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L'Algérie sort le chéquier pour concurrencer les initiatives du Maroc en Afrique

Les annonces des dons royaux de phosphates au Gabon ont ainsi été suivies par une mobilisation en Algérie, qui a annoncé la mobilisation d’un milliard de dollars pour des projets en Afrique et a mandaté ses médias pour critiquer la «diplomatie des phosphates» du royaume.

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Le président algérien Abdelmadjid Tebboune. / Ph. Bilal Bensalem – NuroPhoto-Picture Alliance
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La semaine dernière, le roi Mohammed VI a eu des entretiens à Libreville avec le président du Gabon, Ali Bongo Ondimba. Le même jour, le souverain a procédé à la remise d’un don de 2 000 tonnes de fertilisants en présence d’Ali Bongo. Une «action de solidarité s’inscrit dans le cadre de la sollicitude du Royaume du Maroc à l’égard des agriculteurs gabonais, notamment dans le contexte actuel, marqué par la crise alimentaire mondiale et les difficultés d’approvisionnement en engrais».

L’Algérie n’a pas attendu longtemps pour répondre à cette initiative. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a ainsi annoncé, dimanche, que son pays compte «financer des projets de développement en Afrique». 

Un milliard de dollars soutenir le développement en Afrique

Pour ce faire, l’Algérie mobilisera un milliard de dollars par l'intermédiaire de l'Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement, un organisme gouvernemental créé en 2020, rapporte Al Arabiya. La décision a été annoncée en grande pompe, dans une allocution du président algérien, lue en son nom par le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane, qui a représenté l'Algérie au 36e Sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'Union africaine (18-19 février à Addis-Abeba).

«J'ai décidé d’injecter un montant d'un milliard de dollars américains en faveur de l'Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement pour financer des projets de développement dans les pays africains, en particulier ceux à caractère intégré ou ceux qui contribueraient à faire avancer le développement sur le continent», a annonce Tebboune dans son discours. Le président algérien a expliqué que cette étape reflète «la conviction de l'Algérie que la sécurité et la stabilité en Afrique sont liées au développement», ajoutant que l'agence engagera les procédures de mise en œuvre de cette initiative stratégique, en coordination avec les pays africains souhaitant en bénéficier.

Si le timing de l’annonce algérienne reste discutable, les médias algériens se sont intéressés pour leur part au don royal aux agriculteurs gabonais, en tentant le contextualiser à leur manière. Certains, dont Echorouk qui est proche du pouvoir, ont même tenté de l’expliquer en évoquant la CAN 2025.

«Le Makhzen a enfin senti que ses chances d'accueillir la Coupe d'Afrique des Nations 2025 s'amenuisent», écrit lundi le journal algérien, qui ajoute que le Maroc utilise «la carte des phosphate dans l'espoir de se rattraper face à l'accélération des événements qui se sont déroulés contrairement à ses ambitions». L’occasion d’évoquer à cet égard «le grand succès enregistré par l'Algérie en matière d'organisation de la dernière édition du Championnat d'Afrique pour les joueurs locaux» (CHAN).

La nouvelle tournée du roi en Afrique inquiète-t-elle l’Algérie ?

Le média, qui reconnaît que la course maroco-algérienne pour l'organisation de la CAN 2025 «n'est plus un dossier purement sportif mais un enjeu aux dimensions politiques et régionales très complexes», avance par ailleurs que le déplacement du roi dans les pays d'Afrique de l'Ouest «intervient après que la course pour l'organisation de la Coupe d'Afrique 2025 est entrée dans ses étapes décisives entre les pays en lice».

S’il vante à nouveau du «spectacle fulgurant dont a fait preuve l'Algérie» lors de son organisation de la dernière édition du CHAN, le journal ne rate pas l’occasion pour glisser quelques fake news sur le dossier marocain et le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF). «Ce qui a encore fragilisé le dossier marocain sont les erreurs commises par le président de sa fédération de football, Fouzi Lekjaa, qui a mis le Maroc en confrontation avec la Confédération africaine de football et son président sud-africain, Patrice Motsepe». Le journal prédit même «des sanctions sévères des institutions de la CAF» après le boycott du Maroc de la dernière édition du CHAN.

Pour Echorouk, c’est «le Makhzen» qui a été «le premier à annoncer l'activation de ses cartes politiques pour servir sa course effrénée avec l'Algérie» pour organiser la CAN 2025. «Fin novembre dernier, le roi du Maroc a envoyé quatre ministres dans plusieurs pays africains, espérant convaincre leurs représentants dans l’instance continentale de football pour de voter en faveur du dossier marocain», conclut-il.

L’argument d’une tournée royale «motivée» par la volonté d’organiser la CAN reste absurde, lorsqu’on sait que le Maroc entretient déjà de relations diplomatiques solides avec les pays d’Afrique de l’Ouest. Quant aux émissaires du souverain, ils ont été dépêchés dans plusieurs pays africains et non seulement ceux de cette zone en Afrique. Les messages du souverain avaient notamment été envoyés aux présidents somalien, djiboutien, comorien, botswanais, malien, mauritanien et congolais.