.

«A partir d’Aremd, dernier village en tête de la vallée Aït Mizane, il faut compter une heure de marche pour atteindre le sanctuaire situé à 2300 mètres d’altitude. D’accès difficile, les visiteurs sont contraints de compter sur leur propre énergie ou celle des mules», peut-on lire dans le livre «Le Sultan des autres» de l’anthropologue Hassan Rachik.

«Juste avant d’arriver au lieu sacré, on traverse une rivière, puis une allée étroite bordée de petites boutiques derrière lesquelles sont construites de modestes habitations louées au pèlerins. Au bout de l’allée, apparaît un petit pont qui relie les deux rives du site.»

Le sanctuaire de Sidi Chamharouch. / Ph. DRLe sanctuaire de Sidi Chamharouch. / Ph. DR

La période de haute saison a lieu lors de la période estivale et la fête d’Achoura. Ce «saint» aurait commencé à drainer des pèlerins depuis le début du 20ème siècle, bien avant la création du Parc national de Toubkal, en 1942, indique le quotidien Aujourd’hui le Maroc. «Sidi Chamharouch n’est en fait qu’une roche peinte en blanc qui se confond pendant l’hiver avec la neige», ajoute la même source.

Sultan des génies

Sidi Chamharouch, selon la légende, n’appartient pas au monde des humains «il est des ‘’autres’’ (…), euphémisme qui désigne les génies. Mais il ne se confond pas avec ces êtres invisibles, il est leur sultan», écrit Hassan Rachik.

Selon la même source, le pouvoir du sultan des djins est limité, puisqu’il «ne gouverne qu’une fois par semaine, le jeudi». Toutefois, la mort de Sidi Chamharouch soulève le débat au sein de la population locale. Certains doutent de sa mort et ne savent pas où il est enterré.

Dans le «Sultan des autres», l’anthropologue poursuit en disant qu’une «phrase inscrite, en arabe, sur la pierre tombale dressée au dessus de la porte du sanctuaire est catégorique : ‘’ Sidi Chamharouch, sultan des génies et des humains, vécut des siècles’’. Le Saint est donc mort.»

Ce lieu mystérieux et chargé de légende, perdu au milieu d’un paysage lunaire, saura vous faire voyager dans l’ésotérisme particulier de certaines tribus au Maroc.