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Hirak : Les activistes réagissent à l’interdiction de la marche du 20 juillet

Plusieurs figures de proue du Hirak ont réagi lundi soir à l’interdiction de la marche pacifique, prévue jeudi 20 juillet à Al Hoceima. Parmi eux, El Mortada Iamrachen lance un appel aux MRE actuellement en vacances.

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Photo d'une manifestation à Al Hoceima au lendemain du décès de Mohcine Fikri. / Ph. DR
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Les activistes du Hirak sont irrités par le communiqué de presse de la wilaya d’Al Hoceima, annonçant l’interdiction de la marche du 20 juillet dans la capitale du Rif. Lundi, plusieurs d’entre eux ont dénoncé sur Facebook cette interdiction et confirmé la tenue de ce rendez-vous auquel les Marocains résidant à l’étranger ont été conviés.

«Les masses populaires ont-elles demandé une autorisation auparavant ?», s’est interrogée Nawal Ben Aissa, figure féminine du Hirak. «Depuis huit mois, nous sortons pour demander, avec civisme et pacifisme, nos droits et n’avons jamais réclamé une autorisation pour sortir dénoncer la situation humiliante que nous vivons dans le Rif», poursuit-elle.

«Nous ne sommes pas un cadre pour attendre une autorisation. Nous sommes des citoyens et sortons pour dire la vérité. Pour cela, nous dirons ce que nous avons à dire le 20 juillet.»

«La mort plutôt que l'humiliation», conclut-elle dans un statut.

Pour sa part, Achraf Boukkadi, également activiste du Hirak, estime que «l’intervention sécuritaire entreprise par l'Etat remet en cause son respect de la Constitution de 2011». Celle-ci «stipule clairement que la manifestation pacifique est un droit légitime comme indiqué dans les articles 29 et 37, et que les libertés de réunion, de regroupement et de manifestation pacifique sont garanties par la loi», enchaîne-t-il.

«Et là, quelqu’un viendra dire - c’est d’ailleurs ce qui a été dit par l’Intérieur dans son communiqué - que la manifestation doit être autorisée par les autorités compétentes. Voilà notre réponse : comment l'autorité peut-elle autoriser une manifestation contre elle, contre sa politique et son incapacité à résoudre les problèmes de la population ?», écrit-il.

 

Un appel aux MRE actuellement dans le Rif

El Mortada Iamrachen, figure salafiste du Hirak, a lui aussi exprimé son avis sur l’interdiction de la marche, préférant s’adresser aux membres de la diaspora marocaine actuellement en vacances dans le Rif.

«J’espère que les enfants du Rif, qui rentrent pour la première fois dans leur pays, le Maroc, n’en veulent pas au pays pour la machine répressive qui rôde dans chaque quartier. J’espère que vous continuez à vous accrocher à lui et à nos fondements. Ne leur permettez pas de détruire cette belle image de vous, qui nous a fascinés, entourant le roi lors de sa visite aux Pays-Bas, ou devant l’hôtel pour l’attendre. Ces images, nous ne permettons pas aux ennemis du Rif de les ternir.»

Il tire ensuite à boulets rouges sur «les corrompus qui ont entravé les projets de développement, ceux-là mêmes qui ont mis [les] frères en prison», avant de revenir sur la marche prévue jeudi. «Chers compatriotes résidant à l’étranger, vous remarquerez des images de la répression et de la violence des forces de l’ordre, que vous n’avez certainement jamais vues dans votre vie. Prière de ne pas les garder parce qu’elles seront éphémères», écrit-il.

De ce fait, El Mortada Iamrachen appelle les MRE actuellement dans le Rif à ne garder que les «bonnes et jolies images». Des clichés «qui rappellent l’ère de notre Roi, que les ennemis de la monarchie et du peuple tentent de ternir et de revenir à l’ère précédente malgré toutes les efforts pour tourner la page et débuter un ère d’équité et de réconciliation», fait-il savoir. Il les exhorte enfin «de ne revenir à l’étranger qu’une fois les détenus libérés et leur dignité restaurée pour qu’ils (les MRE, ndlr) puissent ramener avec eux les meilleurs souvenirs».

Lundi, les autorités locales de la ville d’Al Hoceima ont annoncé l’interdiction de la marche du 20 juillet, affirmant que l’appel en faveur de cet évènement «n’a pas respecté les procédures en vigueur» et que «les autorités administratives locales n’ont reçu aucune déclaration à ce sujet». La wilaya a aussi estimé que la marche, et «après avoir évalué ses circonstances, impacterait le droit de la population locale à un environnement sécurisé, notamment par rapport à la coïncidence de cette marche avec la saison estivale».