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La Banque mondiale plaide pour un Maroc riche avant de devenir vieux

Pour la directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb, le Maroc consacre certes beaucoup d'argent à l'éducation, mais la plupart des investissements sont destinés aux enseignants, au détriment des ressources pédagogiques, de l'infrastructure et de la réforme du système éducatif.

(avec MAP)
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Photo d'illustration. / DR
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La directrice des opérations de la Banque mondiale (BM) pour le Maghreb, Marie Françoise Marie-Nelly, a appelé, vendredi à Rabat, à investir davantage dans le contenu pédagogique et la qualité de l'éducation en vue d'assurer une réforme profonde du système éducatif.

Lors d'une table ronde organisée à l'initiative du bureau de la BM à Rabat sous le thème «L'innovation dans l'éducation, quelle école pour demain ?», Marie-Nelly a estimé que «le Maroc consacre beaucoup d'argent à l'éducation, mais le gros de cet argent est destiné aux enseignants et il ne reste que peu pour les ressources pédagogiques, l'infrastructure et la réforme du système éducatif».

Pour la dirigeante de la BM pour le Maghreb, «la réforme de l'éducation est un processus de longue haleine». Ainsi, afin de réussir ce défi, il est nécessaire d'améliorer la qualité des curriculums et des enseignants, mobiliser les parents, lutter contre le démarrage tardif des études et développer une stratégie d'éducation, a-t-elle dit.

«Devenir riche avant de devenir vieux»

Le Maroc doit saisir son niveau de dividende démographique en investissant dans la jeunesse avant que sa population ne vieillisse, a-t-elle également souligné, notant que la pyramide des âges commencera à se renverser à partir de 2040.

Mme Marie-Nelly a ainsi déclaré que «le Maroc doit devenir riche avant de devenir vieux», ajoutant que le Royaume connaît un taux intéressant de la production démographique car le taux de dépendance (le total des jeunes de moins de 15 ans et les sujets âgés) reste relativement bas.

De plus, le Maroc a réussi à assurer un accès total au primaire, aussi bien aux jeunes filles qu'aux garçons, même s'il reste encore des efforts à faire pour améliorer l'accès aux élèves à l'enseignement secondaire, qui se limite à 80% au milieu urbain contre 40% au rural.

«Les universités ne devraient pas être les usines du chômage»

Pour sa part, la déléguée générale du programme INJAZ, Amina Naciri, a passé en revue les différentes initiatives lancées dans le cadre de ce programme au profit des jeunes des établissements publics en vue de les introduire aux valeurs de l’entrepreneuriat, l’investissement et l'innovation.

De son coté, l'ancienne doyenne de la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales d'Ain Sebaa à Casablanca, Jamila Settar a fait une présentation des défis auxquels fait face l’université publique. Sur les 213 449 étudiants inscrits à cette faculté en 2015, 183 564 ont redoublé. Soulignant que «les universités ne devraient pas être les usines du chômage», Mme Settar a passé en revue l'ensemble des mesures entreprises par la Faculté en vue de remédier à ces lacunes, notamment l’accueil personnalisé de chaque étudiant pour l'orienter vers le cursus académique adéquat à son niveau, la mise à niveau linguistique, l'introduction des activités culturelles et artistiques dans la formation ainsi que des activités citoyennes et des TIC.

L'ex-doyenne a finalement appelé à insérer la faculté dans un réseau de partenariat associé aux entreprises, en vue d'ouvrir les étudiants sur l'environnement extérieur et l'entreprise et les préparer au marché du travail.

Organisée dans le cadre des activités de sensibilisation de la Banque mondiale sur les questions stratégiques de développement, cette table ronde s'assigne pour objectif de mobiliser et sensibiliser les parties prenantes en mettant en avant des chiffres et des pistes de réforme à même de faire avancer le chantier de la réforme de l'éducation au Maroc.