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Mauritanie : Taxés d’être Pro-Maroc, les journalistes répondent à l’ambassade d'Algérie

Des journalistes mauritaniens ont dénoncé un communiqué récent de l'ambassade d'Algérie à Nouakchott, dans laquelle la représentation diplomatique accuse les médias d’être à la «solde d’un Etat ennemi» et critique des «mercenaires de la plume (qui) n'ont ni crédibilité ni influence sur l'opinion publique».

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Photo d'illustration. / DR
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Quelques jours seulement après le communiqué de l’ambassade de l’Algérie à Nouakchott, accusant des médias mauritaniens d’être à la «solde d’un Etat ennemi», les journalistes mauritaniens ont critiqué, cette semaine, des tentatives visant à leur «imposer une tutelle». Dans un communiqué, les journalistes mauritaniens ont pointé une tentative manifeste de l'ambassade d'Algérie d'«impliquer Nouakchott dans des conflits imaginaires».

Ils ont mis en garde contre un «stratagème algérien» qui a commencé «avec la presse» et qui risque d’inclure «des responsables et peut-être des ministres». Ils ont souligné que ce qui a été émis par l'ambassade d'Algérie à Nouakchott est un «comportement doit être rejeté et y mettre un terme afin que ça ne se répète pas». Les signataires du communiqué se sont étonnés du «manque de respect» de l'ambassade d'Algérie envers la Mauritanie et de ses «ordres» adressés aux autorités mauritaniennes. Ils ont décrit le communiqué comme «l'un des plus stupides de l'histoire de la diplomatie».

«Il est clair que l'Algérie, qui est sous l'emprise des généraux de l'armée depuis des décennies, ne comprend pas que la Mauritanie lui soit supérieure en matière de liberté de la presse, des médias, de liberté d'expression, de respect des opinions. Ces sont des choses qui ne s'achètent pas, mais plutôt s'acquièrent, et les Mauritaniens les ont gagnées grâce à la longue lutte de leur presse contre l'oppression, l'autoritarisme, la dictature, la soumission et l’emprisonnement.»

Journalistes mauritaniens

L'Algérie et son ambassade pointées du doigt

Le communiqué assure que les journalistes de la Mauritanie «respectent l’Algérie et aiment son peuple», réitérant les «liens de sang et de parenté, l'histoire et le destin commun» entre les deux pays. «Cependant, l'histoire est pleine de coups de poignard dirigés contre nous par ses dirigeants, militaires et organisations transsahariennes», dénoncent-ils.

Le communiqué de l’ambassade d’Algérie à Nouakchott a également fait réagir d’autres intellectuels mauritaniens. Ainsi, le chercheur mauritanien El Hassan Ouald Madik a adressé une lettre à l’ambassade d’Algérie, l’interrogeant si les autorités algériennes pensent que la Mauritanie serait une «province algérienne ou une extension des camps séparatistes sahraouis de Lahmada et Tindouf». Il y a appelé l’Algérie à «tirer les leçons de l’Ambassade du Maroc à Nouakchott, qui n’a pas une seule fois critiqué la presse mauritanienne, ni publié de communiqué critiquant la position des politiciens ou des journalistes, ni la visite qu’ils font dans les camps séparatistes de Tindouf».

«L’Ambassade du Maroc a toujours ses portes ouvertes et accorde même des visas aux Mauritaniens qui avaient déclaré leur hostilité à l’intégrité territoriale», a-t-il conclu.

A noter que ce n'est pas la première fois que l'ambassade d'Algérie tente d'orienter les médias mauritaniens pour servir les intérêts de l'Algérie. En 2015, les autorités mauritaniennes avaient expulsé le premier conseiller à l'ambassade d'Algérie, l’accusant d'être à l'origine de la publication d'un article portant atteinte aux relations entre la Mauritanie et le Maroc.

Depuis l'arrivée au pouvoir de Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, la Mauritanie tente de garder la même distance entre le Maroc et l'Algérie, contrairement règne de l'ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui préférait une approche politique plus ouverte à l'Algérie.