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Violences politiques et terrorisme : Le Maroc, pays à risque «moyen» [Rapport]

Dans un climat où la menace terroriste pèse sur le monde et compte tenu des nombreux démantèlements de cellules terroristes enregistrés au Maroc notamment, la multinationale britannique, AON, spécialisée dans la gestion des risques, publie un rapport qui ne rassure guère quant à l’avenir. Les risques politiques, également évalués dans cette étude, enregistrent de tristes records. Détails.

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Le Maroc figure parmi les pays à risque politique et terroriste «moyens». /Ph. AON
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La montée du populisme et l’augmentation des actes terroristes, les causes principales d’un constat alarmant quant aux économies émergentes mondiales. C’est ce qu’affirme le dernier rapport d’AON, entreprise multinationale spécialisée dans la gestion des risques, publié la semaine dernière et destiné aux entreprises et aux investisseurs mondiaux.

Pour la 20ème année, le courtier britannique, associé aux cabinets Roubini Global Economics et The Risk Advisory Group, expose son analyse poussée portant sur les risques politiques et les risques de terrorisme dans le monde. L’étude a permis d’évaluer, selon différents facteurs, ces deux risques dans 163 pays en 2016, et de résumer le résultat en deux cartes distinctes : «la carte de risque politique 2017» et «la carte de risque terrorisme et de la violence politique 2017».

Pour la première, elle «se concentre principalement sur les risques économiques et fiscaux, en particulier dans les économies émergentes, tandis que la carte de terrorisme et de violence politique considère des problèmes tels que l'agitation civile et la guerre et a une portée mondiale», expliquent les auteurs de l’étude. Les résultats s’attellent sur le fait que les risques de terrorisme et de violences politiques sont plus élevés que jamais. Un constat qui traduit de ce fait des dommages humains, économiques et matériels et qui affecte donc les investisseurs, les entreprises et les gouvernements au niveau international.

AON, spécialisée également dans le courtage d'assurance et le conseil en ressources humaines, ne lésine pas sur les mots et appelle les entreprises à «devoir faire face à des conséquences économiques importantes à court, moyen et long terme». Elle attire aussi l’attention des entreprises sur la nécessité de se parer de bonnes couvertures au sens large.

Le Maroc, un pays à risque politique «moyen»

Sur les 163 pays que présente le rapport, le pays le plus exposé aux risques politiques est le Chili tandis que le pays le plus résistant est le Brésil. Sur ce volet, AON classe les pays selon six niveaux de risque, des Etats où ce risque est plus sévère à ceux où les risques politiques sont plus faibles.

Le Maroc est observé par les auteurs du rapport comme étant un pays à risque politique «moyen». Le document présente les trois sortes de risques qui menaceraient le pays : les violences politiques (grèves, émeutes, agitation civile…), risque de non-paiement des prêts accordés à l’Etat ainsi que la perturbation de la chaîne d'approvisionnement (perturbation du flux de biens et/ou de services). Due essentiellement à sa stabilité politique et économique, cette conclusion conforte le royaume dans la sûreté de son territoire. Et ceci bien que ses pays voisins et également de la même région, ne se portent pas mieux. Une région qui englobe entre autres l’Algérie, l’Egypte, l’Iran ou encore la Turquie.

A titre d’exemple, l’Algérie et l’Egypte sont observées dans la catégorie des pays à «haut risque moyen». Dans la même lignée, la Libye et l’Irak figurent dans la liste des pays à «très haut» risque politique. La Syrie et le Soudan sont, quant à eux, considérés comme des zones difficiles pour les investissements en raison des diverses questions politiques.

La région MENA continue donc d'avoir les économies les plus risquées dans le monde en raison des conflits en cours. Selon le rapport de l’entreprise britannique, cette région a les indicateurs de risque les plus élevés avec des niveaux élevés de violence politique et une foule de pays politiquement fragiles à l'instar de la Tunisie. En d'autres termes, les pays à risque élevé sont principalement situés en Afrique et au Moyen-Orient.

Le Maroc, un pays à risque terroriste «moyen» aussi

Concernant les risques terroristes et les violences dites politiques, le rapport a mis en exergue cinq niveaux, du risque le plus sévère au plus négligeable et ce pour les 163 pays étudiés. Ainsi, trois typologies d’actes différents ont permis le tri et la composition de chaque groupe.

Pour ces risques, le Maroc est classé comme un pays à risque «moyen». Cedi-dit, le pays fait face à un risque d’attentat terroriste et de sabotage mais aussi un risque d’émeutes, d’agitation sociale et de mouvements populaires, tel que son voisin régional tunisien.

Cependant, toujours dans la région MENA, cinq pays ont un risque accru et sont, selon les auteurs, les pays à «plus fort» risque terroriste : la Syrie, le Yémen, la Libye, la Turquie et l’Iraq. Un risque élevé compte tenu de l’instabilité politique dans ces territoires et des guerres civiles qui embrasent ces Etats.

Le royaume du Maroc reste donc un pari sûr tant par la stabilité politique qu’économique. Un point fort notamment pour les investisseurs étrangers. Le royaume a montré des résultats rassurants en raison des circonstances politiques et sécuritaires que la région rencontre. Pour le pays, les conclusions sont très rassurantes car il figure aux côtés de l'Arabie saoudite, de l'Afrique du Sud et de l'Inde dans la carte de risque politique. Il est également dans la même position en ce qui concerne la carte du terrorisme et de la violence politique, telles que des économies fortes comme les États-Unis, l'Allemagne, la France et l'Iran.

Bien sûr, les événements mondiaux de 2016 ont renforcé l'impression que les dynamiques changeantes autour du terrorisme et de la violence politique présentent un défi croissant et confirment la dégradation du climat géopolitique mondial. D’ailleurs, le rapport note que les attentats terroristes qui ont été perpétrés dans les pays occidentaux (en hausse de 174% en un an, avec 96 événements répertoriés) représentent 3% de l’ensemble des attentats dans le monde. A l’échelle mondiale, ces attentats ont augmenté de 14%, pour s’établir à 4 151. Du côté des cibles, les compagnies pétrolières et gazières restent des entreprises particulièrement exposées au risque (41% d’entre elles en ont été victimes en 2016). Enfin, même si les pays les plus riches du Conseil de coopération du Golfe (GCC) demeurent plus résistants aux chocs politiques, leur vulnérabilité économique reste une réalité.