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Mondial 2022 : Après le black-out sur le Maroc, les médias d’Algérie attaquent le Cameroun

Dans leur couverture à géométrie variable du Mondial 2022 de football, tenu au Qatar, les médias en Algérie ne se sont pas contentés de passer sous silence les exploits historiques du Maroc. Ils s’en sont pris également au Cameroun, disqualifié vendredi dernier face au Brésil, tout en occultant l’arbitrage mené ce jour-là par un binational marocain.

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Photo d'illustration / Ph. Icon Sport
Temps de lecture: 3'

En Algérie, les médias semblent presque se féliciter de la défaite du Cameroun, vendredi dernier face au Brésil (0-1), dans le cadre du Mondial 2022 de football, qui se tient en ce moment au Qatar. Les Lions indomptables ne sont pas sortis bredouille du match, à la suite du but de Vincent Aboubakar lors de la deuxième minute du temps additionnel (92’), ce qui n’a cependant pas suffi pour que l’équipe se qualifie en huitièmes de finale. Pour autant, nombre de médias internationaux ont salué la prestation de la sélection camerounaise, qui sort ainsi de la compétition «la tête haute avec une victoire de prestige contre le Brésil», selon la chaîne d’information France24.

En Afrique, de nombreux supporters de différents pays expriment leur soutien aux équipes du continent, à chaque approche de match. Le cas a été pour le Cameroun vendredi, le Sénégal dimanche, ou encore le Maroc, seul pays africain encore en lice, et qui affrontera l’Espagne, mardi 6 décembre. Au Maroc, la défaite du Cameroun a été traitée aussi en mettant en avant le jeu digne et combatif de la sélection. «Avec cet exploit, le Cameroun aura terminé son Mondial 2022 sur une très belle note», mais «une grosse déception : ne pas se qualifier», a écrit L’Opinion, le lendemain du duel.

Une défaite «prévue» pour les médias en Algérie

Cependant, les médias en Algérie continuent de se démarquer par leur traitement négativement sélectif de la grand-messe footballistique. Selon Echourouk, les Lions indomptables seraient «revenus dans la jungle sans pois chiches ni haricots». Pour le site du quotidien algérien, cette défaite était même «prévue».

En plus d'occulter la combativité des joueurs camerounais, lors de ce match qui a tenu en haleine les supporters des deux sélections, le traitement consacré à cette rencontre a été une nouvelle occasion pour Echourouk de passer sous silence toute présence du Maroc, à commencer par l’identité de l’arbitre central, qui a été ce jour-là le maroco-américain Ismail Al Fath. Le journal s’est seulement contenté d’indiquer, de manière laconique, que l’arbitrage a été mené par un trio des Etats-Unis d’Amérique.

«A signaler d’abord que l’arbitre de la rencontre est Marocain et Casablancais avant devenir Américain», a noté samedi L’Opinion. «Ismail Al Fath est né au quartier Ifriqiya, a grandi à Casablanca où sa famille réside encore. Il a eu son bac au lycée technique Jabir Ibn Hayane, avant de s’expatrier aux Etats Unis», grâce à la loterie de visa de diversité américaine. Naturalisé au pays de l’Once Sam, il est désormais «l’arbitre numéro un» là-bas, ajoute-t-on.

L’écar se creuse entre les médias et les supporters algériens

Le traitement des médias proches du sérail algérien contraste considérablement avec celui des autres pays d’Afrique et notamment des pays arabes, à l’image de l’Egypte, où les commentateurs ont relayé volontiers le ressenti et les retours des supporters des sélections continentales, depuis le début de la Coupe du monde. Cette couverture a d’ailleurs consacré un large espace aux victoires de la sélection du Maroc, comme celles du Sénégal et du Cameroun, avant leur disqualification. Nombre de reportages mentionnent, également, que les Lions de l’Atlas restent désormais le seul représentant de l’Afrique et de la région arabe en huitièmes.

La désinformation par les médias algériens a été tellement inédite, que des télévisions internationales ont abondemment mentionné, la semaine dernière, le black-out volontaire des supports en Algérie, face à la percée historiques des Lions de l’Atlas, notamment Al Hurra aux Etats-Unis.

Ce passage sous silence contraste également avec la joie partagée par les supporters algériens, avec leurs homologues marocains. «Les Marocains sont nos frères, ils nous ont soutenus pendant la Coupe d’Afrique des nations (CAN) et même lors des éliminatoires du Mondial ; ils suivaient toutes nos rencontres comme si c’était leur équipe. Pourquoi ne pas les soutenir maintenant ?», a déclaré l’un des supporters algériens. Dans les médias du pays, les préparatifs et les pronostics majoritairement pro-marocains des aficionados en Algérie pour le match Maroc-Espagne restent absents des manchettes.