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BFMTV : Le journaliste Rachid M’Barki licencié pour soupçons d’ingérence

Après les révélations de liens entre des intermédiaires d’agences de désinformation en Israël et le journaliste animateur Rachid M’Barki, ce dernier a été licencié par BFMTV, qui a porté plainte contre X pour corruption passive et abus de confiance.

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Le journaliste Rachid M'barki / DR.
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Le journaliste franco-marocain Rachid M’Barki a été licencié, sur décision de la direction de BFMTV qui a mis fin à son contrat de travail, le 21 février 2023. La chaîne d’information a annoncé cette mesure, jeudi, à la suite des soupçons d’ingérence qui pèsent sur l’ex-présentateur du Journal de la nuit. Son média lui reproche notamment d’avoir mis à l’antenne des contenus sans validation préalable.

Le nom de Rachid M’Barki a été révélé dans le cadre d’une enquête de Forbidden Stories, pour ses liens avec un informateur en contact avec une agence de désinformation domiciliée en Israël. Depuis le 11 janvier dernier, il a été suspendu d’antenne, tandis qu’un audit interne a été lancé. Par ailleurs, BFMTV a porté plainte contre X pour «corruption passive et abus de confiance».

Dans un mail interne cité par Le Parisien, le directeur de la chaîne, Marc-Olivier Fogiel, a rappelé avoir été alerté par Radio France, membre du consortium Forbidden Stories, concernant des «agissements» suspects de Rachid M’Barki. Le responsable écrit que les investigations ont permis d’«identifier plusieurs séquences, entre 2021 et 2022, qui ont été diffusées sans respect des process de validation et de la ligne éditoriale». Les contenus concernent des thèmes liés à la Russie, au Qatar, au Maroc et au Soudan, entre autres.

Des soupçons de rétribution en liquide

Pour une meilleure transparence sur la validation préalable des contenus prêts à diffuser, la direction de BFMTV compte renforcer «ses contrôles». L’idée est ainsi d’assurer «une meilleure sécurisation des processus d’intégration de contenus», selon son directeur. «Ce cas isolé ne reflète en rien le travail exceptionnel et rigoureux exercé (…) par les 250 journalistes de BFMTV», a écrit Marc-Olivier Fogiel en annonçant le licenciement, tout en insistant par ailleurs sur son soutien à sa rédaction.

Pour sa part, Rachid M’Barki a jusqu’ici réfuté toute allégation d’ingérence. Cependant, il a précédemment reconnu un «entrisme» et une éventuelle «erreur de jugement journalistique» à son niveau, pour «rendre service à un ami». Dans ce sens, il a désigné Jean-Pierre Duthion comme étant son informateur et sa source des contenus incriminés, lesquels se retrouvent sur la plateforme israélienne pointée par l’enquête de Forbidden Stories.

Jusqu’ici également, le journaliste reconnaît ses liens avec Duthion, sans indiquer s’il a été en connaissance ou non des rapports de ce dernier avec l’agence. Figure historique de BFMTV depuis le lancement de la chaîne en 2005, Rachid M’Barki nie par ailleurs sa rétribution en échange de la diffusion des séquences à l’antenne. Dans le même sens, il a qualifié les soupçons d’ingérence étrangère de «fantasme».

Selon l’enquête de Forbidden Stories, Jean-Pierre Duthion, en contact avec plusieurs journalistes, aurait payé ces derniers en liquide, ce qu’il réfute lui-même. Dans un témoignage retenu par l’investigation journalistique, l’homme aurait proposé ses services à d’autres membres de la rédaction de BFMTV, qui n’auraient pas donné de suites.