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Hirak : Cinq présidents de communes du Rif claquent la porte suite aux violents affrontements

Cinq élus issus de l’USFP, du PAM et du Parti de l’Istiqlal ont présenté mercredi une démission collective adressée à Farid Chourak, fraîchement nommé par le roi Mohammed VI en tant que gouverneur de la province d'Al Hoceima. Une décision qu'ils justifient par l’intervention musclée des forces de l’ordre le jour de l’Aïd.

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Les forces de l'ordre face aux manifestants à Al Hoceima lors d'une manifestation. / Ph. DR
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Nouveau rebondissement après les violences qui ont éclaté lundi à Al Hoceima et sa région. Cinq présidents de communes du Rif ont présenté hier une démission collective au gouverneur de la province, en guise de protestation contre l’intervention musclée des forces de l’ordre lors des affrontements ayant opposé manifestants et policiers.

Il s’agit d’El Makki Hannoudi, président USFP de la commune rurale de Louta et de Rochdi Ziyani, président de Bni Hadifa, du Parti de l’Istiqlal. Les PAMistes Abid Aknibess de la commune de Rouadi, Abdelhamid Khammari (cercle de Bni Ouriaghel) et Omar Noureddine (Imrabten) figurent aussi parmi les signataires, selon le document adressé à Farid Chourak, fraîchement nommé par le roi Mohammed VI en tant que gouverneur de la province d’Al Hoceima.

Dans leur lettre, les désormais cinq ex-présidents de communes expliquent que leur démission collective intervient suite à la «situation et la crise de la région, après que les autorités locales ont rompu tout dialogue et consultation, et en guise de protestation contre l'usage répété et les abus continus et excessifs de la force, et l’approche sécuritaire pure et dure face aux demandes et revendications de la population».

«Depuis le début des protestations sociales dans la province d’Al Hoceima, dont le monde a témoigné le caractère pacifique et auxquelles le roi a confirmé une légitimité, nous avons insisté sur la nécessité d’un dialogue ouvert à tout le monde qui vise à concrétiser les revendications légitimes de la population et leur mise en œuvre. Or, le choix d’une approche sécuritaire pour répondre aux manifestations pacifiques et l’arrestation de dizaines de jeunes issus des communes que nous présidons nous placent dans une situation délicate à l’égard des familles et de la population locale.»

Aveu d’échec

Dans leur lettre, les élus locaux reconnaissent également leur échec à calmer les esprits et à mettre fin à «la grogne sociale et aux manifestations fréquentes de la population de la province durant les huit derniers mois, qui appelle à la mise en œuvre de revendications sociales et économiques justes et légitimes». Ils soulignent également leur «ras-le-bol», notamment suite à «l’intervention des forces de l’ordre le jour de l’Aïd pour réprimer les manifestations pacifiques et interdire les sit-in des familles des détenus, en ayant recours à la force excessive et en appliquant des mesures exceptionnelles qui ont empêché les habitants de la province de rendre visite à leurs proches, sans raisons ou explications valables».

Cette démission collective fait suite à un appel lancé mardi par El Makki Hannoudi à l’attention de l’ensemble des présidents de communes relevant de la province d’Al Hoceima. Dans un statut partagé sur sa page Facebook et repris par nos confrères de Lakome, El Makki Hannoudi estimait que «le Makhzen intente des crimes atroces contre notre peuple dans le Rif, au vu et au su de tout le monde, et en dépit de la simplicité et de l'équité des revendications reconnues comme telles par le roi».

Lundi, Al Hoceima a connu de violents affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre. Si les autorités locales ont affirmé que près de 40 agents des forces de l'ordre ont essuyé des blessures, le nombre de blessés du côté des manifestants demeure toujours inconnu. De plus, une quarantaine d’enfants ont été transférés à l’hôpital Mohammed V d’Al Hoceima suite à l’utilisation de gaz lacrymogène lors de l’intervention des forces de l’ordre, selon des témoins oculaires. Enfin, près de cinquante manifestants ont été interpellés par les autorités locales.

Dimanche, le roi Mohammed VI a exprimé sa colère et sa déception lors du conseil des ministres à propos du retard du projet «Al Hoceima, phare de la Méditerranée».