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Chibanis #6 : Omar et Mamah Tahiri, un couple plus soudé que jamais

Omar Tahiri et Mamah Tahiri, un couple qui n'a pas été épargné par la vie. C'est soudés qu'ils ont fait et qu'ils continuent à faire face aux obstacles du quotidien et surtout à la maladie d'Omar. Récit de Chibanis.

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Mamah Tahiri et Omar Tahiri / Ph. Mamah Tahiri
Temps de lecture: 3'

51 ans de mariage, huit beaux enfants et des années de séparation, c'est ce qui pourrait résumer la vie de couple d'Omar et Mamah. Omar, c'est l'un des Chibanis recrutés du temps de Mitterrand dans les années 1980, lorsque la France «avait besoin de main d’œuvre», témoigne Mamah.

Epouse et mère, sa vie de femme cette sexagénaire elle l'a mise de côté. «Je me suis mariée avec Omar à l'âge de 14 ans, j'étais très jeune mais je ne regrette pas. Le mariage c'est sacré chez nous, et j'avoue qu'avec lui je n'ai jamais manqué de rien», relate la Marocaine. Omar de répondre :

«C'est vrai que nous nous sommes mariés jeunes mais de notre temps c'étaient les coutumes et puis ce n'était pas plus mal.»

Aujourd'hui âgé de 74 ans, l'homme a été contraint d'arrêter de travailler pour des soucis de santé. Des soucis de santé qui se sont aggravés en 2015, lorsqu' Omar est victime d'un grave AVC, le paralysant du côté droit du corps et le rendant totalement dépendant de sa femme.

La maladie, une épreuve à laquelle le couple fait face main dans la main

C'est il y a tout juste 12 ans qu'Omar s'est vu atteint d'une maladie qui le handicapait au quotidien, le contraignant même de se déplacer en béquilles et de suivre un traitement lourd. Malgré cela il n'a jamais pu quitter la France tout simplement car on lui aurait retiré toute pension et toute chance de pouvoir se soigner. Une chance dont il ne peut pas jouir au Maroc nous assure-t-il.

«Je suis arrivé en France, il y a déjà plus de trente ans. J'ai été embauché comme maçon et manœuvre ici. C'était très éprouvant, au point qui j'y ai laissé ma santé», se surprend à nous raconter le septuagénaire. «Je suis tombé malade et après ça ma vie n'était plus la même. Je ne travaillais plus et c'est pire depuis que j'ai fait mon AVC. Heureusement que ma femme est à mes côtés».

La famille Tahiri, presque au complet ! / Ph. Mamah TahiriLa famille Tahiri, presque au complet ! / Ph. Mamah Tahiri

Une maladie qui a poussé Mamah à faire l'impossible pour venir soutenir son mari et lui servir et d'infirmière et de psychologue à la fois. Originaire d'Errachidia, le couple a vécu séparé jusqu'en 2010, année où Mamah est parvenue à gagner la France grâce à un visa. Car oui, la femme a tenté par plusieurs moyens de venir notamment par un regroupement familial en 2005 qui lui a été refusé. Depuis que son mari est malade, sa priorité n'est autre que d'être à ses côtés, se vouant à lui corps et âme. «Sans moi il serait perdu, je lui fais tout. Ça va de la toilette à la nourriture, mais aussi l'accompagner à ses rendez-vous médicaux et ce alors que je ne maîtrise pas la langue», enumère cette femme courage. Un tempérament de battante que Mamah n'a pas honte de mettre en avant puisqu'elle suit des cours de français à la Maison pour tous de son quartier. La langue de Molière, elle a toujours rêvé de l'apprendre, dit-elle.

Une séparation qui les a forgés

«Lorsqu' Omar est allé en France, nous avions déjà 4 enfants», se remémore Mamah. Et c'est là que la vraie «galère» a commencé selon elle. «Je ne repartais que rarement au pays, tous les deux ans je pense. Ce qui fait que Mamah a élevé seule les enfants», complète Omar. «Je pense que le plus dur a été de mener de front l'éducation et la séparation avec mon mari», nous confie-t-elle.

«J'ai eu 8 enfants avec Omar. 3 d'entre eux avaient pu rejoindre leur père très vite. Étant mineurs, Omar a pu les ramener avec lui quelques années après son départ. Les 5 grands sont toujours au Maroc et vivent là-bas malheureusement.»

Pour Mamah, le plus important était que «nous n'avions jamais manqué de rien». Arrivée dans un petit appartement du vieux Montpellier, c'est au Corum que Mamah a appris à être présente pour son mari depuis 7 ans déjà. Aujourd'hui le couple vit dans un petit trois pièces en HLM à la Mosson -anciennement La Paillade-, à Montpellier.

Toute une vie entre deux terres, entre deux rives et aucune stabilité. Mamah nous confie avec une pointe de tristesse : «mon mari est aujourd'hui malade et ne pourra jamais se soigner au Maroc. Mais j'ai ma vie là-bas, mes enfants sont seuls et ça me déchire le cœur de voir ma famille séparée et ne pas voir le jour où l'on sera réunis. Je me dis tout de même Dieu merci, la patience est vraiment la clé de la délivrance. L'état de santé d'Omar s'améliore même s'il reste encore à moitié paralysé.»