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UNESCO : L'Algérie soumet un nouveau dossier à l'UNESCO pour le raï

L'Algérie a finalement soumis toute seule un dossier à l'UNESCO pour classer le raï sur la liste du patrimoine immatériel de l'humanité. En 2020, le voisin de l’Est avait retiré un dossier similaire, laissant planer un doute sur une éventuelle candidature avec le Maroc.

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Photo d'illustration. / DR
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Présidé par le Maroc, le Comité du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO examine, cette semaine à Rabat, 56 demandes d’inscription aux listes du patrimoine immatériel de l'humanité. Certains dossiers nécessitent même une sauvegarde urgente. Parmi les dossiers, l’instance internationale se penchera sur le cas du Raï, après que l’Algérie a déposé un nouveau dossier et ce, malgré le fait que le genre musical soit présent également au Maroc.

Dans son dossier, l'Algérie explique que le raï est «pratiqué essentiellement dans l'ouest algérien considéré comme son berceau, notamment dans les wilayas (départements) d'Oran, d'Ain Temouchent, de Sidi Bel Abbes et de Saida». «A l’origine, il était pratiqué au milieu des populations paysannes et de pasteurs nomades des Hautes Plaines steppiques et de l’Atlas Saharien à l’ouest du pays, depuis l’indépendance en 1962, par des populations urbaines augmentées par l’exode rural contemporain», ajoute-t-on dans le dossier. Et d'affirmer que le raï «s'est imposé au niveau international grâce à la communauté algérienne installée à l'étranger, principalement en France».

Dans une déclaration relayée par l’AFP, l'ambassadeur du Maroc auprès de l’UNESCO, Samir Addahre a regretté de «ne pas avoir pu présenter un dossier commun» avec l'Algérie pour le raï. Le diplomate a évoqué comme raison «la rupture des relations diplomatiques» entre les deux voisins en déclarant espérer d'autres candidatures communes «quand les circonstances s'amélioreront un jour».

Le raï ne sera pas intégré sur la liste du patrimoine immatériel de l'humanité comme musique mais plutôt comme «tradition entourant ce genre musical», explique-t-on auprès de l’UNESCO.

Un dossier déposé en 2016 mais retiré en 2020

L'Algérie avait précédemment déposé un dossier similaire, en 2016, pour classer le raï en tant que patrimoine immatériel algérien, avant de revenir sur sa décision. En effet, le voisin de l’Est a décidé, en 2020, de retirer le dossier, ce que son ministère de la Culture avait expliqué par l'existence de manquement dans les éléments constitutifs du dossier déposé «ce qui fragilise les chances de son succès» et la «volonté de soutenir la demande avec de nouveaux éléments».

Une décision dénoncée, à l’époque, par la presse algérienne, y compris les médias proches du pouvoir, à l’instar du journal Echourouk qui avait même évoqué «une guerre froide» avec le Maroc sur le raï et avait fait un rapprochement entre un éventuel dépôt de dossier par le Maroc, bien que non envisagé actuellement, et le fait que le père de la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, soit un conseiller du roi Mohammed VI. Le ministère de la Culture avait alors affirmé que l'affaire n'avait rien à voir avec le Maroc et que «le retrait du dossier du raï était purement technique», notant que «le Comité du patrimoine de l'UNESCO n'était pas convaincu de ses composantes».

En 2016, l'ancien ministre algérien de la Culture, Azzedine Mihoubi avait toutefois accusé le Maroc, sans le nommer, de tentatives pour revendiquer la parenté du raï. Le responsable avait alors critiqué les efforts de certains pays de présenter cet art musical comme étant leur patrimoine national.

Certains responsables algériens avaient aussi estimé qu’avec l’obtention de la nationalité marocaine par un certain nombre de célèbres chanteurs de raï algériens, le royaume tenterait de les «mobiliser» afin de classer le raï en tant que patrimoine marocain auprès de l'UNESCO.

Il est à noter que la ville d’Oujda accueille le plus grand festival raï de la région alors que cet art reste très répandu au Maroc, notamment dans l’Oriental. A rappeler aussi que l'organisation onusienne avait enregistré le plat de couscous comme patrimoine maghrébin, après un dossier conjoint déposé par le Maroc, l'Algérie, la Mauritanie et la Tunisie en 2020.