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Interdiction de la «burka» : Un spécialiste des mouvements islamistes déclaré «apostat» et «menacé de mort»

Pour avoir exprimé son opposition à la «burka», preuves religieuses à l'appui, Driss El Ganbouri, spécialiste des mouvements islamistes, est déclaré «apostat» et «menacé de mort» sur la page Facebook du salafiste Hassan El Kettani.

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Le chercheur spécialisé en mouvements islamistes Driss El Ganbouri. / Ph. Stéphanie Trouillard, France 24
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La polémique sur l’interdiction de la «burka» par le ministère de l’Intérieur continue d’enfler. Des islamistes, de différentes tendances, contestent la mesure. Des dérapages sont d’ailleurs parfois recensés. En témoigne les menaces de mort proférées contre Driss El Ganbouri, spécialiste des mouvements islamistes, sur la page Facebook de Hassan El Kettani, un ancien détenu pour son implication dans les attentats du 16 mai 2003, gracié en 2012. Des menaces accompagnées par son excommunication de la communauté des musulmans.

Dans des déclarations à la presse, El Ganbouri avait accusé les meneurs de la campagne contre la décision du département de Mohamed Hassad de vouloir «induire en erreur l’opinion publique en faisant délibérément l’amalgame entre le ‘hijab’ et la ‘burka’ alors qu’ils connaissent parfaitement la différence entre les deux».

Al Albani, le père spirituel des salafistes» n’a pas tranché

L’auteur du livre «Zaman Al Khaouf» («Le Temps de la peur»), entre autres, estime que les oulémas musulmans ne sont pas unanimes sur l’imposition du voile intégral aux femmes. Pour appuyer ses propos, il a cité des passages du livre «Le djellaba de la femme musulmane» du cheikh Al Albani - que les salafistes considèrent à juste titre comme leur père spirituel - dans lequel il a conclu que le «niqab n’est pas une obligation». Sans nul doute, ces positions ont été à l’origine des appels visant à porter atteinte à l’intégrité physique d’El Ganbouri.

«Me déclarer apostat est une menace directe contre ma personne. C’est une incitation, directe ou indirecte, à la violence. Ma position sur la ‘burka’ est une conviction personnelle, fruit d’une lecture approfondie des livres de grands oulémas musulmans, tels Al Albani. Malheureusement, la débat a dévié de la science vers des attaques personnelles», a-t-il confié à Yabiladi.

Cette nouvelle affaire intervient quelques jours après la tenue, à Rabat, d’une conférence autorisée par les services de la wilaya de la capitale sur la «burka», animée par Hassan El Kettani. Un rendez-vous qui a connu la participation de plusieurs membres d’Al Adl wal Ihssane. Al Jamaâ s’est inscrite en faux contre l’interdiction du voile intégral tout simplement parce que celle-ci émane du ministère de l’Intérieur.

Ces menaces de mort proférées contre El Ganbouri sur les réseaux sociaux pourraient évoluer vers une intervention de la justice.