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Interdit de quitter sa «prison», Mustapha Salma fustige l’Algérie, la Mauritanie et le Maroc

Depuis son expulsion vers la Mauritanie en 2010, l’ex-leader du Front Polisario Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud n’a cessé d’exhorter les autorités algériennes, mauritaniennes, marocaines et celles du Polisario à lui permettre de se réunir à nouveau avec les membres de sa famille.

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Le réfugié politique Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud est en Mauritanie depuis 2010. / Ph. Facebook
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«Il n’y a pas de nouveau rebondissement dans le cadre de mon affaire au moment où l’Algérie refuse toujours de me permettre de me rendre chez ma famille à Tindouf». Ce sont les propos de Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud, l’ancien leader du Front Polisario expulsé en 2010 vers la Mauritanie où il réside toujours. Dans une déclaration accordée à Yabiladi, il fustige d’abord les autorités mauritaniennes, qui refusent de lui accorder le droit au regroupement familial sur ses terres au moment où aucune solution n'est donnée pour trouver un troisième pays pour accueillir cet ancien membre de la direction de Rabouni et sa famille.

Celui qui avait publiquement soutenu le Plan d’autonomie proposé par le Maroc à ses provinces du Sud nous confie que le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) est également responsable de sa situation puisqu’il n’a fait que «se désengager de ses responsabilités» vis-à-vis de ce réfugié politique.

«Detenu» dans un prison à ciel ouvert en Mauritanie et «lâché» par le HCR

Rappelant qu’il est arrivé aux camps de Tindouf fin 1979, où il avait grandi avant de fonder une famille, Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud souligne qu’il ne dispose aujourd’hui d’aucun document administratif. A la base, les seuls documents d’Etat civil dont il disposait provenaient de la direction des camps situés au sud-ouest de l’Algérie. Il avait expliqué, dans un statut sur Facebook, les raisons qui l’ont empêché de frapper à la porte des autorités marocaines. «Je n’avais pas frappé à la porte des autorités marocaines, non pas par rejet, ni haine, ni position politique ou attitude volontaire, mais pour la simple raison que je réside actuellement en Mauritanie et que je ne peux pas la quitter vu que je ne dispose d’aucun document me permettant de voyager», avait-il écrit. Une situation qui a changé depuis, puisqu'il estime qu'il n'a pas laissé «une seule porte sans la toquer mais sans aucune réponse».

Son séjour «forcé» en Mauritanie voisine ne lui permet que de circuler librement à l’intérieur du pays. Ses visites dans le nord du pays sont souvent marquées par la nostalgie mais surtout des sentiments d’injustice et d’impuissance.

«Souvent, au nord de la Mauritanie, je m’arrête à quelques kilomètres de Mehaires, ma terre natale et celle de mes grands-parents que je peux voir sans pouvoir m’y rendre. Elle est proche de mon cœur même si la distance me séparant d’elle avoisine les 15 kilomètres. Ceux qui l’ont occupé (les éléments du Front Polisario, ndlr) l’ont rendu encore plus distante après mon expulsion. L’ironie fait qu’ils les appellent aujourd'hui les "terres libérées". Quelle libération s’ils la libèrent de ses propres propriétaires ?»

Des visites familiales sans droit de résidence

Cela fait presque sept ans que Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud est en quelque sorte un prisonnier en terre mauritanienne. Il ne peut pas quitter le pays vers le Maroc en l’absence de document de voyage mais il ne peut pas non plus retourner dans les camps ou dans les zones contrôlées par le Polisario, sa vie étant menacée à Tindouf.

Aujourd’hui, il nous déclare que l’ensemble des diplomates étrangers à Nouakchott sont au courant de son dossier, «y compris l’ambassade du Maroc que j’ai contactée par lettre leur demandant d’intervenir pour mettre fin à ma souffrance et celle de ma famille». Un courrier resté sans réponse, nous dit-il.

Mais le Polisario autorisera-t-il la famille de Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud de quitter les camps si l’ancien leader arrive à disposer de l’accord d’un pays pour les accueillir ? «Le Front Polisario sont les premiers à espérer que ma famille quitte les camps pour l’embarras que cette question leur a causé», nous répond-t-il.

Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud lors de sa grève de la faim / Archive - DRMustapha Salma Ould Sidi Mouloud lors de sa grève de la faim / Archive - DR

L’occasion pour lui de nous rappeler que la Finlande avait accepté en 2011 de l’accueillir suite à une intervention du HCR. Une offre qu’il a évidemment déclinée «puisqu’elle n’incluait pas les membres de [sa] famille». Une première et dernière offre proposée par l’institution onusienne qui n’aurait plus fait d’autres propositions au réfugié politique.

Bien que la Mauritanie permette à sa famille de le voir dans le cadre du programme de visites familiales, sa femme et ses enfants ne peuvent pas résider de façon permanente sur sol mauritanien.

«Je suis autorisé à la voir exactement comme un prisonnier à qui on accorde un droit à être visité par ses proches.»

Sa famille ne fait pas l’objet de harcèlement direct de la part des dirigeants du Polisario. Toutefois, «la pression psychologique sur mes enfants est tellement grande qu’ils n’arrivent pas à comprendre pourquoi on n’autorise pas leur père de vivre à leurs côtés», conclut-il.